Ce samedi 16 mai, les Clunisois ont pu retourner au marché et retrouver certains de leurs commerçants. Les manufacturés ont été exclus, sur décision du maire. Ils ont manifesté leur incompréhension sur la place de l'Abbaye.
Dans une communication sur les réseaux sociaux le vendredi 15 mai, la ville de Cluny, en Saône-et-Loire, annonçait la réouverture de son marché hebdomadaire, avec de nouvelles règles, pour "s'adapter au contexte". Une centaine de personnes seulement est ainsi autorisée sur site, sur un temps limité. Les retours en arrière sont proscrits, tout comme les attroupements. Un sens de déambulation a également été mis en place. Mais la réouverture du marché n'a pas fait que des heureux...
Impossible de discuter avec le maire
Ce samedi 16 mai, sur la place de l'Abbaye, une douzaine de commerçants non-sédentaire, qui vendent des produits manufacturés, ont manifesté leur colère et leur incompréhension. En effet, leur présence a tout simplement été interdite par le maire.Sonia Jazdanian vend des chaussures sur le marché de Cluny "depuis longtemps. Je suis la deuxième génération et c'est la première fois qu'on m'interdit de cette façon de travailler." Comme ses collègues, son activité s'est arrêtée le 23 mars dernier, suite aux mesures gouvernementales de confinement, pour endiguer l'épidémie de coronavirus.
La commerçante pointe du doigt une communication impossible avec Henri Boniau, maire de la ville. "Nous avons appris l'arrêt de notre travail par voie de presse." Des mails et des messages envoyés depuis plusieurs semaines seraient restés sans réponse. "Alors que selon Edouard Philippe, nous devions tous retourner au travail."
La priorité est sanitaire, pas économique
Interrogé sur la place du marché, le maire de Cluny répond que son rôle est de "préserver la dimension sanitaire dans sa ville." Henri Boniau tenait à rouvrir son marché, mais selon certaines conditions. "Il y a eu tout un cheminement pour ça", se défend le maire. Selon lui, la présence des produits manufacturés sur le marché aurait allongé le temps de parcours, "alors que nous limitons le nombre de personnes dans les allées et le temps de présence. Il faut qu'il y ait une rotation."Ce matin, le maire a tenté de discuter avec les commerçants en colère. En vain. "A l'avenir, je peux leur proposer un endroit spécifique pour les installer." Une proposition que refuse les manifestants du jour, puisque l'intérêt pour eux est d'être parsemé, dans un circuit où "l'alimentaire tire leur activité."
Henri Boniau dit "comprendre leur désarroi en matière économique" mais maintient que sa priorité, "c'est le sanitaire, puis l'économie. Et pour l'instant, nous n'y sommes pas." A l'heure actuelle, le maire ne peut proposer un retour des commerçants manufacturés sur le marché qu'en juin.
Le bilan de ce premier jour de réouverture du marché est plutôt positif selon la ville de Cluny qui communique sur sa page Facebook, "malgré les troubles provoqués par les commerçants manufacturés qui n'ont respecté ni les gestes barrières (...) ni les agents municipaux qui ont travaillé sans relâche depuis deux semaines pour que tout se déroule au mieux."
Le rendez-vous est donné samedi prochain, "pour un marché que nous espérons serein et apaisé".
Le reportage de Frédéric Cuvier et Romy-Ho-A-Chuck :