Le charnier de renards avait été découvert dans le Jura, en mars 2024. Un louvetier a reconnu les faits. Mandaté par une mairie pour abattre les animaux, il n'était en revanche pas autorisé à les laisser se décomposer près d'une rivière, qui plus est dans un parc naturel régional.
Il n'est pas rare de retrouver des charniers d'animaux dans la nature. Mais en raison de son ampleur et de sa diffusion sur les réseaux sociaux, celui-ci a fait parler de lui. En mars dernier, un pêcheur retrouve entre 20 et 30 cadavres de renards près de la Lemme, une rivière du Haut-Jura.
"Un carnage ! Mais qui fait ça ?", s'exclame alors le pêcheur sur Facebook, dans la vidéo ci-dessous, suscitant l'indignation de certains internautes, et la réaction de plusieurs associations de protection de l'environnement, qui portent plainte dans la foulée.
Un louvetier vient d'être condamné, ce jeudi 23 mai, au tribunal correctionnel de Besançon. ll devra payer 500 euros d'amende et plus de 10 000€ d'indemnités aux associations qui se sont constituées parties civiles.
Mandaté pour tuer les renards
Il avait reconnu les faits quelques jours après la découverte du charnier. Le but de l'audience n'était donc pas de déterminer sa culpabilité, mais plutôt la teneur de sa peine.
Les avocats n'ont pas non plus discuté du bien-fondé de cette battue de renards, car le mis en cause était autorisé à les tuer. C'était même sa mission. Environ 80 en Franche-Comté, les louvetiers sont des chasseurs mandatés par l'État pour abattre des espèces nuisibles.
C'est donc la mairie de Fort-du-Plasne qui lui avait demandé de "prélever" des renards aux alentours. En France, des associations dénoncent un "acharnement" contre les renards en pointant l'impact bénéfique de ces espèces pour l'environnement. Mais ce n'était pas le débat du jour.
Un secteur protégé du Haut-Jura
Le louvetier était uniquement poursuivi pour abandon d'animaux. Il avait le droit de tuer les renards, mais pas de les laisser là, alors qu'il existe des poubelles dédiées aux carcasses animales.
Le nombre de renards (environ 25) et leur lieu de dépôt n'ont fait qu'aggraver son cas. Le regroupement de cadavres au même endroit augmente effectivement les risques de pollution et de prolifération de maladies.
Et l'endroit était d'autant plus mal choisi que la Lemme est un réservoir biologique, situé dans un secteur protégé, à savoir le parc régional naturel du Haut-Jura. Toutefois l'impact concret du charnier sur l'eau et les poissons n'a pas pu être caractérisé : les cadavres ont été retirés avant d'éventuelles analyses.
Louvetier, un travail bénévole
Selon les associations de protection de l'environnement présentes à l'audience, cet acte est d'autant moins pardonnable que le louvetier, qui plus est policier de fonction, devait agir en connaissance de la loi. Elles espèrent que cette condamnation envoie un signal fort au monde de la chasse et aux louvetiers de la région.
De son côté, l'avocat de la défense a tenu à rappeler que les louvetiers "ne tuent pas des animaux pour le plaisir". Ce sont des bénévoles qui assurent selon lui "des missions d''intérêt général", "bien souvent de nuit, et à leur frais".
Maître Olivier Legrand a également ajouté que la responsabilité civile de la mairie de Fort-du-Plasne, bien que non engagée dans ce dossier, est tout de même à considérer.