Déconfinement : pourquoi l'engouement pour la couture s'annonce-t-il durable

Les couturières bénévoles ont travaillé sans relâche pendant le confinement. Débutantes ou confirmées, beaucoup n'ont pas l'intention de lâcher le fil et l'engouement pour la couture pourrait bien être durable.

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Pendant le confinement, elles ont cousu des masques, des blouses, des calots, pour faire face à l'épidémie et au manque de matériel. Parmi ces bénévoles, certaines ont tissé des liens, d'autres ont découvert une passion. La couture y trouve un renouveau.

Coudre pour joindre l'utile à l'agréable

Nelly Germain est l'une des 3000 "petites mains" qui ont permis de confectionner 14 000 blouses pour le CHU de Dijon. Cette retraitée coud depuis une quarantaine d'années, elle a investi il y a un an dans sa deuxième machine, après avoir fait réparer la première, que sa fille utilise désormais.
Elle a fait ses premiers points dans un club, avec une amie qui était professeur de couture. Cette activité lui a toujours permis de joindre l'utile à l'agréable : coudre des vêtements pour ses enfants, mais en prenant plaisir à choisir des tissus et des modèles qui lui plaisent.

Elle coud aujourd'hui à un rythme moins soutenu, mais elle a toujours sa machine sous la main et aime jouer avec les couleurs. "Il faut que je sois motivée", précise-t-elle et "que je trouve de beaux tissus, ce qui n'est pas toujours facile". 
Elle espère que l'élan solidaire aura permis à certaines de se découvrir un attrait pour la couture. Mais si on veut que cet intérêt soit durable, "il faut investir dans du bon matériel et se faire conseiller afin de progresser".

C'est important d'avoir les bases, il faut être patiente et manuelle, mais la couture rend bien service !


Pour Nelly, la couture est une activité utile et ludique. Elle voit avec plaisir l'une de ses filles y prendre goût et elle espère que de nombreuses couturières débutantes poursuivront leur effort.
 
 

La couture, activité solitaire et solidaire

C'est la couture qui les a réunies autour d'un projet solidaire : fournir des calots et des masques aux soignants et aux personnes démunies. "Les petites mains solidaires de la Nièvre" sont aujourd'hui une quarantaine et elles ont bien l'intention de continuer à coudre : des baby-masques pour la pédiatrie, des protections pour les Restos du coeur ou l'Epicerie solidaire.
Certaines étaient déjà expérimentées, mais d'autres ont fait leurs grands débuts de couturières : "nous étions confinées, donc isolées et pourtant, nous ne nous sommes jamais senties autant entourées, soutenues", dit l'une d'elles.

J'ai commencé seule, dans mon petit coin de campagne. Ma machine était en panne, j'en ai acheté une autre pour pouvoir répondre aux demandes... même si je ne suis pas couturière.

Alors elles veulent continuer, même si elles travaillent : elles sont infirmière, assistante maternelle, auxiliaire de vie... Elles comptent sur le groupe pour progresser en s'épaulant, pour échanger des tutos, des conseils : "on discute, on blaque, on partage nos idées, avec bienveillance et chacune travaille à son rythme."

Les plus expérimentées félicitent celles qui cousent leur première robe pour enfant. Remotivée par l'expérience des calots, une autre a "ressorti sa machine rangée au placard depuis des années et va continuer à apprendre et à s'améliorer".
Une autre enfin, qui coud depuis des années, a même trouvé grâce au groupe l'envie de "se lancer à son compte".

La couture leur plaît, leur démarche est aussi écologique et durable : faire soi-même, revenir au durable plutôt qu'à l'usage unique.
 

Un engouement que les professionnels espèrent durable

Mais pour coudre des masques ou des vêtements, il faut du tissu, du fil, des élastiques, des patrons... Les merceries ont vu leurs ventes en ligne bondir pendant le confinement et celles qui ont rouvert voient souvent les files d'attente s'allonger.
Les vendeurs et réparateurs de machines à coudre eux-aussi sont submergés. 

Reportage : Anne Berger, Christophe Gaillard

Avec : Catherine Fiévée, responsable des Etablissements Fiévée à Dijon
           Frédéric Duclos, réparateur de machines à coudre
 
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