Le syndicat Sud Santé Sociaux réagit après la mort d’un homme de 84 ans pris en charge le 4 janvier 2023 aux urgences. Selon une soignante qui s’est confiée à l’Est Républicain, l’homme aurait attendu 18 heures avant de passer un scanner.
Le CHU de Besançon via une commission de travail doit déterminer les circonstances de ce décès. Le CHU précise que l’octogénaire avait déjà été pris en charge aux urgences le 31 janvier où il avait déjà attendu 20 heures. Le 4 janvier, le personnel lui a fait passer un scanner, et c’est après cet examen que le patient est décédé. Il est mort selon le CHU d’une aggravation subite de sa pathologie. “Les premiers éléments recueillis à ce stade ne permettent pas de faire le lien entre les tensions très fortes que subissent les urgences, y compris ces jours-là, et le décès de ce patient” affirmait dimanche 8 janvier à France 3 Franche-Comté la direction du CHU de Besançon.
Deux décès aux urgences en décembre “de manière pas très digne”
Pour Gérald Binetruy, ambulancier responsable syndical Sud Santé Sociaux, la situation des urgences à Besançon est plus qu’en tension. “Il est considéré qu’à 30 patients, le service des urgences est en tension. On a des pics régulièrement à 80 patients simultanés, c’est la réalité du terrain. Malheureusement, 30 patients, qui est une situation de crise est devenue une situation normale, le fonctionnement classique des urgences” dénonce le syndicaliste interviewé par notre journaliste Stéphanie Bourgeot.
Par deux fois en décembre, le syndicat a été appelé par le personnel. “On a trouvé du personnel clairement en pleurs, ou complètement sous la vague, un peu hébété, car plus possible de faire pour eux, trop de monde” résume Gérald Binetruy. Deux patients sont décédés aux urgences en décembre. Cela arrive parfois, mais pour ces deux cas, le manque de moyens a-t-il eu des conséquences ? “On a eu deux patients décédés aux urgences en fin d'année, de manière pas très digne. Des patients qui étaient aux urgences depuis un certain temps et qui attendaient une ambulance, et qui ne sont pas rentrés chez eux. Et une autre personne qui est décédée aux toilettes sur un brancard, personne ne s’en est rendu compte", précise-t-il.
À chaque situation de crise aux urgences, le syndicat Sud Santé dit avoir alerté la direction et les cadres de garde. Il réclame des moyens pour le CHU de Besançon qui comme tous les hôpitaux de France est confronté à une fermeture de lits (une centaine à Besançon), un manque de personnels, le manque de médecins libéraux en ville, et une file d’attente aux urgences.
La majorité des gens qui viennent aux urgences cherchent des soins et l'hôpital est peut-être le dernier endroit où ils peuvent en trouver.
Gérald Binetruy, ambulancier Sud Santé sociaux CHU de Besançon
Un manque d'ambulances
Le syndicaliste pointe du doigt une autre difficulté. Le manque d'ambulances pour ramener les patients chez eux. "Pour le moment, le soir et le weekend, il n'y pas assez d'ambulances pour ramener les gens chez eux. Donc on est obligés de la conserver sur un brancard jusqu'à ce qu'une ambulance soit disponible le lendemain".
C'est trop long, trop long quand on souffre, et pour avoir un diagnostic".
150 décès aux urgences en France en décembre ?
En France, le syndicat Samu - Urgences de France estime que 23 personnes sont décédées sur un brancard aux urgences en décembre 2022 faute de prise en charge rapide. Un chiffre sous-estimé selon le syndicat car il regroupe les données de 13 départements uniquement. En extrapolant, SAMU – Urgences de France juge l’estimation plus proche de 150 décès aux urgences en France, juste pour le mois de décembre. 20 % des décès serait dû selon le syndicat à une mauvaise prise en charge pré-hospitalière, par exemple au fait qu’aucun véhicule n’était disponible pour aller chercher le patient là où il se trouvait.