Considéré comme "nuisible", le renard fait partie de ces espèces dont la destruction est facilitée. Un statut que dénonce One Voice, qui espère faire cesser les battues contre cet animal, notamment dans la Nièvre.
Il fait partie des "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts". Un statut qui rend le prélèvement du renard, comme des autres animaux dits "nuisibles", particulièrement aisé. Un arrêté ministériel en date du 3 août 2023 entérine en effet que le renard peut être piégé et déterré tout l'année, et "détruit à tir sur autorisation individuelle délivrée par le préfet".
"Il y a 10 000 renards tués dans la Nièvre chaque année"
Pour l'association de défense de l'environnement et des animaux One Voice, cette décision représente un "acharnement" contre l'animal. En réaction, elle a déposé un recours devant le Conseil d'État pour casser l'arrêté. L'objectif est d'interrompre ce que le collectif qualifie de "massacre" des animaux "nuisibles". Comme dans la Nièvre, où des battues administratives ont été organisées en août 2022, incluant le recours à des tirs de nuit.
"Dans plusieurs communes du département, des chasseurs ont reçu l'autorisation d'aller tuer les renards", détaille Nicolas Yahyaoui, juriste et chargé de campagne pour One Voice. "C'est absurde, parce qu'il y a 10 000 renards tués dans la Nièvre chaque année. Ils peuvent déjà être déterrés et tués toute l'année. Tout le monde peut en faire la demande."
Dans les pays où on chasse moins les renards, il n'y a pas d'explosion de leur population.
Nicolas Yahyaoui,juriste et chargé de campagne pour One Voice
Une décision d'autant plus incompréhensible pour l'association que "les renards sont également bénéfiques à la biodiversité et à l'Homme". "Ils limitent notamment la propagation de la maladie de Lyme et régulent les populations de campagnols", précise Nicolas Yahyaoui. "Et c'est une espèce qui s'auto-régule efficacement : dans les pays où on les chasse moins, il n'y a pas d'explosion de leur population."
L'association a donc porté l'affaire devant la justice. Une audience doit avoir lieu devant le tribunal administratif de Dijon dans les prochaines semaines. En juin dernier, un tribunal avait déjà annulé a posteriori une autorisation de battue administrative dans le Jura, contre des corneilles noires et corbeux freux.
Le lobby de la chasse mis en cause
Pour One Voice, ces battues, autorisées par les préfets, visent à satisfaire le lobby de la chasse : "dans la Nièvre, elles ont été justifiées par le fait que les renards s'attaquaient trop aux perdrix et aux faisans. Mais comme ceux-ci sont relâchés par les chasseurs pour qu'ils puissent les tuer ensuite, ça leur faisait de la concurrence." Ce que réfute la fédération départementale des chasseurs (FDC).
► À LIRE AUSSI - Chère, masculine, délaissée par les jeunes : trois idées reçues (ou pas) sur la chasse
"Les arrêtés pris par le préfet viennent compléter des objectifs annuels de chasse", explique Benjamin Gauthier, du service technique de la FDC 58. "Le renard est un animal opportuniste : il se dirige volontiers sur le petit gibier. Or, la prédation est le facteur de pression numéro 1 sur ce type de gibier."
Les chasseurs ont conscience qu'il faut une biodiversité générale. C'est bénéfique non seulement pour toutes les espèces, mais aussi pour les chasseurs eux-mêmes.
Benjamin Gauthier,fédération départementale des chasseurs de la Nièvre
Si les chasseurs font parfois la demande de "réguler les populations" sur certains certains secteurs, l'objectif n'est pas pour autant "d'éradiquer l'espèce". "Les chasseurs ont conscience qu'il faut une biodiversité générale. C'est bénéfique non seulement pour toutes les espèces, mais aussi pour les chasseurs eux-mêmes", poursuit Benjamin Gauthier. "Mais il nous arrive de constater des dérèglements dans certaines populations, alors une régulation peut être le moyen de le compenser."
Selon les sources, on estime qu'entre 500 000 et 600 000 renards sont tués chaque année en France.