Les commerces de proximité ont vu un afflux impressionnants de clients, parfois nouveaux, pendant la période du confinement. L'engouement semble être retombé laissant les épiciers et les responsables de supérette un peu désabusés.
Les épiciers en première ligne lors du confinement
« C'était de la folie ! ». Quand Laurent Pouillard se rémémmore la période du confinement, l'expression fuse. Cet dernier tient une supérette de village à Marizy, en Saône-et-Loire, prise d'assaut pendant deux mois.
Les habitants de ce gros bourg, contraints dans leurs déplacements, ont commencé à prendre leurs habitudes chez Laurent Pouillard. Les premières grandes surfaces se trouvent à 30 kilomètres aller-retour de l'échoppe. Les clients ne venaient pas pour acheter une bricole ! Pendant les deux mois de confinement, le chiffre d'affaires de la supérette a grimpé en flèche : + 50%.
Les journées de travail défilaient toujours plus intenses. « Habituellement, je tiens un commerce de dépannage. Et là, il y avait énormément de monde avec des caddies énormes, débordant de pâtes et de papier toilette. On croisait des clients qu'on n'avait jamais vus et qu'on n'a pas revus après ». constate cet épicier.
Même constat pour Christophe Follot ! Le 2 novembre dernier, il ouvrait une épicerie en grande partie bio et vrac dans le village de Varois-et-Chaignot, tout près de Dijon. Inauguration, fêtes de fin d'années porteuses, coup de mou en janvier et février, confinement à la mi-mars suivi d'un cambriolage... ce commerçant a aussi eu l'impression d'être sur des montagnes russes.
« Je n'arrêtais pas à l'épicerie. Pour aider, je livrais également des personnes âgées, J'ai fait du drive pour éviter une queue à l'extérieur. En termes de chiffre d'affaires, c'était de bons mois. Le panier moyen des clients étaient bien plus conséquents. », confirme Christophe Follot.
L'effondrement de la clientèle après le 11 mai
Et depuis le 11 mai et le début du déconfinement ? « La déconvenue ! Le trou noir à part quelques habitués. Le lendemain du 11 mai, j'ai fait 100 euros dans la journée. J'ai recommencé à retravailler un peu la semaine dernière avec des journées correctes par rapport à mon prévisionnel », se désole Christophe Follot.
A Marizy, Laurent Pouillard confirme même si le calme est revenu plus progressivement dans sa supérette. En cause, selon lui, la fin du chômage partiel et du télétravail pour bon nombre d'habitants du secteur. « Pendant le confinement, on nous a remerciés. On nous disait heureusement que vous êtes là ! Puis les gens ont vite repris leurs habitudes, ils font leurs courses dans les grandes surfaces près de leur travail », explique ce dernier.
Aucun de ces deux commerçants ne croyaient que l'engouement pour leurs magasins allait durer. « Je m'y attendais. Il restera bien quelques clients qui ne venaient pas avant mais ce sera marginal », dit philosophe Laurent Pouillard. « Les gens qui avaient entamé la démarche avant le covid la poursuivent. Mais ceux qui n'avaient rien entamé avant et qui juraient leurs grands dieux qu'ils allaient faire bosser le local, on ne les revoit pas ! », conclut Christophe Follot avec un brin d'amertume.
Ce dernier peut compter sur sa clientèle pour lui remonter le moral. « C'est long de faire changer les mentalités ! Mais avec le temps, on va y venir ! On est quand même de plus en plus nombreux à chercher du sens dans ses actes d'achat et d'avoir envie de soutenir le local plutôt que les grandes franchises. », rassure Paul, un habitué venu faire le plein de riz, pâtes et café en vrac.