Au centre-ville de Besançon, plusieurs inscriptions antisémites, dont certaines portant l'étoile de David, ont été taguées sur des façades sur les derniers jours.
"A mort Israël", "Macron criminel, Sionistes criminel", "Les rats"... Des tags qui ont pris place dans l'espace public du centre-ville de Besançon depuis plusieurs jours. Ce jeudi 2 novembre au matin, nouvelle découverte rue de la Raye, un tag d’une étoile de David avec l’inscription "les rats" a été découvert sur la façade d’un immeuble. "Ça essaime partout en France et Besançon n'est pas en dehors de ce mouvement. ! Il est urgent de s'opposer à ce genre d'expressions libres. Nous devons intervenir très fortement sur des attaques aussi graves", affirme Anne Vignot, maire EELV de Besançon. Des plaintes contre X ont été déposées par la Ville pour chaque tag.
"Comme partout au niveau national, on s’offusque, mais c’est surtout une atteinte à la République. Car les fondements de la République, ce sont la lutte contre le racisme, contre l’antisémitisme et l’islamophobie, exprime-t-elle. Il est urgent que notre Nation se rende compte que quelque chose de grave se passe en France. Il faut en discuter avec nos citoyens parce que les blessures liées à ces dérives sont profondes. La mémoire doit nous servir."
Avant de poursuivre qu'il est nécessaire de "mettre des gardes-fou" afin de ne pas les laisser "scinder la France sur des sentiments de haine". Les mots d'Anne Vignot sont forts, alors qu'elle a l'impression que ces actes sont "banalisés". Et son message est clair : "Ne normalisez pas de tels propos. Aucun territoire n'est à l'abri, il faut rester vigilants".
Les députés Laurent Croizier et Éric Alauzet, auxquels se joignent les élus du groupe « Ensemble Bisontins » du Conseil municipal de Besançon, ont condamné ces inscriptions antisémites.
La Licra condamne elle aussi dans un communiqué de tels actes : "Ces actes ne doivent rien au hasard, mais bien à une volonté de propager la haine de toutes les différences. Cette triste actualité, bien sûr prévisible, mérite d’être condamnée avec la plus grande fermeté, mais aussi de s'y pencher, sans négliger le climat ambiant qui voit se multiplier les actes antisémites - pas moins de 800 recensés en France ces derniers jours - et qui démontre les points de convergences des extrêmes. Cette situation est bien la preuve que lorsque le discours politique est dévoyé par le populisme, et ces derniers jours, certains politiques en ont fait un usage odieux, il libère les actes de haine dans la parole mais aussi dans le geste qui peut devenir alors meurtrier. Si le ventre de la bête est encore fécond et exprime encore sa haine, c'est qu'il est encore nourri abondamment par ceux qui soutiennent le terrorisme en ne voulant pas le nommer, par ceux qui se voilent la face sur ce qu'il advient là-bas au loin et qui risque bien d'advenir ici. Nous assistons à une convergence des haines et personne n'en sera protégé si la République n'y répond pas avec la plus grande fermeté."
Qui sont les auteurs de ces tags ?
Ces tags antisémites découverts à Besançon interviennent dans un contexte particulier où la mouvance ultra-droite se manifeste régulièrement. Depuis plusieurs mois, des dégradations ont été commises sur la voie publique, notamment la dégradation en novembre 2022 de deux sculptures du sculpteur sénégalais Ousmane Sow. Deux jeunes proches des mouvances d'extrême droite ont été condamnés à des heures de travail général pour avoir blanchi le visage d'un buste de Victor Hugo. Dimanche 29 octobre, des centaines d'autocollants et tags néonazis ont été découverts en ville. La mairie a porté plainte.
857 actes antisémites en France depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas
"857 actes antisémites" ont été recensés depuis le 7 octobre et le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le ministère de l'Intérieur. Mardi, Gérald Darmanin avait déclaré que "425" personnes avaient été interpellées.
"L'État sera absolument implacable", a assuré ce jeudi sur France Inter le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. "À chaque fois qu'il y aura des actes antisémites, des menaces qui seront proférées, nous retrouverons les auteurs, nous les punirons par la justice", a affirmé le porte-parole du gouvernement. "Il est absolument scandaleux, inexcusable et inacceptable que des exactions, que des gestes, que des tags, des menaces, que des injures puissent priver une partie de nos concitoyens de la liberté d'aller faire leurs courses, d'envoyer leurs enfants à l'école, de se déplacer en transports en commun", a-t-il ajouté.