A Besançon, l’accueil de jour “l’Escapade” propose aux personnes atteintes d’Alzheimer et de démences, ainsi qu’à leur entourage, de souffler, un à deux jours par semaine. Une journée thérapeutique, et une bouffée d’air frais.
“Nous allons commencer par les taureaux”. A l’accueil de jour “Escapade”, à Besançon, chaque matin débute avec le même rituel : du thé, des gâteaux, et la lecture du journal, en démarrant bien sûr, par la lecture de l’horoscope. “Santé : sommeil à rattraper” lit Christine Grandvuillemin, aide-soignante de la structure. “Olala ! Oh bah alors là !” s’exclame une autre accompagnante. “Vous avez mal dormi?”. “Oh non, j’ai plutôt bien dormi” répond la patiente concernée. La lecture reprend, avec les petits commentaires sur la vie de tous les jours qu’elle suscite, et les conseils amoureux qui font doucement rire autour de la table.
Après l’horoscope, on passe aux articles du journal. “Le journal, c’est assez interactif, parce que ça parle d’endroits qu’ils connaissent, explique Christine Grandvuillemin, alors à chaque fois, on essaie de les faire parler”. Dans ce centre qui accueille une à deux fois par semaine des personnes atteintes d’Alzheimer et d’autres maladies du même type associées à des démences, l’activité est loin d’être anodine. “C’est important de bien définir le temps qui passe, parce que dans ces pathologies, on est tout le temps ramené vers le passé, ce qu’il reste de la mémoire. Là, ça les aide à se resituer dans le présent”.
Gymnastique, marche, peinture ou chants
Après le thé de bienvenue et la lecture du journal, les patients peuvent choisir entre plusieurs activités. Ils participeront à la préparation du repas, et pourront de nouveau se divertir l’après-midi. Ce mardi, une intervenante propose aux patients qui le souhaitent de faire un peu de gymnastique douce. Des exercices simples qu'ils réalisent assis dans un fauteuil. Ici, la plupart des patients sont âgés, et les maladies dont ils souffrent attaquent aussi la mémoire qu’ils ont des gestes. “C’est important, parce que les personnes qui sont à domicile ou dans les résidences autonomies ne font pas ces activités autrement”, explique Emmanuelle Sala, aide médico-psychologique, “et ces activités, elles leur permettent de se mouvoir, de ne pas perdre les gestes de la vie quotidienne”. “Par exemple, le fait de savoir serrer et soulever, ça permet de bien utiliser une casserole”.
“Notre but, c’est que les personnes soient heureuses ici, qu’elles passent une bonne journée”, expose Véronique Kéribin-Bassani, responsable du centre, “et que les familles soient rassurées de nous les confier”. De 10 heures à 16 heures, les patients sont entièrement pris en charge. Une journée pour que les aidants familiaux puissent souffler, en toute confiance.
“Ça nous fait du bien, parce qu’on voit du monde”, confirme l’un des patients. “on est pas tout seul, ici, on bouge, on fait des jeux, c’est sympa”. “Les gens sont gais, on est bien” reconnaît une dame, assise non loin. Et tant pis, s’il peut y avoir des petites absences, par moment. “On s’adapte” assure Véronique Kéribin-Bassani. “Les gens s’ouvrent, il y a des amitiés qui se créent”, affirme-t-elle, “quand je vois leur contentement à la fin de la journée, l’équipe peut être satisfaite”.
Les chiffres de la maladie d’Alzheimer
Au total, 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, soit un toutes les trois minutes. Alzheimer touche 40 % d’hommes et 60 % de femmes en France. En Bourgogne-Franche-Comté, 8 200 hommes et 18 200 femmes sont pris en charge par l’Assurance Maladie pour des démences liées à Alzheimer. La maladie s’attaque essentiellement aux personnes âgées (20 % des plus de 80 ans en sont victimes). Mais des populations plus jeunes peuvent être touchées : 2 % des moins de 65 ans sont concernés en France.