Les députés LREM sont majoritairement pour le repérage des personnes contaminées par telephone portable, les LR contre... Mais le positionnement ne dépend pas que du parti. Certains choisissent l’efficacité sanitaire, les autres les libertés individuelles.
Mardi 28 avril, à 15h à l’Assemblée nationale, Édouard Philippe, le premier ministre, présentera son plan de déconfinement. Dans ce texte de loi, une mesure crée polémique : « StopCovid ».
Cette application que vous pouvez installer sur votre téléphone portable permet de vous prévenir si vous avez croisé une personne contaminée par le virus. Seuls les volontaires pourront bénéficier de cette application. Edouard Philippe devrait en dire davantage notamment sur les données : qui les stockera ? Où ? Et jusqu’à quand ?
Les députés de notre Franche-Comté ont des avis bien tranchés sur la question. Et cela ne dépend pas de leur appartenance à un camp politique.
Au nom de la liberté individuelle
Denis Sommer, député LREM du Doubs, est catégorique : « Sincèrement, je suis très méfiant face à ce genre de dispositif. J’entends bien que ce ne sont que des volontaires mais c’est à manier avec une grande prudence. Je me pose toujours la question : quel va être le coup d’après ? »
Dans le groupe des opposants à « StopCovid » se trouvent de nombreux députés LR de notre région, à commencer par la jurassienne Marie-Christine Dalloz : « Je suis contre. Sous couvert de mesures sanitaires, attention aux dérives ! Moi, je dis « traçage » égale « flicage. C’est de l’humour, car je ne veux pas manquer de respect à la police et à la gendarmerie, mais attention à l’utilisation des données que l’on peut faire ensuite. Quand on voit actuellement le nombre de délations… De plus, la France n’est pas opérationnelle et je n’ai pas envie que ce soit les géants américains qui se charge de ces données. »
Sont opposés à ce dispositif également : Annie Genevard, députée LR du Doubs, « Plutôt contre », et Michel Zumkeller UDI du Territoire de Belfort « Contre ». L’autre député de ce département, Ian Boucard est contre également : « Je ne suis pas partisan de ce système. Pour moi, il y a un risque de recul de nos libertés individuelles. De plus, je ne suis pas du tout convaincu de son efficacité. »
Au nom de la lutte contre le coronavirus
Danièle Brulebois, députée LREM du Jura, n’est pas non plus persuadée de l’utilité du dispositif, mais elle est plutôt pour : « Je sais que c’est sur la base du volontariat. Je fais confiance à l’Europe et à la France pour la protection des sources. Je trouve que c’est beaucoup de bruit pour rien. Les gens sont davantage préoccupés par les masques, où va-t-on les trouver et qui va les payer ? »
Jean-Marie Sermier, député LR du Jura, est l’un des rares élus de droite à l’Assemblée Nationale qui n’est pas contre : « C’est déjà sur la base du volontariat, ça me rassure un peu. Malgré tout, je me pose des questions sur les données : qui va les gérer ? Jusqu’à quand ? Je pense que les avis seront différents à l’intérieur même des groupes politiques. »
Barbara Bessot-Ballot, députée LREM de Haute-Saône, aurait tendance à se méfier de l’intelligence artificielle : « Il n’y a qu’un pas entre le traçage et la dictature, comme nous l’a encore montré une émission sur Arte récemment. Il faut toujours faire attention à des limites à ne pas dépasser. Mais nous serons vigilants et je suis pour ce dispositif.»
Pour le groupe LREM, Frédéric Barbier, élu du Doubs explique : « J'entends les craintes mais je dis aussi « stop aux fantasmes ». Il n’y aura pas de débordements. On laisse nos empreintes déjà partout. Et il faut penser aux gens à risque, c’est dans l’intérêt de leur santé. Ils ne vont pas rester confinés chez eux durant des mois. »
Même positionnement pour Éric Alauzet, député LREM du Doubs et par ailleurs médecin : « Je suis favorable à ce dispositif car il faut avant tout repérer les personnes malades. C’est ce qu’a fait l’Allemagne et c’est l’une des clés de son succès. » Quant à Fannette Charvier (LREM), elle met en avant la protection des libertés individuelles, traditionnelle, selon elle, en France : « On mettra en place tous les garde-fous. Il faut que ce soit la France qui s’occupe de ces données et qui les détruisent ensuite. Sinon ce seront les GAFAM, c’est à dire Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft."
Christophe Lejeune, élu LREM de Haute-Saône, est encore plus catégorique : « C’est l’un des moyens indispensables à la lutte contre l’épidémie. C’est basé sur le volontariat. J’ai eu Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé du numérique. Il assure qu’il n’y aura rien de liberticide. De plus, le code source sera public. » Ces derniers propos parleront aux spécialistes en informatique.
Le débat sur le traçage et l'appli StopCovid est à suivre mardi 28 avril dès 15 heures à l’ Assemblée nationale mais ne vous attendez pas à y voir votre député. A priori, seuls les Parisiens ou ceux qui disposent d’un logement dans la capitale, seront envoyés dans l'hémicycle par leur groupe politique. Sage précaution, car le vote ne pourrait avoir lieu que le lendemain. C’est ce que demande le groupe LR.