"C'est la déflagration" : les compagnons d'Emmaüs sous le choc à Besançon après les accusations d'agressions sexuelles visant l'Abbé Pierre

Dès les premières révélations, son portrait a été aussitôt retiré chez Emmaüs à Besançon (Doubs). Pour ne pas heurter les victimes. L'abbé Pierre est accusé par 24 femmes qui dénoncent des faits de harcèlement sexuel, d'agression et de viols.

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Il avait été accroché là en février pour célébrer le 70e anniversaire du fameux appel de l'Abbé Pierre pour les sans-abri à l'hiver 1954. À l'entrée d'Emmaüs à Besançon, le portrait de l'Abbé Pierre a été aussitôt retiré. "Il nous avait paru normal de le mettre ici, mais dès les premières révélations, il a été enlevé pour ne pas heurter les victimes", explique Ahmed Zehaf, coprésident d'Emmaüs Besançon. 

Sous le choc

Dans la capitale comtoise, la communauté Emmaüs existe depuis 43 ans. Elle a déjà accueilli près de 2.000 compagnons et compagnes. Près d'une trentaine d'hommes, de femmes et d'enfants y vivent aujourd'hui. Et tous sont évidemment sous le choc des accusations de violences et d'agressions sexuelles portées contre celui qui a longtemps été la personnalité préférée des Français.

C'est la déflagration, on est bousculés, on s'interroge. Et la première réaction qu'on a eue, c'est d'être aux côtés des victimes.

Ahmed Zehaf, coprésident d'Emmaüs Besançon. 

Mais plus à l'intérieur, dans la partie des locaux réservée aux compagnons et aux bénévoles, les photos de l'Abbé Pierre n'ont pas toutes disparu. Ses paroles restent gravées sur les murs du réfectoire. Et beaucoup encore ici restent très attachés à l'homme et défendent toujours son engagement en faveur des plus démunis.

"L'idée d'enlever immédiatement les portraits, ça a heurté certains compagnons, notamment les anciens qui doivent tout à l'Abbé Pierre, reconnaît Ahmed Zehaf. Notre projet, c'est de discuter, d'évaluer, de voir avec eux ce qu'il est possible de faire, ce qu'ils acceptent ou pas. Mais on reste ici dans une zone privée."

24 victimes déjà identifiées

Le 6 septembre 2024, 17 nouvelles femmes ont à leur tour dénoncé l'abbé Pierre. Ce qui porte à 24 le nombre de potentielles victimes identifiées depuis le début de l'été. Elles décrivent des faits de harcèlement sexuel, d'agression et de viols. Le 17 juillet dernier, la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs International et Emmaüs France ont révélé l'affaire dans un communiqué.  Les faits dénoncés ont été commis "entre la fin des années 1970 et 2005". Ces agissements touchent des bénévoles, des salariés et même des enfants. 

Dans son rapport d'enquête, le cabinet d'experts mandaté par Emmaüs France, après un premier signalement en 2023, avait déjà mentionné "7 personnes faisant état de violences subies par des femmes de la part de l'abbé Pierre". L'une d'elles "était mineure au moment des premiers faits".  On lui reproche également d'avoir menacé de représailles, celles et ceux qui auraient voulu en parler de son vivant.

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