Un cas de harcèlement sexuel et moral est dénoncé au collège Proudhon de Besançon de la part d'un professeur, sur une collègue enseignante. Cette dernière témoigne. Détails.
"Nous sommes indignés, en colère et inquiets qu’il puisse reprendre ses fonctions dans le même établissement que sa victime", interpelle le syndicat SNES de Besançon dans un communiqué diffusé à la presse ce 12 décembre, dénonçant une situation de harcèlement moral et sexuel au collège Proudhon, impliquant un professeur. Une enseignante au collège Proudhon a porté plainte pour harcèlement moral et sexuel durant l’année scolaire 2021/2022, peut-on lire.
"Elle a été en arrêt-maladie pour accident reconnu imputable au travail pendant 2 mois", ajoute le syndicat qui dénonce une inaction du rectorat. " Notre collègue apprend que la personne qui l’a harcelée, un autre enseignant du collège, revient dans son établissement parce que le rectorat n’a pris aucune sanction ni mesure conservatoire. Elle subit encore les conséquences physiques et psychologiques du harcèlement qu’elle a vécu pendant plusieurs mois".
"Quand je lui ai demandé d'arrêter, j'ai reçu des emails d'insultes la nuit"
Nous avons pu nous entretenir avec la professeure victime présumée, arrivée dans ce collège l'an dernier : "Très vite un collègue enseignant a eu des propos déplacés, à caractère sexuel. Quand je lui ai demandé d'arrêter, j'ai reçu des emails d'insultes la nuit à plusieurs reprises. J'ai reçu beaucoup de sms, de mails, et de propos dans les couloirs quand il n'y avait personne. Je me suis énervée, j'ai dit non, et je me suis faite insulter."
"On ne m'a jamais écoutée et reçue malgré mes demandes au rectorat. Je n'ai pas été considérée en temps que victime", précise la plaignante. "On permet le harcèlement au-delà des beaux discours du rectorat. On ne nous écoute pas. Cette personne peut tout faire, en toute impunité. C'est de l'incompréhension. On ne se sent pas protégé", conclut-elle.
On a besoin de pouvoir travailler sereinement. Ça bouge car on a contacté la presse. Ce n'est pas normal...
Professeure qui a porté plainte contre son collègue
L'enseignant mis en cause aurait continué ses agissements alors même qu'il avait été mis en congés d'office. "Il a envoyé durant son congé une vidéo à forte connotation sexuelle via Pronote à une autre collègue", expliquent les professeurs. Pour rappel, Pronote est un logiciel de gestion de vie scolaire interne aux établissements. Un rassemblement était prévu ce lundi à 12h devant le collège Proudhon pour rencontrer et échanger avec des personnels de l’établissement et des parents d’élèves sur cette situation jugée "insoutenable".
Le professeur ne réintègrera pas l'établissement pour l'instant
Joint par France 3 Franche-Comté, le rectorat de Besançon précise que le professeur agresseur présumé a été reçu à 8h30 ce lundi matin au rectorat et qu'il n'est pas question qu'il réintègre l'établissement pour le moment, tout en rappelant le principe de présomption d'innocence. Une enquête judiciaire est en cours.
Le professeur en question a été placé "en congés d'office depuis le mois d'avril 2022, pour des faits de harcèlement présumés et pour protéger toutes les parties, la présumée victime et le protéger lui".
Le rectorat attend les conclusions de l'enquête et nous explique qu'un accompagnement sera mis en place si le professeur venait à réintégrer l'établissement. Dans un souci d'apaisement, l'Inspecteur d'académie et la Direction des ressources humaines du rectorat annoncent recevoir ce lundi une délégation de professeurs et de parents d'élèves du collège Proudhon.