Ce mercredi 2 juin, les agriculteurs bio se mobilisent à Paris contre la réforme de la Politique Agricole Commune. Ce qui leur pose problème : la baisse à venir des aides au maintien, après le passage à l'agriculture biologique. Les producteurs bio de Franche-Comté sont très remontés.
Les agriculteurs bio français manifestent ce 2 juin à Paris, contre la réforme annoncée de la Politique Agricole Commune. En parallèle, ils ont choisi de poser en photo, "à poil". Un symbole pour dénoncer l'alignement prochain des aides pour l'agriculture biologique, sur celles de l'agriculture conventionnelle. Parmi ces subventions, il y en a une pour le maintien de ce mode de culture. Jusqu'ici, les producteurs reçoivent une aide pour faire la transition vers l'agriculture bio, pendant 3 ans. Ils perçoivent ensuite une aide pour continuer dans ce mode d'exploitation : les aides au maintien. Le ministère de l'Agriculture projette à terme de les réduire. Ce qui fâche ces agriculteurs, notamment en Franche-Comté.
Je vais toucher encore moins : jusqu'à maintenant, je touchais l'équivalent d'environ 3% de mon chiffre d'affaires, en aides. À l'avenir, en 2021, elles ne représenteront plus que l'équivalent d'1,5% de mon chiffre d'affaires
Demande en hausse sur le bio
Dans le Jura, Jean-Baptiste Rozé produit des légumes bio, sur 24 hectares. Pour l'épauler, il peut compter sur ses 5 salariés : "2 associés, 2 permanents et des saisonniers". La demande sur ses produits est importante : "les consommateurs nous suivent, et les collectivités locales sont très contentes". Jusque là, tout va bien pour le producteur jurassien. Sauf qu'il risque des pertes importantes avec la réforme de la Politique Agricole Commune à venir.
L'homme de 48 ans, a "touché assez peu d'aides de la Politique Agricole Commune". Le nouveau schéma prévu par le ministère de l'Agriculture revoit ces aides à la baisse. "Je vais toucher encore moins : jusqu'à maintenant, je touchais l'équivalent d'environ 3% de mon chiffre d'affaires, en aides. À l'avenir, en 2021, elles ne représenteront plus que l'équivalent d'1,5% de mon chiffre d'affaires", précise le cultivateur bio.
Pour le producteur, comme pour plusieurs autres de ses collègues, il est donc important de rejoindre la manifestation nationale, à Paris. "Le gouvernement a les discours sur l'agriculture bio, mais pas les gestes. Ce qu'il faut, c'est augmenter les aides et non au contraire les baisser, comme ce qui est envisagé", tonne Jean-Baptiste Rozé. La baisse de ces dotations le met "à poil financièrement", c'est pourquoi il a choisi de poser nu. Il n'est pas le seul : d'autres producteurs ont suivi cet exemple, sur les réseaux sociaux. Un mot d'ordre national et symbolique : "c'est une façon imagée et non-violente pour bien exprimer sa colère".
Alignement sur les autres aides
Les agriculteurs bio pourraient perdre en moyenne "132 euros par hectares et an", estime Pierre Chupin, producteur de légumes bio à Devecey (Doubs) et président du groupe d'agriculture biologique pour la Franche-Comté. Il déplore un "alignement prochain des aides allouées à nos produits, sur celles pour les cultures à «haute valeur environnementale»".
Ce label HVE est délivré aux exploitants qui consacrent moins de "30% de leurs charges dans les pesticides". Pour Pierre Chupin, ces produits HVE et les produits bio sont deux choses qui n'ont rien à voir : "le consommateur se dit que le produit est sain, alors que dans les faits, il ne l'est pas". Pire encore, selon le producteur du Doubs, "ces productions sont plus subventionnées, comparé aux subventions que reçoivent les productions bio actuellement".
Les arbitrages du ministère de l'Agriculture prévoient un montant plafonné à 70 euros par hectare. Ce qui est préjudiciable à ces producteurs. "Les chiffres de référence de 2019 pour l'aide au maintien, font qu'en 2021, il y aura 66% d'aides en moins", argumente le président du groupe d'agriculture biologique pour la Franche-Comté.
Cette réforme de la Politique Agricole Commune doit entrer en vigueur, si elle est adoptée, au plus tôt en 2023.