Les deux associations occupent les Jardins des Vaîtes à Besançon pour s’opposer à la construction d’un écoquartier. La police est arrivée en fin de matinée pour tenter d’évacuer les 80 manifestants.
A Besançon, sur des terrains vides, des femmes et des hommes se pressent ce mercredi 17 juin. Ce matin-là, les branches bisontines d’Extinction Rebellion (XR) et d’Action Non Violente Cop-21 (ANV-COP21) répondent à l’appel national à agir contre la réintoxication du monde. Militantes et militants veulent ainsi occuper le Jardin des Vaîtes – la mairie souhaitant utiliser ces 34 hectares pour construire un écoquartier.
L’événement se veut non-violent. L’ambiance est bon enfant entre les 80 protagonistes. Une demi-douzaine de personnes commence à bêcher pour créer un potager, quand d’autres érigent une tour de guet, avec des planches de bois. Juste en bas de cette construction, Charlotte se dresse. La jeune femme justifie cette action de désobéissance civile : « On a plus le temps. Les manifs, les pétitions, ça ne suffit plus. On est là pour passer la seconde : il faut faire vite, il faut agir. »
L’écoquartier des Vaîtes : un « projet de bétonisation massif »
La raison d’être de cette tour : les personnes en haut seront plus difficilement délogeables. Et Charlotte le rappelle : « Les Vaîtes signifient étymologiquement la "tour de guet" ». L’avantage, c’est aussi de pouvoir prévenir de l’arrivée des policiers et des pelleteuses. Charlotte réitère son engagement : « S’il faut se coucher devant les pelleteuses pour protéger cette biodiversité, nous le ferons. »
Car l’écoquartier est vu comme un « projet de bétonisation massif » pour les deux associations. Le terrain appartenant à Territoire 25, partenaire de la Ville de Besançon. La société a d’ailleurs porté plainte contre les manifestants. Il est environ midi lorsque des camions de policiers arrivent. Les militants encerclent la tour, bras dessus, bras dessous : toutes et tous décidés à protéger la construction en bois.
Début de l’intervention policière
Les policiers bousculent quelque peu les manifestants, pour se mettre juste entre eux et la tour, et tenter de déformer leur ronde. De manière disparate, mais répétée, on entend : « Doucement la police, on fait ça pour vos enfants », ou bien encore « Nous faisons une action non violente. » En haut de la colonne de bois, se trouvent une femme et trois hommes, plutôt souriants.
Tous décident de s’asseoir, pour rendre l’évacuation plus compliquée pour la police. Michel, la soixantaine, raconte : « Nous ne pensions jamais que les forces de l’ordre interviendraient. Nous sommes effectivement dans notre droit : nous occupons un terrain de jardinage. Nous avons été très surpris. »
« Aux arbres citoyens »
Jusqu’à 14 heures, policiers et manifestants attendent. Malgré trois interpellations pour des contrôles d’identité, l’ambiance demeure détendue entre policiers et militants. Charles, du haut de la tour, blague : « Si les policiers viennent nous chercher, faut qu’ils nous évacuent en toute sécurité. Avec un hélicoptère, peut-être ? » Le cercle se relâche un peu : pour tenir, certains se ravitaillent en eau et en gâteaux. Les chants s’enchaînent dont une reprise de Yannick Noah, arrangée pour l’occasion : « Puisqu’il faut changer les choses, aux arbres citoyens ».
Après un point sur la stratégie à adopter pour le reste de la journée, certains partent, d’autres arrivent. « Je viens pour planter mon basilic », lance même une nouvelle venue. La pluie s’abat subitement vers 14 heures 30. Des bâches recouvrent les manifestants, en haut de la tour, comme à côté du potager. Mais la plupart des militants se réfugient sous un stand de fortune. Vingt minutes plus tard, aux alentours de 15 heures, les policiers se retirent, sous les applaudissements des 80 personnes. Le parquet a décidé que l’action des deux associations ne nécessitait pas d’évacuation des forces de l’ordre.