Affaire Péchier : l'anesthésiste de Besançon désormais soupçonné de 26 cas d’empoisonnements dont 10 mortels

Frédéric Péchier, anesthésiste a été mis en examen ce 8 mars 2023 pour 2 nouveaux cas, et non pas 7 comme l'a annoncé en milieu d'après-midi son avocat.

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Il n'a fait aucun commentaire vers 9 heures, à son arrivée dans la cour du palais de justice. Frédéric Péchier actuellement libre sous contrôle judiciaire était convoqué ce 8 mars dans le bureau de la juge d'instruction Marjolaine Poinsard. On sait que de nouvelles contre-expertises médicales ont commencé à arriver sur le bureau de la juge dans cette affaire judiciaire longue et complexe. 

En fin d'après-midi, le procureur de la République Etienne Manteaux a annoncé la mise en examen de Frédéric Péchier, pour deux nouveaux cas d'empoisonnement dont un cas mortel. Il est placé sous le statut de témoin assisté pour un autre cas sur un patient qui n'est pas décédé. 

Un peu plus tôt, l'avocat de Frédéric Péchier, Me Randall Schwerdorffer avait annoncé la mise en examen de son client pour sept nouveaux empoisonnements présumés de patients. En fait, Frédéric Péchier sera à nouveau reçu par la juge d'instruction le 22 mars pour cinq autres cas, ce qui pourrait venir alourdir dans les jours à venir le nombre de ses mises en examen.

Le docteur Péchier a gardé le silence face à la magistrate a indiqué son avocat. La défense va contester ces nouvelles mises en examen devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon, a précisé Me Schwerdorffer. 

Quatre ans sans être entendu dans ce dossier 

Etienne Manteaux, le procureur s’est étonné que le médecin ait gardé le silence ce 8 mars, alors qu’il réclamait à être interrogé depuis ces dernières années, mais cela reste bien entendu son droit. Le procureur a expliqué que depuis quatre ans effectivement Frédéric Péchier, n’avait pas pu être interrogé. Des contre expertises lacunaires en décembre 2020 ont nécessité la désignation de contre experts à nouveau dans ce dossier. La pandémie covid est ensuite arrivée. Par la suite, Fréderic Péchier a fait une grave chute, il a été indisponible pendant plusieurs mois.

Une première mis en examen qui remonte à 2017

Frédéric Péchier, 51 ans, est soupçonné à l'heure qu'il est de 32 cas d'empoisonnements dont 13 mortels. Mis en examen en 2017 pour sept premiers cas, il l'avait été une seconde fois en mai 2019 pour 17 autres cas, soient 24 empoisonnements, dont neuf mortels. 

Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

“On est toujours sur un dossier de construction intellectuelle” dénonce la défense, sans preuves

Pour Me Randall Schwerdorffer, la justice n’a toujours pas de preuves matérielles envers le Dr Péchier. “On ne cesse de l’alourdir, est ce pour autant que le dossier s'étoffe de ce qui nous intéresse, des preuves à l’encontre de Frédéric Péchier, des indices contre Frédéric Péchier, certainement pas” déclare l’avocat. “Le dossier est toujours au même point qu’en mars 2017 quand il a été ouvert, en termes de carences concernant la preuve de l’implication de Frédéric Péchier. On est toujours sur un dossier de construction intellectuelle” estime Me Schwerdorffer qui dénonce un dossier fragile, à charge.

Comment l'ancien anesthésiste vit-il ces nouvelles mises en examen ?  “Il est très fragile, très éprouvé, avec de la résignation. Cela fait six ans qu’on lui a enlevé sa vie. Il a compris que plus rien ne serait jamais normal, et plus rien ne serait jamais comme avant quoiqu’il se passe dans son affaire y compris si in fine la justice finit par l’innocenter” estime l’avocat de l'anesthésiste.

L'anesthésiste n’a plus le droit d’exercer la médecine

Frédéric Péchier vit dans la Vienne. Dernièrement son contrôle judiciaire a été allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été hospitalisé plusieurs semaines.

Selon Me Schwerdorffer, son client "a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d'exercer la médecine", alors qu'une précédente décision de justice ne lui interdisait que la pratique de l'anesthésie et de la réanimation. La défense a fait appel de cette interdiction, a-t-il souligné.

Avec Stéphanie Bourgeot, Emmanuel Rivallain et AFP

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