Le foot professionnel est déchiré entre "gros" et "petits" sur la question des droits télé. La division est profonde à une semaine des élections à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP) le 11 novembre.
Vendredi, les 20 clubs de Ligue 1 devaient se retrouver afin de clore leur crise ouverte le 5 octobre. Ce jour-là, l'élite s'était scindée en deux groupes, neuf "petits" (Bastia, Caen, Dijon, Guingamp, Lorient, Metz, Montpellier, Nancy et Rennes) réclamant une répartition plus égalitaire de la manne télévisuelle. Cette division, faute de quorum, faisait alors capoter l'élection du nouveau conseil d'administration, le gouvernement du foot pro.
Mais ce vendredi 4 novembre 2016, les "petits" de L1 ne seront pas là. "Ils ne participeront pas" à cette réunion, a dit Guy Cotret, président de l'UCPF, le syndicat historique qui réunit clubs de L2 principalement et quelques écuries de L1. "Ça ne veut pas dire que les discussions sont rompues, mais il n'y a pas eu de contre-propositions", assure-t-il, confirmant une information de L'Equipe.
"Il est important qu'il y ait des avancées avant l'assemblée générale du 11 novembre, mais ça semble compliqué pour qu'au sein de Première Ligue (nouveau syndicat qui penche pour les "gros" et qui rêve du modèle économique anglais) il y ait une position qui se détache", a-t-il avancé.
La révolte des "petits" de Ligue 1
Guy Cotret confirme ainsi les propos du président de Guingamp, Bertrand Desplat, le meneur des "petits" de L1, qui a déploré sur lequipe.fr que soit restée lettre morte leur "proposition chiffrée pour une nouvelle clé de répartition" des droits TV, formulée le 27 octobre.Ce 27 octobre, le groupe de travail de sept présidents de club mandatés pour déminer le terrain n'avait accouché d'aucune solution. Loïc Féry, le patron de Lorient, avait même quitté la réunion dès le début de l'après-midi...
Les président et vice-président de Première Ligue, Bernard Caïazzo et Jean-Michel Aulas, n'étaient pas joignables jeudi en fin d'après-midi. Le maintien ou non de Jean-Michel Aulas au conseil d'administration de la LFP, où il siège depuis 1991, est justement un des enjeux de l'assemblée élective du 11 novembre.
Le président de la Fédération (FFF) imagine-t-il un CA de la Ligue sans le patron de l'Olympique lyonnais ? "Non!", avait répondu Noël Le Graët sur RMC le 5 octobre. "On peut aimer ou pas, mais c'est un dirigeant exceptionnel", l'avait-il défendu.
Qui sera le prochain président de la LFP ?
Dans cette crise de gouvernance, la Ligue se cherche aussi un président. Le journaliste Michel Denisot, ancien président du PSG (1991-1998) et actuel représentant de la Fédération au sein du conseil d'administration de la LFP, était pressenti pour faire figure de candidat de consensus mais a renoncé mercredi à se présenter, comme il l'a expliqué à L'Equipe.Jean-Pierre Denis, président du Crédit mutuel Arkéa, assurait l'intérim à la présidence de la LFP depuis la démission de Frédéric Thiriez en avril dernier, mais l'essentiel des pouvoirs a été transmis au directeur général exécutif de l'instance, poste occupé par Didier Quillot.
Si bien que M. Denis est réticent à rester en fonctions. Mais les clubs comptent le convaincre de rempiler, quitte à modifier le profil du poste. "J'aurai un entretien prochainement avec lui et je souhaite vraiment qu'il reste président, comme la très grande majorité si ce n'est l'intégralité des clubs : il est l'homme idoine, avec de l'expérience et du recul, et ce serait bien qu'il reconsidère sa position", dit Guy Cotret.
"On a la faculté de revisiter les statuts, et de ne pas réduire le rôle de président à potiche, ajoute Guy Cotret. Une gouvernance, ça se réfléchit, et on a été trop vite collectivement, on n'a pas mesuré qu'on a fait une connerie, et moi le premier."