L'affaire de la rénovation de la statue de Victor Hugo de Besançon suscite la curiosité outre-Atlantique. Le New York Times, magazine américain, consacre un article à cette controverse locale de novembre 2022.
La Ville de Besançon se serait bien passée de la polémique autour de la couleur de peau de la statue de Victor Hugo devant l'hôtel de ville, vandalisée avec de la peinture blanche. Malgré tout, la controverse de novembre 2022 suscite l'intérêt aux États-Unis et notamment du magazine New York Times qui lui a consacré un article le 31 décembre 2022. Pour la journaliste, l'affaire témoigne de la façon bien particulière de la France d'aborder son passé colonial.
La France face à son passé colonial
Reprenant les informations des médias locaux pour relater cette sombre histoire de patine, l'autrice de l'article, Catherine Porter, compare les points de vue des sociétés française et américaine face à la colonisation et à l'esclavage, en interrogeant notamment deux chercheurs.
Au lieu de retirer les statues, nous les recouvrons de peinture, nous les repeignons pour qu'elles correspondent à l'air du temps. C'est symbolique, mais ça reste une violence.
Xavier-Laurent Salvadordirecteur de l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires
Si le mouvement #BlackLivesMatter, en réaction à la mort de Georges Floyd en 2020 a mené au déboulonnage de statues honorant des personnalités liées à l'esclavagisme aux États-Unis, la France et ne semble pas engager de réflexion sur cette question. On colle sur ce genre de débat l'étiquette "wokisme", terme justement importé des États-Unis mais à la connotation péjorative lorsqu'elle est utilisée les politiques dans l'Hexagone.
"Qualifier quelqu'un de "woke" est une manière pure et simple de discréditer toute vision critique sur l'Histoire, toute action anti-raciste, et cela peut rapidement dégénérer en chasse aux sorcières," juge Fabrice Riceputi, historien bisontin spécialisé dans l'histoire coloniale française en Algérie. Et la journaliste de rapporter qu'une autre statue en pied de Victor Hugo, réalisée par Auguste Rodin et le représentant noir et nu, n'avait pas suscité de polémique lorsqu'elle fut offerte, début décembre, à la Ville de Besançon.
Une histoire de couleur
En novembre 2022, la restauration de la statue de Victor Hugo, livrée en 2003 par l'artiste sénégalais Ousmane Sow, a déclenché une vague d'indignation. Certains reprochant à la municipalité écologiste d'avoir commandé ce visage "noir". Partie de quelques internautes, la controverse s'est propagée à la sphère politique, qui s'est émue de la couleur ocre foncé de la patine de la statue, qui donnait au plus illustre des Bisontins un teint africain. L'œuvre avait été vandalisée par deux jeunes militants d'extrême-droite, jugés à partir du 27 janvier devant le tribunal correctionnel de Besançon.