Après l'avoir recueillie fin octobre près d'Ouhans puis soignée, le centre Athénas vient de relâcher Ouhna, une jeune femelle lynx. L'association du Jura l'a équipée d'un collier VHF/GPS qui sera actif pendant un an. Ouhna est le 22ème lynx relâché par le centre de soins aux animaux sauvages.
Cette photo a été prise par le centre Athénas le 26 avril 2021. Une "belle revanche sur la vie pour Ouhna" déclare la structure de soins à la faune sauvage spécialiste de l’espèce basée à l'Etoile près de Lons-le-Saunier. Ouhna avait été repérée au mois d'octobre 2020 par des habitants des communes de Ouhnans et Hautepierre- Le Chatelet dans le Doubs. L'animal sauvage était affamé, ce lynx s'était rapproché des hommes pour tenter de trouver de la nourriture.
Ouhna, jeune femelle de 5 mois et demi, n’avait pas d’autre problème que d’avoir jeûné plus de 10 jours, suite à la disparition de sa mère.
Elle ne pesait que 5kg au lieu de 7,5 normalement à cet âge, et n’aurait pas survécu une semaine de plus.
Voici les images tournées du relâcher par le centre Athénas, et celles de la période où la femelle été soignée avec pour objectif de retrouver son milieu naturel.
Le cas d'Ouhna n'est pas exceptionnel. En 2020, Gilles Moyne et l'équipe du centre Athénas avait pris soin de six jeunes. Trois ont survécu, et deux sont encore en vie après avoir été relâchés. Leur secteur de vie est actuellement en Haute-Savoie pour l'un, et la région de Champagnole pour le second. Bientôt, le centre Athénas ne pourra plus suivre leurs déplacements car leur collier VHF/GPS va s'arrêter de fonctionner faute de batterie. Il fonctionne 365 jours exactement. Le collier qui pèse 300 grammes se décroche au bout d'un an, et il est réutilisé.
Suivre à distance l'animal relâché
C'est ce qui va se passer pour Ouhna. Au début Athénas va suivre ses déplacements grâce à une localisation heure par heure envoyée jusqu'à quatre fois par jours. Des émissions et transmissions qui usent la batterie, elles seront au fur et à mesure espacées pour faire durer la batterie une année. Ce dispositif permet d'assurer à distance la sécurité de l'animal. Il s'agit aussi de "collecter des informations sur sa réinsertion et sa réadaptation au milieu naturel" précisent, dans un communiqué, les services de l'Etat. "Ouhna a pu être relâchée à une vingtaine de kilomètres de son lieu de capture" indique la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL).
Sauver Ouhna n'était pas gagné d'avance. La jeune Lynx était amaigrie, elle était si faible qu'elle aurait pu contracter une maladie. "Mais, après six mois de soins, d’élevage et de mise en condition conformément à notre protocole bien rôdé, elle a pu être relâchée" précise Athénas sur son site.
Les services de l'Etat rappellent l'importance de ces opérations de remise en liberté dans le milieu naturel :
Le Lynx boréal, le plus grand félin sauvage présent en Europe, est une espèce menacée et strictement protégée au niveau international et national dont l’état de conservation revêt un enjeu majeur pour la France.
Une centaine de lynx sont présents sur le massif du Jura
D'après les estimations d'Athénas, il y aurait environ 120 adultes lynx dont plus de 80% sont dans le massif du Jura," ce qui donne à cette région une responsabilité particulière dans sa conservation" précise l'association.
Ces animaux sauvages sont encore victimes du braconnage ou de collisions routières.
Avec déjà 10 morts sur route cette année dont six en un mois, et six procédures en cours pour destruction illégale par arme de chasse, nous avons de bonnes raisons d’être inquiets pour l’espèce.
Les services de l'Etat rappellent que "cette opération s’inscrit dans le cadre plus large du Plan National d’Actions en faveur du lynx boréal en cours de finalisation dont la DREAL Bourgogne-Franche-Comté et l’Office Français pour la Biodiversité assurent la coordination et l’animation pour le compte de l’État.
Il existe un Plan National d’Actions pour rétablir cette espèce menacée et protégée dans un état de conservation favorable. Un plan établi avec tous les acteurs du dossier pour une période de cinq ans, devrait être approuvé à la fin de cette année. D'ici là, le centre Athénas poursuit ces actions au quotidien. Gilles Moyne, son directeur, rappelle que lorsque l'on observe un jeune lynx boréal en difficulté, il faut prévenir le centre le plus rapidement possible en prenant des photos de loin, sans s'approcher de l'animal sauvage. Autre mobilisation pour éviter la mort des jeunes adultes : parvenir à convaincre les maires des communes dont le territoire est arpenté par le lynx d'installer des panneaux signalant leur présence. Quand un adulte lynx meurt écrasé par une voiture ou braconné, c'est aussi le risque qu'un jeune se retrouve comme Ouhna, abandonné et avec de faibles chances de survie. Cette fois-ci, l'histoire devrait bien finir !