5 questions à Michel Buzon, journaliste à France 3

Depuis 1978, Michel Buzon a vu évoluer la télévision régionale en Franche-Comté. Rencontre avec l'une des figures et mémoires de la rédaction. 

  • En quoi consiste aujourd'hui le métier de journaliste rédacteur à France 3 Franche-Comté ?

Aujourd’hui, comme hier, la difficulté c’est de le rester (journaliste), avec rigueur et simplicité, sans dériver vers les sirènes de l’audimat, du « tape à l’œil », sans avoir peur  de ne pas forcément être dans le » ton » général. C’est là que le service public fait valoir sa différence. Être réactif, certes, mais pas à n’importe quel prix, sans être formaté à l’extrême. En région, nous avons toujours eu la chance de pouvoir travailler certains reportages ou magazines  sur un autre rythme, un autre souffle. Ces espaces sont précieux et complémentaires.


  • Comment devient-on journaliste à la télé ? 

Je suis entré au CUEJ (Centre universitaire  d’enseignement du journalisme à Strasbourg) sur concours en 1976 mais rien ne remplace l’aptitude, la motivation et surtout l’apprentissage sur le terrain qui est valable jusqu’en fin de carrière. Les jeunes arrivent aujourd'hui dans un contexte difficile mais je ne veux pas faire le vieux con qui donne des conseils. Chacun trace sa route. Chaque identité est différente et c’est tant mieux si on ne perd pas de vue que ce métier n’est pas du show-biz.


  • Les progrès technologiques ont-ils changé le quotidien du journaliste ?

Les nouveaux outils doivent nous permettre de vivre avec notre temps. Ils doivent être une force et pas une entrave. Du film au numérique, la forme a fait des pas de géant. Le fond doit rester le socle qui a toujours guidé les journalistes dans leur mission avec davantage de vigilance et de rigueur encore à l’ère d’internet, notamment sur les sources.


  • Travailler pour une télévision de service public, ça veut dire quoi au quotidien ?

Toutes les questions sont étroitement liées. Les réponses qui me viennent aussi. J’ai fait ce métier essentiellement au départ pour évoquer des « faits » ou parler de personnes, d’associations, d’artistes, de mouvements dont on parle moins en équilibre avec l’actualité qui paraît plus « évidente ».En dehors du traitement , le choix et la hiérarchie de l’information sont primordiaux  pour marquer la « patte » du service public. Il faut arrêter de penser que l’on doit « servir » ce que les gens sont sensés attendre. Bien des chaînes sont déjà sur ce créneau. La part de découverte et l’enrichissement font partie du cadeau que nous servons, que nous devons servir au quotidien.

  • Un de tes meilleurs souvenirs, ou une chouette rencontre ?

Il y en a tellement. L’entretien avec un Claude Nougaro « chaviré », revenu chanter dans le théâtre de Besançon dirigé autrefois par son père Pierre. Le ravissement d’un Jean Lacouture répondant sans réserve à un jeune journaliste ayant « lui au moins » vraiment lu son livre. Et puis, le tournage du clip «Les dingues et les paumés» de Thiéfaine avec mes collègues Richard et Abou en 1982 dans la prison désaffectée de Dole et sur le site de l’ancienne usine de Moulin-rouge, des décors aujourd’hui détruits. Mon coup de cœur déclaré après la réception au courrier de l’enregistrement d’une jeune artiste inconnue à cette époque  Mina Agossi  que je décide d’inviter pour une séquence de l’émission « C’est signé » dans les années 90  avant « explosion » totale.

Choisir, informer, sans suivre une tendance, une médiatisation, c’est une belle facette du métier. « C’est signé » magazine culturel en direct et en public durant près de dix ans reste pour moi le plus bel espace de partage que j’ai connu et conçu, à la fois avec les téléspectateurs, les artistes et les collègues. Un vrai bonheur collectif !

 

Comment devenir journaliste ?
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