Après un signalement des services de renseignements, un mineur de 12 ans et demi a été déféré fin juin devant le juge des enfants de Montbéliard dans le Doubs, annonce le parquet. Les enquêteurs ont découvert que le jeune garçon menait une double vie sombre, et des plus inquiétantes.
Un enfant discret, renfermé à l’école. Moins de 13 ans. Une famille inconnue des services de justice. C’est pourtant bien ce jeune garçon qui se retrouve au cœur d’une vaste enquête judiciaire menée en lien avec le parquet national antiterrorisme.
Le 7 juin 2024, l’alerte est donnée suite à des informations des services de renseignements. Derrière une connexion internet, de forts soupçons d’apologie du terrorisme. L’adresse IP de l’ordinateur mène vers une famille de Sochaux dans le Doubs ou vivent une mère, son compagnon et une fratrie. Les hommes de la division criminalité organisée de la police du Doubs vont dans un premier temps saisir tablettes, ordinateurs, console de jeux.
Consoles de jeux, ordinateur, dans la chambre de l'enfant,
Dans une conférence de presse ce mercredi 3 juillet, Paul Edouard Lallois, procureur de la République de Montbéliard, a expliqué comment les soupçons se sont vite orientés vers ce petit garçon de 12 ans. La police constate que l'enfant avait un intérêt avéré pour des contenus à tendance religieuse et radicale. Tout se déroulait depuis sa chambre, sur internet, les réseaux sociaux ou les jeux en ligne. L’enfant regardait des vidéos de tueries, des contenus de propagande djihadiste, des chants religieux. Sur les messageries cryptées, les enquêteurs ont découvert des fichiers, échanges autour du thème des explosifs, des photos de massacre de personnes réelles ou virtuelles créées sur les plateformes de jeux vidéos que le jeune garçon affectionnait. Le petit garçon utilisait même sur certains comptes le même pseudo qu’un véritable terroriste américain. La propagande numérique de l'État islamique (EI) était très présente.
Entendu dès le 12 juin par les enquêteurs, l’enfant de 12 ans a reconnu les faits, sans pour autant expliquer davantage ses actes. Aurait-il pu passer à l’acte ? La justice n’est pas en mesure de le dire pour l’instant.
Un enfant "fragile et perdu" selon le procureur
Le temps de l’enquête et l’interrogatoire des autres membres de la famille, le jeune garçon a fait l’objet d’une mesure de placement provisoire. Il a été hospitalisé par crainte de tentative de suicide. “On a un enfant de 12 ans qui présente une importante fragilité” précise le procureur. Sa mère, et son père qui vit dans un autre département que le Doubs, ont été placés en garde à vue et ont expliqué n’avoir pas vu de signe de radicalisation.
Le 28 juin, l’enfant a pu être présenté devant le juge des enfants. Il a gardé le silence. Il est poursuivi au pénal pour apologie du terrorisme sur internet et provocation au terrorisme. Compte tenu de son âge, moins de 13 ans, l'enfant ne pourra faire l’objet que de sanctions éducatives et mesure de placement.
Dans le cadre de l’enquête, une expertise psychiatrique a été ordonnée. Elle n’est pas terminée, mais a révélé déjà des troubles du développement et de l’image de soi depuis l’enfance. Le psychiatre a dénoté une altération du discernement chez cet enfant.
L’enquête se poursuit avec d’autres investigations en cours, pour tenter de comprendre la bascule à partir de juillet 2022 d’un si jeune enfant dans l’univers du terrorisme. Le jeune garçon sera jugé fin aout à huis clos par le juge des enfants. Il est en attendu pris en charge dans une structure spécialisée de la protection judiciaire de la jeunesse où une prise en charge médicale est en place.