L'Université de Bourgogne-Franche-Comté vient de perdre son label excellence I-site, qui lui permettait d'obtenir des fonds pour la recherche dans divers domaines. Explications.
Désillusion du côté de l'université de Bourgogne-Franche-Comté. Le label I-site, attribué à certaines universités valorisant des atouts scientifiques thématique, n'a pas été renouvelé pour notre région. Cette distinction, véritable reconnaissance de premier plan, permet également l'attribution d'importantes subventions.
Sélectionnés par un jury international, 18 sites ont été recompensés par des labels appelés Idex ou I-Site, sur des critères précis. En 2016 : les établissements de Lorraine et Bourgogne-Franche-Comté se sont vus attribués un label I-site, et en février 2017 ceux de Lille, Montpellier, Clermont-Ferrand, Nantes, Paris-Est, Paris-Seine et Pau ont également été récompensés.
"L'impact n'a pas été jugé suffisant"
Les jurys internationaux des Idex (Initiatives d'excellence) et des I-Site (Initiatives Sciences-innovation-territoire-économie) ont rendu dernièrement leur verdict pour quatre projets, dont celui de Bourgogne-Franche-Comté. Ces derniers étaient arrivés au terme de leur période probatoire en 2020 mais, avec la crise sanitaire, l'Etat avait décidé de repousser leur évaluation au premier semestre 2021. Les Idex Université Côte d'Azur et Université Grenoble-Alpes ainsi que l'I-Site l'Université de Lorraine sont confirmées tandis que l'Université Bourgogne-Franche-Comté voit son I-site arrêtée.
"Si le jury a tenu à souligner les progrès réalisés dans notre construction ces derniers mois, l’impact n’a pas été jugé suffisant pour obtenir le label. Pourtant, en 6 ans, notre site universitaire s’est profondément transformé et d’importants résultats ont été obtenus. UBFC est notamment reconnue aujourd’hui comme université à part entière par l’EUA (European University Association)" précise l'université de Bourgogne-Franche-Comté.
Les Initiatives d’Excellence (IDEX) et les Initiative-Science-Innovation-Territoire-Economie (ISITE) sont des instruments du Programme Investissements d’Avenir (PIA). Le but du PIA est de créer en France des ensembles pluridisciplinaires d’Enseignement Supérieur et de Recherche (ESR) - dénommés « universités cibles » - dont la visibilité, l’attractivité et les impacts scientifiques et socioéconomiques soient plus compétitifs au niveau international que celles des établissements d’ESR français dans leur structuration actuelle.
L'enjeu était d'importance puisque 8,5 millions d'euros par an étaient en jeu en cas de renouvellement du label. Trois axes avaient été développés au sein de l'université BFC pour l'obtention du I-Site :
- Matériaux avancés, systèmes intelligents et énergie propre / Calcul photonique neuromorphique / Matière programmable
- Transitions socio-écologiques et alimentaires / Innovation dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire / Stratégies de gestion territoriale
- Traitements innovants des maladies chroniques et inflammatoires / Sciences de l’expertise humaine / Soins intégrés et centrés sur le patient.
"C'est une grosse déception"
Joint par nos soins, Dominique Grevey, président de l'Université de Bourgogne-Franche-Comté n'a pas caché sa déception. "C'est une grosse déception forcément. Il semblerait que le modèle qu'on a construit n'a pas convaincu complètement le jury" explique-t-il. "Il y a la perte du label qui est un premier point important. Les labels signifient qu'on est dans les universités qui comptent. Grâce à cela, on a accès à des appels à projets qui sont réservés, on peut discuter avec des organismes de recherche plus facilement... On passe de la première division à la deuxième division, si je peux dire. On croit en notre projet, on y avait mis du coeur. Ca c'est compliqué. Et puis il y a la dotation financière qui était importante" admet-il.
Pourtant, ce dernier reste déterminé à obtenir d'autres appels à projet et à oeuvrer pour favoriser la cohésion entre les établissements régionaux partenaires : "On va continuer notre travail de façon à remporter encore des appels à projet et ainsi faire avancer la recherche et la formation dans les établissements, au bénéfice des populations, des jeunes et des entreprises de Bourgogne-Franche-Comté. L'idée c'est qu'on maintienne le cap. Ca va être plus difficile mais on va s'y atteler. On a des chercheurs valeureux, des personnels très engagés dans la formation, on va essayer de montrer qu'on a des formations adossées à la recherche qui peuvent intéresser les jeunes étrangers et les jeunes talents de nos territoires."
Pour le président, cette expérience bien que finalement non récompensée, a permis aux établissements de Bourgogne-Franche-Comté d'apprendre à travailler ensemble pour pouvoir peser dans le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche.