En visite à Ornans (Doubs) ce jeudi 15 février 2024, Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force Ouvrière, s'oppose à tout licenciement chez Alstom. Malgré des bénéfices et un carnet de commandes plein, le géant des transports pourrait en effet supprimer jusqu'à 293 postes en France, au siège du groupe.
En bon voisin, le Dijonnais participait à l'assemblée générale départementale de son syndicat à Ornans (Doubs). Mais Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière n'a pas manqué de réagir vigoureusement ce jeudi 15 février 2024 aux dernières annonces d'Alstom, en direct sur France 3 Franche-Comté.
La main de l'Etat sur Alstom a été une mauvaise stratégie, une illusion. Et au bout du bout, même avec des bénéfices et 88 milliards de commandes, on va licencier ? Ce n'est pas possible !
Frédéric Souillot, secrétaire général de FO.
Le géant du transport ferroviaire pourrait en effet supprimer jusqu'à 293 postes en France, même si la direction parlait mardi dernier d'une "première estimation" communiquée aux représentants du personnel en amont de "discussions".
Ces suppressions de postes s'appuieront, "dans la mesure du possible", sur des "départs naturels" et de "la mobilité interne", a expliqué la direction d'Alstom à l'AFP, confirmant une information du média spécialisé La Lettre et du quotidien Libération. Elles concerneraient essentiellement des fonctions support, administratives et commerciales, au siège du groupe, à Saint-Ouen, au nord de Paris. Ces licenciements représentent plus de 12% des effectifs du siège qui compte 2 400 salariés sur les quelque 12 500 employés d’Alstom en France. Mais "aucune décision n'a été prise à ce stade", souligne la direction.
Le site d'Ornans épargné
Pas plus que Belfort, Ornans ne serait donc pas menacé directement. Implanté depuis 1870, le site de la vallée du Doubs compte aujourd’hui 320 salariés et produit environ 2 000 moteurs par an pour tous les types de matériels roulants : tramways, tram-trains, métros, locomotives et trains.
Alstom y a d'ailleurs récemment dévoilé un tout nouveau banc d'essai le 11 janvier dernier. Un investissement de 1,4 million d’euros pour tester et valider les capacités des moteurs électriques conçus et produits sur place. Cet équipement, d'une puissance de 2 mégawatts a été "façonné pour améliorer les performances vibroacoustiques des moteurs de dernière génération et pour répondre aux exigences de la grande vitesse et des technologies du futur", a précisé Alstom dans un communiqué.
Plan de désendettement
La fusion avec son concurrent canadien Bombardier, réalisée en 2021, n’a visiblement pas apporté le succès escompté. En novembre, Alstom avait déjà annoncé un plan de désendettement avec des cessions d'actifs pour 500 millions à un milliard d'euros, la suppression de 1500 postes administratifs dans le monde et une possible augmentation de capital. Objectif : réduire la dette de 2 milliards d'euros. Les détails de ce plan devraient être précisés en mai prochain.
"Nous mettons en œuvre un plan d'action global", notamment pour rassurer les agences de notation et tenir "nos objectifs à moyen terme", avait alors prévenu Henri Poupart-Lafarge, le Pdg du groupe.
Fin janvier, Alstom a pourtant indiqué avoir enregistré un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros au troisième trimestre, en hausse de 2,6% par rapport à l'année précédente. Quelques jours plus tard, le groupe a même finalisé une commande géante de 103 nouvelles rames de métro auprès de la région Ile-de-France. Un matériel qui sera livré d'ici trois à cinq ans.
Crispations autour des NAO
Ces annonces interviennent dans un contexte déjà tendu. Les négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires se déroulent en ce moment même au siège de l'entreprise à Paris. Et les salariés expriment leur mécontentement dans 12 sites français d'Alstom, en particulier ferroviaires. Après un premier débrayage le 6 février dernier, les salariés belfortains ont de nouveau cessé le travail ce jeudi.
La direction propose une augmentation générale de 3,5%, loin des 10% revendiqués par les syndicats. "Pour négocier, il faut être deux, a rappelé Frédéric Souillot sur France 3 Franche-Comté. Les chiffres proposés ne sont pas les bons."