Attentat dans un lycée d'Arras : "Nous nous sentons en danger", 25 professeurs d'un lycée exercent leur droit de retrait à cause de problèmes de sécurité à Besançon

Alors que la surveillance a été renforcée dans les établissements scolaires de France à la suite de l'assassinat d'un professeur d'histoire par un extrémiste islamiste à Arras, le 13 octobre, des professeurs de Besançon (Doubs) dénoncent le manque de sécurité dans leur établissement. Ils ont exercé leur droit de retrait. Explications.

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Les cours sont fortement perturbés ce mardi 17 octobre au lycée Jules Haag, sur le site Marceau situé 25 Avenue Commandant Marceau, à Besançon. En effet, environ deux tiers des professeurs, soit 25 personnes, ont décidé d'exercer leur droit de retrait et dénoncent un manque de sécurité pour eux et leurs élèves, dans un contexte particulièrement anxiogène à la suite de l'assassinat de Dominique Bernard, enseignant tué par un ancien élève radicalisé, à Arras le 13 octobre dernier.

Alors que le plan Vigipirate a été activé dans tous les établissements scolaires de France, les enseignants de cette structure éducative tirent la sonnette d'alarme et dressent la liste de nombreux dysfonctionnements "récurrents depuis plusieurs années"

Nous nous sentons en danger et en insécurité. Notre employeur n'assure pas notre sécurité.

L'intersyndicale du lycée Jules Haag site Marceau

Ils ont écrit au rectorat le 16 octobre et espéraient être reçus dans la foulée, ou au moins obtenir une réponse. Cela n'a, pour l'instant, pas été le cas. "On s’attendait à être reçu et que des décisions urgentes soient prises. On est inquiets clairement, dans un contexte comme celui-là, on se dit que si ce qui s'est passé à Arras nous arrivait, on ne pourrait rien faire du tout", nous explique Frédéric Diaz, délégué syndical qui intervient dans le cadre de l’intersyndicale SDEN-CGT, SNETAA-FO, SNUEP-FSU. "C’est une urgence", martèle ce dernier.

Deux armes létales introduites dans le lycée

"La liste des problèmes est longue", nous confirme le professeur. Parmi les nombreux points soulevés, on retrouve par exemple le fait que "tout le monde" peut rentrer dans l'enceinte du lycée professionnel, qui partage ses locaux avec un collège ou encore des apprenants adultes du GRETA. D'autres faits graves, comme des alarmes défectueuses, sont également notés. Plus inquiétant encore, deux armes létales ont été introduites dans le lycée la semaine dernière.

"Les abords ne sont pas sécurisés", "des personnes extérieures pénètrent à l'intérieur de l'établissement régulièrement, voire dans des salles de cours, ou des élèves se font même livrer des pizzas", "aucune porte ne peut être bloquée à distance", "manque d'assistants d'éducation qui fait que la surveillance n'est pas assurée à certains moments", peut-on lire sur le document envoyé au rectorat. "On n’a pas de filtrage à l’internat par exemple. L’alarme de l’internat ne fonctionne plus. On peut faire rentrer n’importe qui dans le lycée, même de nuit, c’est tout à fait faisable", détaille Frédéric Diaz. Et d'ajouter : "La liste est longue et je pense qu’elle n’est pas exhaustive."

Le mouvement des professeurs pourrait se poursuivre, sans réaction du rectorat. L'intersyndicale pointe du doigt un manque de considération. "Des remontées sont faites par les services de scolarité et lorsqu’elles sont classées sans suite, on est en droit de s’inquiéter. Le rectorat ne fait pas son travail. On ne peut pas traiter les problèmes avec mépris".

"Cela relève de la responsabilité de la Région"

Joint par nos soins, le rectorat de Besançon précise qu'une réponse va être adressée au courrier reçu et qu'une audience va être accordée aux représentants du personnel "dans les meilleurs délais". Concernant la plupart des revendications liées aux dispositifs de sécurité défaillants, "cela relève de la responsabilité de la Région" nous a-t-on expliqué.

Deux armes létales ont bien été introduites dans l'établissement. "Un élève a sorti un couteau en cours et a demandé au prof s'il pouvait tailler son crayon avec". Ce dernier a été sanctionné et expulsé une journée de l'établissement, précise le rectorat. "Concernant la deuxième arme, il s'agissait d'un groupe de jeunes poursuivant un élève du lycée avec qui il y avait eu une bagarre", nous fait-on savoir.

Concernant le manque d'assistants d'éducation (AED) dénoncé par l'intersyndicale, le rectorat explique que le lycée Jules Haag dispose pour les AED de l'équivalent de 22,5 temps plein "alors qu'ils devraient disposer de 21,75 selon les dotations classiques". Et de préciser que la répartition des temps plein est aux mains du directeur d'établissement. 

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