C'est l'une des deux jeunes femmes qui avaient brandi des pancartes faisant le lien entre étrangers et violeurs pendant le défilé du carnaval à Besançon ce dimanche 7 avril. Yona, militante du collectif d'ultra-droite Némésis a été placée en garde à vue, puis relâchée.
En plein coeur du carnaval de Besançon ce dimanche 7 avril, elles avaient brandi des pancartes sur lesquelles étaient inscrits ces messages sans équivoque : "Violeurs étrangers dehors" et "Libérez-nous de l’immigration". L'une des deux militantes du collectif d'ultra-droite Némésis qui avaient défilé en affichant le lien entre violences sexuelles et étrangers a été placée en garde à vue ce mardi 9 avril matin à Besançon et auditionnée selon le procureur Etienne Manteaux.
Il s'agit de Yona, une étudiante de 18 ans qui se présente comme "porte-parole" du mouvement. Une persquisition a eu lieu au domicile de la jeune femme, confirme le parquet, son matériel informatique a été saisi. Sa garde à vue a été levée vers 16h30 ce mardi.
Une enquête est ouverte pour "provocation à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou d'une prétendue race". La maire écologiste de la capitale comtoise Anne Vignot a porté plainte. Ce délit est passible d'un an d'emprisonnement et/ou 45 000 euros d'amende. Prochaine étape, la seconde militante sera entendue dans le cadre de l'enquête.
Des messages de soutien publiés par Némésis
Le collectif Némésis a réagi quelques heures plus tard sur le réseau social X. Sous le hashtag #LibérezYona, plusieurs messages de soutien ont été publiés par des membres du groupe qui se présente comme "féministe identitaire". Dans un post facebook, Némésis qualifie de "persécution" le placement en garde à vue de l'une de leurs militantes pour avoir "simplement demandé [...] l'expulsion des violeurs étrangers". L'avocat du collectif, Frédéric Pichon, annonce sur le Figaro vouloir "porter plainte pour "atteintes à la liberté individuelle" par une personne dépositaire de l’autorité publique".
Durant les festivités du carnaval, une banderole établissant un lien entre étrangers et violences sexuelles a également été déployée sur la façade d'un immeuble de Grande rue, artère principale du centre-ville. On pouvait y lire : "46 femmes auraient été épargnées si les OQTF [Obligation de Quitter le Territoire Français, ndlr] avaient été appliquées en 2023." Une affiche qui a suscité l'indignation et la colère de nombreux habitants et responsables associatifs ou politiques à Besançon.
Nemesis : une présence ultra-minoritaire depuis quelques mois à Besançon
Connu depuis plusieurs années en France, Némésis s'est implanté récemment à Besançon. Des affiches de recrutement sont apparues en octobre dernier dans l'espace public. Les militantes d'extrême droite ont mené leur première action en novembre. Des tags et autocollants xénophobes et racistes avaient été découverts à l'entrée de la bibliothèque Proudhon. L'université avait porté plainte pour dégradation de locaux.
Selon Alice Cordier, fondatrice du mouvement, elles seraient 150 femmes militantes sur le terrain. À Besançon, le collectif revendique une dizaine de membres. Elles seraient en réalité deux ou trois. Le collectif en quête perpétuelle d'exposition médiatique se présente comme un mouvement "féministe identitaire".