Besançon : des lycéens ouvrent un site internet en hommage aux résistants et déportés de leur établissement

A Besançon, le lycée Jules Haag, ancienne école nationale d’horlogerie, ouvre ce jeudi 27 mai dans le cadre de la journée nationale de la Résistance, un site internet réalisé par des élèves et enseignants. 74 anciens élèves de ce lycée ont perdu la vie au moment de la seconde Guerre Mondiale.

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En cette journée nationale de la Résistance, l’heure est au souvenir. Des élèves du lycées Jules Haag et du lycée Adrien Paris ont participé à la cérémonie au monument des fusillés à La Citadelle de Besançon. Ils ont égrainé, un à un, les noms des 100 hommes fusillés en 1943 par l'occupant allemand. Parmi eux, deux étaient des anciens élèves de l'Horlo, une école de Besançon : René Roussey et Philippe Gladoux.

L’histoire de la seconde Guerre Mondiale n’échappe pas aux jeunes lycéens du Jules Haag. Dans l’entrée de leur établissement, des plaques rappellent l’épisode sombre de notre histoire.

“Sur ces plaques, ce ne sont pas juste 80 noms, derrière ces noms il y a des jeunes gens comme vous et nous. Pour les plus jeunes, ils avaient notre âge lorsqu’ils ont fait le choix d’accomplir leur devoir envers notre patrie. Ils avaient une famille, des amis mais en connaissance de causes ils ont donné leur vie afin de libérer la France de l’occupant nazi” a rappelé le discours écrit par Andréane Calinon.

L’école nationale d’horlo, et des élèves qui manquent à l’appel

Durant la seconde Guerre Mondiale, le lycée situé au dessus du centre-ville de Besançon, a perdu beaucoup de ses élèves. Des jeunes mobilisés dans l’armée, certains déportés en Allemagne à cause du Service du Travail Obligatoire et d’autres qui ont rejoint la Résistance intérieure. “Certes, nous vivons une période compliquée, néanmoins il ne faut pas oublier qu’il y a 80 ans environ, ces jeunes étaient plongés dans l’horreur de la guerre et pour certains, sous le coup d’un dilemme moral déchirant : dénoncer leurs amis ou être responsable de la mort de leur famille : c’est ainsi que Michel CHAPOUTOT alors à peine âgé de 17 ans a été arrêté puis déporté, dénoncé par un camarade qui a eu à faire ce choix cornélien. Parmi les élèves entrés en résistance, deux appartenaient au groupe Guy MOCQUET. Il s’agit de Philippe GLADOUX et René ROUSSEY, arrêté par la GESTAPO et fusillés le 26 septembre 1943 à la Citadelle de Besançon” écrit Andréane Calinon, élève de Terminale qui a participé au projet.

La bouleversante lettre d’adieu de René Roussey

Quelques heures avant de mourir, René ROUSSEY, 26 ans avait écrit une lettre bouleversante à sa petite amie

Ma petite Erna chérie, Je viens t'envoyer un dernier adieu, un dernier baiser. Dans quelques instants je passerai devant le peloton d'exécution. Je suis courageux, je crois l'être. Durant mon séjour ici je n'ai pas cessé de penser à notre si bel amour. Nous devions être heureux, pauvre chérie. Je voudrais que tu oublies ce triste épisode de ta vie, afin que tu puisses être heureuse tout de même. Console un peu mes parents, montre-leur que mon sacrifice n'a pas été vain. Je t'aime de toutes mes forces. C'est à toi que je penserai et à mes parents dans quelques instants. Je t'envoie mes plus tendres baisers. Tu transmettras de ma part mes dernières pensées à tous les copains, à Dago, à Nanot et Paulette, à Trissot et à tous les collègues. Je pense que vous garderez de moi un assez bon souvenir. Je suis pressé, il faut en finir. Adieu petite Erna chérie, adieu mon amour. Je t'aime. Je t'aime. Ton Péquiou qui t'embrasse de tout son cœur.

René Roussey, 26 ans

 

Michel Chapoutot, mort à 19 ans du typhus dans le camp de Bergen-Belsen en Allemagne

Les jeunes lycéens se sont intéressés aussi au parcours de Michel Chapoutot. Cette élève en mécanique de précision aimait le vélo, le dessin, la peinture. L’homme faisait partie d’un groupe d’élèves qui réunissaient et stockaient des armes clandestinement au lycée. Michel Chapoutot faisait partie de la Résistance, il portait messages et nourritures aux résistants. Il a été arrêté en 1943 au lycée puis conduit au siège de la Gestapo qui se trouvait près de la gare, puis il est transféré à la prison de la Butte avant d’être déporté en Allemagne. Un voyage sans retour. 

“Nous ne cherchons pas à réécrire l’histoire, nous sommes juste une jeunesse en soif de la perpétuer”

Ce 27 mai, les jeunes du lycées qui ont travaillé sur ce projet de devoir de mémoire ont déposé une fleur devant chaque nom. Le site internet “A nos camarades de l’Horlo disparus lors de la seconde guerre mondiale” invite à redécouvrir le passé de ces jeunes morts pour la France. Un travail de mémoire colossal réalisé par ces jeunes qui ont tenté de mettre un visage, de raconter l’histoire de chacun de ces hommes fauchés en pleine jeunesse. “Nous ne cherchons pas à réécrire l’histoire, nous sommes juste une jeunesse en soif de la perpétuer car dans chacune de nos histoires familiales, il y a un petit bout de la grande Histoire. Une citation de Victor Hugo dit « Le souvenir, c’est la présence invisible », mais à travers nous, nous faisons bien plus que nous souvenir, nous faisons vivre et revivre ces destins héroïques, guidés par l’acceptation du sacrifice pour leur patrie. Nous sommes une jeunesse engagée, tout comme l’ont été nos défunts camarades, et nous avons à cœur de porter des idéaux qui nous parlent, tels que l’égalité, la liberté et la tolérance”.

Après avoir plongé dans l'histoire, les jeunes ont beaucoup appris. "On est reconnaissant, ça donne foi en l'avenir, on se dit que ceux qui ont survécu à la guerre, à l'horreur, nous on peut survivre à cette période difficile, et on peut mener nous aussi des combats dans la vie de tous les jours" confie Andréane Calinon. 

Avec d'autres lycéens, Andréane a participé également à un hommage rendu dans la cour principale du lycée. Les élèves ont déposé 80 fleurs au pied du mur sur lequel les plaques portant les noms des Morts pour la France ont été scellées. 

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