"C'était la panique" : grêle, orages, fortes pluies... Parti faire le GR20, il raconte huit jours d'une aventure jalonnée de souffrances

Mardi 10 septembre, Frédéric et Lionel, deux amis venus de Besançon (Doubs), ont bouclé le GR20, un des sentiers de randonnées les plus exigeants d'Europe. Une expérience contrastée pour le duo, qui a dû faire face à des intempéries "atroces". Ils racontent.

Tous les deux, ils en ont réalisé des aventures. Le Marathon des Sables, course à pied de 250 km en six jours au Maroc. L'Ultra marin Raid du Golfe du Morbihan, un ultra-trail extrême de 175 km en Bretagne. L'ascension du Mont Blanc. Habitués des défis, les Bisontins Frédéric Parise et Lionel Colombani, 60 et 57 ans, sont ce qu'on appelle des sportifs expérimentés.

Pourtant, c'est lors de leur dernière sortie qu'ils ont "le plus flippé". Pendant neuf jours et huit nuits, les deux compères se sont attaqués au mythique GR20, le sentier corse de grande randonnée réputé pour faire partie des plus difficiles d'Europe. "Depuis 10 ans, on essaye de se challenger" explique Frédéric Parise, employé à la ville de Besançon (Doubs). "Et le GR20, c'était un objectif pour tous les deux. Ça nous attirait beaucoup. On connaissait sa réputation, on s'est préparé pour être en bonne condition, mais on ne s'attendait pas à souffrir autant".

"Vidé psychologiquement et physiquement"

Lorsque nous les contactons, Frédéric et Lionel savourent un peu de calme à Bastia. Leur GR20, ils l'ont fini la veille. En pleurs, dans les bras l'un de l'autre. "Ce sont des sensations contradictoires" se rappelle Frédéric Parise. "Cette randonnée, je la déteste autant que je l'aime. On est fier d'avoir terminé. Mais on est arrivé vidé psychologiquement et physiquement. C'était très dur, avec une météo compliquée".

C'est un euphémisme. En plus du parcours sportif particulièrement exigeant, "où on avait plus l'impression de faire de l'escalade que de la randonnée", sont venues s'ajouter des intempéries "atroces". "C'était le 3ᵉ jour" se remémore le Bisontin. "On était déjà bien entamé, mais on voulait aller au Monte Cinto, le plus haut de Corse. Vers 18h, le ciel nous est tombé sur la tête".

Pendant deux heures, des orages incessants. Ça tonnait, ça tonnait. Et puis des gros grêlons. Ça devenait dangereux et on a vraiment paniqué.

Frédéric Parise

S'ensuivent alors deux heures "de peur" pour les deux hommes. "On était en montagne, un milieu qu'on ne maîtrisait pas" reprend Frédéric. "On ne savait pas quoi faire. On avait rangé nos bâtons, car pour la foudre, c'est conducteur, donc c'était dur de marcher. On ne pouvait pas se réfugier sous les arbres avec le tonnerre, mais la grêle tombait fortement. On était en plein stress. On s'est dit : "comment ça va se terminer" ? Il n'y avait personne autour de nous et j'avoue que j'ai pensé fortement à mes enfants. J'étais au bout de ma vie".

"On s'est mis à courir"

Après avoir pensé à se cacher sous un rocher, Frédéric et Lilian sont invités par des guides à rebrousser chemin en raison de la dangerosité. "On s'est mis à courir" explique l'agent municipal. "D'un coup, toute ma fatigue s'est évacuée. On a fini par arriver à un refuge. On a eu un coup de stress, car on ne savait pas s'il y aurait de la place pour nous. Mais on a eu de la chance, ils nous ont accueillis. Heureusement, car les tentes ont été complètement déchirées par la grêle".

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Abrité, le duo a pu laisser passer l'orage, avant de repartir pour encore six jours "de souffrance". "On était pressé d'arriver" confie Frédéric. "J'avais vraiment du mal. J'ai fait l'erreur de partir avec un sac trop lourd : 13 kg sur le dos. Au bout du premier soir, j'avais les pieds en feu, des ampoules, les ongles noirs, mal partout. Je me demandais ce que je faisais là".

Le sommeil a aussi beaucoup joué. Les nuits en refuge ne sont pas reposantes du tout. J'ai dû dormir 4h par nuit pendant 8 jours. Je ne rechargeais pas les batteries. Et puis quand vous vous levez et que vous voyez la pluie...

Frédéric Parise

Le mardi 10 septembre, les amis bouclent enfin leur défi. Arrivée à Conca en fin d'après-midi après une dernière journée "interminable". "On a souffert, mais quel plaisir de l'avoir fait" insiste Frédéric. "Il y a quand même des points positifs : les paysages sont magnifiques, on a rencontré des gens extras. Et puis le finir, c'était un rêve. Mais je ne sais pas si je le referai un jour. Avec le recul, on se dit que ça a été une aventure extraordinaire".

Et puis le GR20 a aussi eu un autre intérêt. "Avec Lionel, on a prévu comme prochain défi de faire le Tour de France à vélo, en suivant les frontières" sourit Frédéric Parise. "On s'était dit que la Corse servirait de test, pour voir comment on fonctionnait en duo. Eh bien là, on a été servi, notamment au niveau psychologique". C'est le moins que l'on puisse dire.

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