"Ca me brûle encore la peau", à Besançon, un agent de tri victime d'acide sulfurique jeté dans une poubelle de recyclage sélectif

À Besançon, un agent du Sybert a été gravement brûlé à l'avant-bras, le 20 mai 2022. Une brûlure due à la présence d'un objet interdit dans un bac poubelle jaune. Il s'agit d'une bouteille d'acide sulfurique qui fait l'objet d'un traitement spécifique. Pour l'agent brûlé comme pour ses collègues du syndicat chargé du traitement des déchets à Besançon, c'est l'accident de trop.

En 2019, il y a cette seringue qui pique cet agent de tri. En 2021, cette bonbonne d'oxygène qui explose dans un centre de recyclage de Besançon (Doubs) sans faire de victime. Jamais deux sans trois : cette fois, c'est une erreur de tri liée à la présence d'une bouteille plastique remplie d'acide sulfurique qui cause un accident très grave. Un objet jeté dans un bac à poubelles jaune, habituellement réservé aux déchets ordinaires en plastique.

Pendant le traitement des déchets au centre du Sybert, vendredi 20 mai, un agent manipule la bouteille ouverte. Malgré sa tenue de protection, le liquide se renverse. L'agent se brûle gravement à l'avant-bras. Pour le syndicat chargé du traitement des déchets dans la métropole de Besançon et les employés, c'en est trop.  

Une erreur puis des conséquences très lourdes

Ce vendredi 13 mai, Cédric s'en souvient très bien. C'est ce jour-là qu'il a été gravement brûlé. « J’ai d’abord senti mon avant-bras chauffer, puis la douleur qui arrive. Il est ensuite devenu rouge et il a commencé à se creuser », se souvient l'homme de 20 ans. L'employé sait que certains indélicats mettent des objets et liquides interdits dans les bacs jaunes, sans se douter qu’il allait à son tour en faire les frais.

« Je me suis dit que c’était une bouteille basique, comme on en voit passer beaucoup. J’ai eu le réflexe d’arrêter quand j’ai vu le contenu de la bouteille couler. Il s’agissait d’une bouteille neutre, sans aucune inscription dessus », continue-t-il. C’est là que l’impensable se produit. « Je prends cette bouteille et c’est là que les éclaboussures m’ont atteint. J’ai eu la chance d’avoir un chef qui a su réagir rapidement et avoir les bons réflexes. Jusqu’à aujourd’hui, je sens encore que ça chauffe et que ça me brûle la peau », déplore l’agent de tri.

Depuis, il n’a pas repris le travail. Les prochains jours s’annoncent pour le moment inquiétants. Il a dû aller voir un chirurgien-plasticien, mardi 24 mai : « Le médecin m’a dit que même au bout d’une semaine, l’acide peut encore ronger la peau. Si je vois le moindre changement, je dois le rappeler et aller consulter en urgence. Je ne suis pas là pour perdre un bras et j’espère que mon témoignage va servir d’exemple pour inciter les gens à trier correctement ».

De quoi le mettre très en colère, contre la personne inconnue qui a jeté cet objet interdit : « Aujourd’hui, j’en veux énormément à la personne qui a jeté cette bouteille. C’est un accident qui aurait pu être évité, car elle n’a pas suivi les bonnes pratiques pour le tri jaune. Si elle avait pris la peine de se déplacer à la déchetterie, il n’y aurait pas eu cet accident. J’espère revenir au plus vite aux côtés de mon équipe ».

Ras-le-bol général sur les erreurs de tri

Tout comme Cédric, ses collègues n'en peuvent plus. Ces erreurs de tri aux conséquences graves, les employés du Sybert les constatent de plus en plus depuis la fin des confinements. « La taux d'erreurs de tri était de 20%. Il atteint maintenant 27%. On a mis ça sur le compte de la crise sanitaire, mais on s'aperçoit en fait qu'aujourd'hui, les usagers ont tendance à tout mettre dans ces poubelles jaunes », explique André Terzo, vice-président du centre de tri. C'est même une tendance qui s'installe dans la durée. « Depuis 2019, les erreurs de tri ont augmenté de +8%, depuis 2019 », complète Alexandre Piton, directeur du pôle industriel du Sybert. 

Normalement, ces bacs jaunes accueillent des déchets papier et plastique destinés à être traités, récupérés puis réutilisés. Cela représente jusqu'à 60 tonnes de déchets. Ces dernières semaines, les employés du centre retrouvent pourtant « des sacs poubelles, sans que l'on sache ce qu'il y a à l'intérieur ». C'est ce qu'affirme André Terzo. Ce n'est pourtant pas le pire. « Certains n'hésitent pas à jeter des batteries, des pots d'échappement, des couches-culottes, sans compter les 200 kilos d'excréments que nous avons retrouvé », s'indigne-t-il. 

Des objets et substances interdits, d'autant que le contenu des bacs est parfois traité par les agents eux-mêmes. « Tout est déversé sur des tapis automatiques. Les déchets non-reconnus sont automatiquement mis de côté pour être triés à la main », détaille le vice-responsable du site de traitement. « Aujourd'hui, les gens sont irrespectueux des employés au mieux, ou inconscients du travail dangereux qui doit être fait après les erreurs de tri », continue le responsable. 

Le Sybert a décidé cette fois de frapper fort. Dans les prochains jours, le syndicat et l'agent blessé vont porter plainte contre X.

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