Le professeur Thibaut Desmettre, chef du pôle Urgences – SAMU estime que d'autres patients pourraient être amenés à être transférés. Malgré les récents transferts qui ont donné un peu d'oxygène, au CHU de Besançon et en Franche-Comté, la disponibilité de lits de réanimation reste relative.
Une bouffée d'oxygène. En évacuant durant trois jours 50 patients vers d'autres hôpitaux de France, l'Agence régionale de santé de Bourgogne Franche-Comté a redonné un peu de capacité à avoir des lits disponibles en réanimation pour accueillir les patients les plus gravements touchés par le covid-19.
De Franche-Comté, 32 patients ont été évacués (12 de l'hôpital de Trévenans, 12 de Besançon, 8 de Vesoul). Des patients en réanimation très fragiles dont le transfert est délicat. Les transferts ont nécessité la mobilisation de 4 équipes composées chacune d'un urgentiste, un interne, un(e) infirmiè(e) tous ultra compétents. Chaque équipe a pris en charge deux malades lors des opérations de transfert par voie aérienne.
Cette organisation explique Thibaut Desmettre, a permis de limiter les coûts des transferts. Des transferts critiqués notamment par le docteur Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France). Il est très critique concernant ces évacuations sanitaires. "Nous remercions nos collègues qui se mobilisent en province, mais ces transferts mobilisent énormément de moyens qui pourraient mieux être utilisés si nous avions la possibilité d’ouvrir les lits de réanimation là où les besoins sont les plus criants, c’est-à-dire en Ile-de-France. Ici, à quelques kilomètres de mon hôpital, il y a un deuxième hôpital qui est en cours de fermeture", expliquait à franceinfo le docteur Christophe Prudhomme.
Des transferts nécessaires, et peut être vers nos voisins européens
Pour le professeur Thibaut Desmettre, chef du pôle Urgences – SAMU à Besançon, ces transferts étaient nécessaires. Et ils ne seront peut-être pas les derniers. "La disponibilité supplémentaire offerte en lits de réanimation trois jours après ces transferts reste modérée" explique le médecin à France 3 Franche-Comté.
Le nombre de malades augmente chaque jour, 212 personnes sont hospitalisées en réanimation en Bourgogne Franche-Comté à la date du 31 mars, pour une capacité de 300 lits, objectif de l'Agence Régionale de Santé. "Ouvrir des lits de réa, ce n'est pas seulement ouvrir des lits et mettre un ventilateur lourd, c'est mettre en place une équipe de réanimation" a rappelé le médecin qui privilégie la solution des évacuations pour éviter d'atteindre une saturation des capacités dans la région.
"Nous sommes en relation avec l'ARS et le ministère.. les possibilités (de transferts) pour nous, elles s'ouvrent actuellement vers la Suisse et l'Allemagne, puisque avec la situation en Ile de France, les hôpitaux en France seront bien entendu probablement ouverts en priorité aux patients de l'Ile de France" explique Thibaut Desmettre.
Des équipes fatiguées, mais le moral est bon
Interrogé sur la situation des soignants, le Professeur explique que le CHU de Besançon est mobilisé depuis presque 5 semaines avec le déclenchement d'une cellule de crise suivie du plan blanc dès le 9 mars. "Indéniablement, il y a une dynamique qui s'est créée autour de cette crise sanitaire. Les équipes accusent une certaine fatigue liée à un travail continu, des vacances, des RTT qui ont sauté. Tout le monde travaille, mais le moral est bon car il y a une très forte cohésion au sein des équipes et il y a les renforts extérieurs, tous ces messages qui sont adressés à l'ensemble de l'hôpital tout cela fait du baume au coeur et soutient les soignants" conclut le médecin chef des urgences au CHU de Besançon.
Concernant les dotations en matériel de protection, le médecin bisontin se veut rassurant : "Les services qui nécessitent des équipements sont dotés, même si la situation est tendue, les approvisionnements arrivent" dit-il.