Liquidation de MBF, abstention, alliances, ce qu'il faut retenir du débat du second tour en Bourgogne-Franche-Comté

A 2 jours du second tour des élections régionales, Marie-Guite Dufay (PS), Julien Odoul (RN), Gilles Platret (LR), Denis Thuriot (LREM) débattaient ce jeudi 24 juin sur France 3. Au coeur des débats, la faillite de l'usine MBF à Saint-Claude, l'abstention, les déserts médicaux et les alliances.

La Bourgogne-Franche-Comté restera-t-elle à gauche ? Au premier tour Marie-Guite Dufay (PS), la présidente sortante est arrivée en tête avec 26,52% des suffrages pour sa liste PS-PCF-PRG.

Au second tour, elle affrontera les trois candidats qui ont eu suffisamment de voix pour se maintenir : Julien Odoul du Rassemblement National (23,19%), Gilles Platret pour Les Républicains (21,04%) et enfin Denis Thuriot pour La République en Marche (11,69%). Le maintien des écologistes auraient pu donner lieu à une quinquangulaire. Stéphanie Modde (10,34%) a préféré passer une alliance avec la liste de Marie-Guite Dufay.

Marie-Guite Dufay attaquée après la liquidation de MBF

C'est le dossier chaud de l'entre-deux tours, la liquidation de l'entreprise MBF à Saint-Claude annoncé mardi par le tribunal de commerce de Dijon. Marie-Guite Dufay est interrogée sur la colère des salariés. "Dans cette affaire qui est un grand malheur (...), la région a tout fait. Elle a poussé tous les feux". La présidente sortante de la région rappelle qu'elle a proposé la prise en charge temporaire des salaires, l'entrée au capital et l'apport de fonds à un candidat à la reprise. "L'état de l'entreprise était catastrophique" plaide la présidente sortante qui décrit une entreprise "mise en faillite sciemment" malgré un savoir-faire important sur place. "On va être aux cotés de l'Etat qui met des moyens exceptionnels. La région sera forcément aux cotés de l'Etat" promet Marie-Guite Dufay. 

Face à elle, Denis Thuriot, candidat LREM parle de "lourde défaite" rejetant toute responsabilité de l'Etat après une décision de justice. Il plaide pour l'utilisation du fond de reconversion pour la fonderie avant d'évoquer une possible solution. "Je pense qu'il y en a peut-être une, mais je ne veux pas donner de faux espoirs." "Le seul espoir qu'il nous reste, c'est de reconvertir" plaide Gilles Platret qui veut favoriser le retour à l'emploi des 280 salariés. Il attaque ensuite la gestion de la majorité sortante. "Nous ne pouvons pas être une région spectatrice. Madame Dufay n'a jamais mis la pression à l'Etat" ajoute-t-il dressant un parallèle entre la situation de l'usine du Jura et la situation de GE Electric à Belfort.

"A quoi sert la région ?" interroge Julien Odoul, le plus virulent sur le sujet, qui dénonce "les promesses" de Marie-Guite Dufay, "l'incompétence, le mensonge et la trahison de la majorité sortante". Il propose que la région soit "un bouclier social et industriel" qu'il souhaite financer grâce à des économies sans préciser les montants nécessaires. "C’est intolérable de se servir de cette affaire dans un but électoral. Vous exploitez les choses d’une façon honteuse" répond la présidente sortante.

Quelle responsabilité sur l'abstention ? 

Au premier tour, en Bourgogne-Franche-Comté, l’abstention a été record pour un scrutin. 64,57% des électeurs n’ont pas pris le chemin des urnes. Se mobiliseront-ils un peu plus au second tour ? Les électeurs du RN, composent une grande partie des abstentionnistes. 

"C’est terrible et en même temps c’est injuste" estime Denis Thuriot, le candidat LREM. "Les élus font de leur mieux. La région est très présente dans leur quotidien" soulignant une "inadéquation" entre l’action de la région et sa perception. Mais "l’abstention n’est surement pas la solution. Il faut tout faire pour motiver les gens à aller voter."

"Tout le monde a une part de responsabilité. Les élus aussi. C’est une gifle que nous recevons" reconnait Marie-Guite Dufay (PS). "C’est un échec collectif " ajoute Gilles Platret (LR). La présidente sortante souligne qu’il n’y a "surement pas assez d’instruction civique" dans les établissements scolaires et des élus qui "ne sont pas toujours dans une posture de sincérité".  Gilles Platret y voit plutôt un échec de la fusion des régions. "Plus vous mettez de proximité entre les institutions et les habitants, plus vous créez ce lien qui donne envie de choisir. On a éloigné les citoyens de la région."

Le candidat du Rassemblement national, Julien Odoul pointe la "technocratisation des collectivités, la technocratisation de nos politiques publiques. Si nos concitoyens regardent les délibérations du conseil régional  de Bourgogne-Franche-Comté, elles sont totalement illisibles."

 

"Ecolo-dingos" et "dingos" des éoliennes

C’est rapidement la question des alliances qui est la première à faire débat. Interrogé sur son maintien au 2e tour, Denis Thuriot renvoie la question à Marie-Guite Dufay. « Vous sentez-vous en danger par ma présence ? ». « Je ne qualifierais pas les choses ainsi, mais  votre présence n’est pas compréhensible au regard de toutes les déclarations que vous aviez fait auparavant » répond la candidate socialiste. « Le Rassemblement national est beaucoup plus bas qu’il y a six ans. Vous étiez troisième. Vous avez pris un risque énorme » tranche le candidat LREM, rejetant les « donneurs de leçons d’un parti socialiste qui s’est suicidé et que j’ai quitté». Sur le sujet, il reçoit le soutien de Julien Odoul. "Les électeurs de Monsieur Thuriot l'ont qualifié pour le second tour. C'est la démocratie. Je ne comprends pas ces pressions." 

Le candidat du Rassemblement dénonce des "écolos-dingos" avec lesquels s'est alliée Marie-Guite Dufay. "Ayez un peu de respect pour les électeurs qui vont voter" lui retorque-t-elle. "Dingos ? Dingo c'est de vouloir démanteler les éoliennes!"

Quelles solutions contre les déserts médicaux ?

Les quatre candidats  sont interrogés sur leurs propositions pour lutter contre l'absence de médecins en zones rurales. "Un enjeu énorme" selon Gilles Platret qui propose que la région aide au recrutement de médecins salariés et des unités mobiles de télémédecine estimant que la région ne peux pas contraindre les médecins. 

"Il faut les inciter fortement" appuie Denis Thuriot qui souhaite que des médecins "formés sur un territoire puissent s'engager pendant quelques temps". Selon lui, la télémédecine ne suffira pas. Il souhaite développer des "internats ruraux" pour encourager l'installation de médecins. 

De son coté, Julien Odoul propose de recruter 200 médecins salariés et d'installer une ligne de bus médicalisée pour aller au plus près des personnes fragiles. Marie-Guite Dufay souhaite accompagner le développement de maisons de santé qui regroupent plusieurs disciplines médicales. 

 

Revoir le débat du second tour des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté

 

Les invités du débat présenté par Elsa Bezin et Jérémy Chevreuil

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