Lundi 13 avril, Emmanuel Macron annonçait le déconfinement progressif à partir du 11 mai prochain. Les écoles, collèges et lycées rouvriront leurs portes. "Pour les étudiants, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été" a aussi déclaré le chef de l'Etat.
Pas d'examens sur table !
Ambre Adamiak, vice-présidente déléguée à la vie et à la démocratie étudiante, confie que, depuis l'allocution d'Emmanuel Macron, "les étudiants nous font remonter leurs inquiétudes." Ceux-ci sont inquiets, "dans un stress constant" de ne pas avoir de visibilité sur ce qui va être fait. Globalement, les annonces ont été comprises. "On ne peut que faire confiance aux institutions" déclare Gauthier Maimbourg, responsable de l'UNI Dijon.
? "Le 11 mai prochain sera donc le début d'une nouvelle étape. Nous rouvrirons progressivement les écoles, les crèches, les collèges et les lycées (...) Nos enfants doivent retrouver le chemin des classes", annonce Emmanuel Macron
— franceinfo (@franceinfo) April 13, 2020
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Une chose est sure aujourd'hui : les universités ne rouvriront pas avant septembre. Mais alors quid des partiels, des examens et des concours ?
"On souhaitait, dans la mesure du possible, que les examens se tiennent en présentiel. Même s'ils avaient été décalés." nous dit-on à l'UNI. A l'heure actuelle, l'université de Bourgogne n'a pas communiqué officiellement sur les modalités d'examens. "Même si certains professeurs ont décidé par eux-mêmes d'organiser des examens en contrôle continu ou à distance." Ce n'est cependant pas le cas dans toutes les filières, notamment dans les "grosses promos". Comprenez en droit ou encore en psychologie. Comment faire passer des examens à distance à 240 étudiants en même temps ? "Se posent ainsi des problèmes d'équité et d'égalité" soulève Ambre Adamiak. Tous les étudiants ne disposent pas de matériel informatique et de connexion internet adéquats. "On risque de mettre des étudiants sur la touche et de dévaloriser leur travail régulier tout au long de l'année, simplement parce qu'ils ne seront pas à l'aise avec les outils informatiques." s'inquiète Ambre Adamiak.
Dans toutes les instances étudiantes, la préoccupation porte aussi sur la reconnaissance des résultats et des diplômes, dans un contexte tel que celui-ci, avec des examens passés potentiellement à distance, ou en contrôle continu. "Comment fait-on pour vérifier l'identité de l'étudiant quand il passe ses épreuves en ligne ? Comment empêcher aussi l'entraide entre les étudiants, voire la fraude ?" s'interroge Gauthier Maimbourg. Une des solutions serait l'installation de logiciels permettant d'enregistrer l'écran de l'étudiant, ainsi que le son sortant du micro. Des logiciels très coûteux. "Et qui va surveiller ?" se demande l'UNI.
Des examens en septembre ?
Alors on réfléchit à une solution. Alors que Jean-Michel Blanquer a annoncé ce matin un retour progressif pour les scolaires, collégiens et lycéens, c'est la prise de parole de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui est désormais attendue. Les organisations étudiantes demandent une "uniformisation à l'échelle nationale." Les étudiants qui s'apprêtent à passer les derniers examens avant l'obtention de leur licence s'inquiètent de leur admission en master. "Comment choisir entre des étudiants qui auraient passé des examens en présentiel et d'autres à distance ?"
A l'université de Bourgogne, la CFVU (Commission Formation et Vie Universitaire), qui aborde l'organisation des examens, a reporté les discussions, en attendant les directives ministérielles.
Une des pistes évoquées aujourd'hui est celle d'un report des examens à début septembre. Entre les corrections et la deuxième session de rattrapage, la rentrée universitaire pourrait se retrouver décalée à début octobre. De quoi alimenter encore les inquiétudes des étudiants, qui se retrouveraient donc à devoir réviser tout l'été. Nombreux sont ceux qui profitent des vacances estivales pour travailler et ainsi financer leur année d'étude.
Gauthier Maimbourg évoque également l'inquiétude des étudiants en PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé). "Il y a un impact psychologique pour eux. La PACES c'est comme un marathon, on monte en puissance petit à petit. Et là, ils se retrouvent freinés dans leur élan."
A l'issue de la PACES, les étudiants se spécialisent : médecine, maïeutique, kiné, pharmacie, odontologie. Au deuxième semestre, les étudiants choissent une UE (unité d'enseignement) qui leur permet de s'orienter dans une des spécialités citées ci-dessus. Sélectionner les étudiants sur leurs résultats du premier semestre est actuellement une éventualité. "C'est délicat de faire une sélection sur le premier semestre alors que le deuxième semestre peut leur permettre de se rattraper." Le risque, ce sont des recours déposés au tribunal administratif. "Il faut, dès le départ, assurer des conditions d'équité et de justice" martèle le responsable de l'UNI à Dijon.
Les étudiants en sixième année de médecine, qui passent les ECN (Epreuves Classantes Nationales, l'entrée en internat), pourront aussi être impactés. "Pour l'instant, les épreuves sont décalées à fin juillet. On espère qu'elles pourront avoir lieu... Parce que les étudiants jouent leur spécialité, leur carrière professionnelle."
Le président de l'université de Bourgogne tient à rassurer les étudiants :
"Il n'y a pas de raison de penser que les diplômes auront moins de valeur. Toutes les universités sont dans la même situation. Nous adapterons les évaluations à la nécessité d'être confiné. Les compétences attendues des étudiants ne changent pas. Nous avons encore quelques semaines devant nous pour trouver les meilleures solutions."
Des éléments de réponses concernant les modalités de la tenue des examens devraient être communiqués d'ici la fin de la semaine.
Concours, écoles de commerces, comment ça se passe ?
A la Burgundy School of Business (BSB) de Dijon, les modalités d'examen ont déjà été décidées. Tout se fera en ligne. "Certaines épreuves avaient déjà commencé depuis une quinzaine de jours" nous informe Stéphan Bourcieu, directeur de l'école. "On a une plateforme en ligne qui nous permet de faire passer tous les examens à distance." Evidemment, il y a déjà eu quelques soucis de connexion. "Mais ça reste à la marge".
Concernant la dépréciation du diplôme, Stéphan Bourcieu se veut rassurant : "Le cursus dure 3 ans généralement. Sur ces 3 ans, les étudiants n'auront eu que 2 mois de cursus différents. La valeur du diplôme s'apprécie sur la totalité du parcours."
Pour les étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles, les inscriptions ayant été faites il y a plusieurs semaines déjà, tous sont en contact avec différentes plateformes en ligne qui les informent de l'évolution de la situation. Certaines épreuves sont déjà reportées.
Les lycées qui sont centres d'examen pourraient aussi décider de maintenir les concours en présentiel. Davantage de salles de classes seraient ainsi mises à disposition pour ne regrouper qu'un petit nombre d'élèves dans un espace clos. Sous réserve de nouvelles mesures gouvernementales, évidemment...
Encore 800 étudiants au CROUS
Environ 800 étudiants vivent encore dans des logements du CROUS actuellement. Mais certains avaient décidé de conserver leur logement en prévision d'un retour en cours ou de passage d'examens. "Comme la fac ferme, il est possible que certains retournent chez leurs parents" explique Emmanuel Olivaud, directeur du CROUS. Il assure que les procédures seront adaptées pour éviter "un stress supplémentaire aux étudiants". Des aides seront notamment mises en place pour tous ceux qui ne pourraient répondre aux paiements des loyers. "Les équipes administratives continuent de travailler et de répondre aux demandes. Les assistantes sociales continuent de communiquer avec les étudiants par téléphone."