Adolescente tondue à Besançon: sa famille n'a "rien à faire sur le sol national" selon Gérald Darmanin

Une adolescente musulmane a été violemment frappée par sa famille à Besançon en raison de sa relation sentimentale avec un Chrétien. Cette famille est sous le coup d'une procédure d'expulsion. Le ministre de l'intérieur assure que les mises en cause seront reconduits à la frontière.

Une semaine après les faits, les réactions sont encore nombreuses. Ce dimanche, le ministre de l'Intérieur a réagi une seconde fois sur Twitter à ces actes de violence envers une mineur. Pour Gérald Darmanin, les adultes responsables des coups portés et de la tonte de l'adolescente  seront reconduits à la frontière dès la fin de la procédure judiciaire car "ils n’ont rien à faire sur le sol national".
 


Lundi 17 août, les parents, l'oncle et la tante d'une adolescente musulmane de 17 ans originaire de Bosnie-Herzégovine l'ont tondue et violemment frappée à Besançon, lui reprochant une liaison avec un jeune serbe chrétien, avait-t-on appris vendredi auprès du parquet de Besançon. 

Alertée, la police a placé en garde à vue les quatre adultes, présentés au parquet jeudi puis à un juge des libertés et de la détention. Placés sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction de contacter l'adolescente, ils seront jugés pour "violences sur mineur en présence de mineurs et en réunion", d'ici à l'automne, a indiqué à l'AFP Margaret Parietti, vice-procureure, confirmant une information de l'Est Républicain.
 

La maire de Besançon, Anne Vignot (EELV) a condamné les violences à l'égard de cette jeune fille. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est dit "profondément choqué par cet acte de torture sur cette jeune fille de 17 ans. (...) Cette barbarie appelle les sanctions les plus sévères."
 

La jeune fille, arrivée de Bosnie-Herzégovine il y a plus de deux ans avec sa famille, entretenait depuis plusieurs mois une relation avec un garçon d'origine serbe qui vivait dans le même immeuble, dans le quartier des Clairs-Soleil à Besançon.

"Les deux familles se connaissaient et (leur relation) ne posait pas de problème, mais quand les jeunes ont commencé à parler de mariage, les parents de la jeune fille lui ont dit : 'Nous sommes musulmans, tu ne te marieras pas avec un chrétien'", a relaté Mme Parietti à l'AFP.

Une côte cassée

La jeune fille est alors privée de téléphone et empêchée de contacter son ami. Puis les deux adolescents décident de s'enfuir pendant quatre jours tout en gardant le contact avec leurs parents respectifs. A leur retour, ils se rendent lundi au domicile de la famille de l'adolescente, accompagnés des parents du garçon.

"La première gifle est partie de la mère, puis il y a eu un déferlement de violence. Elle est emmenée dans une chambre, violentée. Elle a été tondue, selon ses déclarations, par son oncle, le frère de son père, tout en étant frappée", a détaillé la magistrate, soulignant qu'elle avait auparavant "60 cm de cheveux".

Un médecin lui a délivré une incapacité totale de travail (ITT) de 14 jours : elle souffre d'une côte cassée et d'hématomes "un peu partout", notamment "au niveau d'une oreille, ce qui est caractéristique d'une traction", selon la vice-procureure. Les parents sont aussi poursuivis pour avoir frappé l'adolescente depuis leur arrivée en France. La jeune fille, qui a dénoncé ces faits, a été placée "sous protection judiciaire dans une structure adaptée", toujours selon le parquet.

Après avoir été définitivement déboutés du droit d'asile en décembre 2019, les parents de l'adolescente faisaient l'objet d'une obligation de quitter le territoire français, a indiqué le secrétaire général de la préfecture du Doubs, Jean-Philippe Setbon. Parents de cinq enfants, ils avaient alors demandé à bénéficier d'une aide au retour volontaire, mais la procédure s'était arrêtée avec l'épidémie de coronavirus et la fermeture des frontières de Bosnie-Herzégovine. 
"Il va falloir attendre le jugement pour négocier un éloignement", a ajouté M. Setbon, précisant que la jeune fille, sous protection judiciaire dans une structure adaptée, ne sera pas concernée par cette mesure. L'oncle et la tante, arrivés en France en 2016, bénéficient d'un statut de réfugiés qui pourrait leur être retiré "vu leur implication, en fonction du jugement", a encore prévenu M. Setbon.
    
Lundi dernier, après une fugue de quatre jours, les deux adolescents s'étaient rendus au domicile familial de la jeune fille accompagnés des parents du garçon. Mais la situation avait rapidement dégénéré. Selon les déclarations de la victime, c'est son oncle, à la demande de son père, qui lui a passé la tondeuse et coupé ses longs cheveux.

La guerre de Bosnie (1992-95) qui a opposé musulmans, croates et serbes a laissé de profondes cicatrices au sein de ces communautés. Près de 100 000 personnes ont perdu la vie lors de ce conflit et 2,2 millions se sont retrouvées sans abri.
 
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