Besançon : Trois personnes en garde à vue pour violences en réunion pendant une manifestation de gilets jaunes

Un caméraman de Radio Bip, un correspondant de Factuel Info et un gilet jaune étaient entendus depuis 9h15 ce lundi matin avant d'être sortis du commissariat de Besançon vers 18 h dans le cadre d'une garde à vue. 

Les faits remontent au samedi 13 avril 2019, 22e weekend de mobilisation des gilets jaunes. Ce jour là en fin de manifestation des gaz lacrymogènes sont tirés au niveau du pont Battant. Près de l'arrêt de tram, une altercation éclate entre un passant émêché et un groupe de personnes dont deux d'entre elles travaillent pour des médias indépendants. "Je peux pas blairer les gilets jaunes cassez-vous" sont les premiers mots du passant, avant qu'il ne frappe le caméraman de Radio Bip. Ce dernier a porté plainte. 

Les trois personnes ont été convoquées ce lundi matin au commissariat. Quels sont les faits qui leur sont reprochés ?  Des violences en réunion sur un passant en marge d'une manifestation. Les trois personnes gardées à vue sont soupçonnées d'avoir porté des coups contre ce passant alcoolisé. L'homme avait été interpellé ce jour là par les forces de l'ordre après avoir frappé le caméraman de Radio Bip. 

Selon les enquêteurs, les exploitations d'images de caméra de surveillance et d'autres images ont permis d'établir que des coups ont également été portés contre cette personne. Placé en garde à vue toute la nuit du 13 au 14 avril, l'homme a fini par porter plainte le lendemain, explique la police.

Du côté de Radio Bip et Factuel Info, deux média indépendants qui couvrent depuis le début le mouvement des gilets jaunes, ces deux gardes à vue sont considérées comme de l'intimidation policière. Radio Bip explique que son caméraman était allé à la rencontre du passant pour lui proposer du sérum physiologique. Le ton est alors monté. Selon Radio Bip, son caméraman aurait été frappé par deux fois. 


Radio Bip a publié ici les images de la scène ce jour là filmée par son caméraman

  

Les trois personnes sont sorties du commissariat vers 18 h ce lundi. Elles sont convoquées devant le tribunal correctionnel le 22 août prochain. L'une personne entendue par la police a reconnu avoir donné quelques coups de pied à la personne qui était à l'origine de l'agression.
 

Le communiqué de presse de Radio BIP et Factuel Info


Voici le texte publié par les deux médias alors que les gardes à vue sont toujours en cours : 

Alex, reporter bénévole à Radio BIP, avait été frappé à la tête par un individu, non manifestant, ouvertement hostile aux gilets jaunes et fortement alcoolisé. Assis sur un banc du quai Veil-Picard, il se tenait les yeux après avoir respiré des gaz lacrymogènes. Alex est venu à son aide en lui proposant du sérum physiologique pour le soulager. Pour seule réponse, l’homme lui a asséné un coup, puis un second quelques instants plus tard. Cette violence a provoqué les réactions indignées de plusieurs manifestants qui ont cherché à contenir l’agresseur. Correspondant de Factuel, Toufik a cherché à protéger Alex en s’interposant entre lui et l’agresseur.

La police, postée à une cinquantaine de mètres, est intervenue peu après et a interpellé l’agresseur qui a été placé en garde à vue. Victime de l’agression, Alex a porté plainte. Son agresseur a ensuite fait de même.

Dans un contexte où la presse indépendante est en première ligne pour couvrir les manifestations et les mouvements sociaux, relevant notamment les violences policières, il n’est pas anodin que deux de ses contributeurs soient l’objet de mesures répressives.

Radio BIP et Factuel.info considèrent que ces gardes-à-vue sont des mesures d’intimidation à leur encontre. Les deux médias rappellent notamment avoir avoir publié des informations documentant les excès policiers : Radio BIP en filmant un coup de matraque gratuit assenné par un policier sur la tête d’un manifestant pacifique qui lui tournait le dos, le 30 mars, lors de l’acte 20 des Gilets jaunes. L’enquête de l’IGNP est en cours.


Alors qu’il quittait la manifestation du 12 janvier qu’il couvrait pour Factuel, Toufik avait essuyé des tirs de LBD le visant expressément. Il n’avait heureusement pas été touché. Sa plainte a été classée sans suite. L’enquête de l’IGPN est en cours.

Factuel a été le premier à démentir une fausse nouvelle largement diffusée par la presse nationale, et un temps par la presse régionale, selon laquelle 200 à 300 gilets jaunes avaient envahi le commissariat de Besançon lors de la manifestation du 1er mai. Alex avait également filmé l’événement.

La plainte d’un photographe de Radio-BIP, agressé physiquement pour motif raciste par un gilet jaune lors de la première journée de mobilisation, le 17 novembre dernier, a été classée sans suite.


Depuis le début de l'après-midi, une vingtaine de personnes se relaient devant le commissariat en attendant la fin de la garde à vue des trois personnes
 


 
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