Coronavirus Covid-19 : Non remboursés, inutiles, voire dangereux, pourquoi les tests sérologiques font-ils polémique ?

En Bourgogne Franche-Comté, 94 biologistes alertent sur les tests sérologiques non remboursés. Des tests qui ne servent à pas grand chose selon eux, et peuvent s’avérer dangereux à terme si un relâchement des gestes barrières s’ensuit.

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Depuis le 20 avril, un laboratoire privé de Besançon propose ces tests sérologiques. Une prise de sang, sans ordonnance, sans rendez-vous, facturée 30 euros. Et vous saurez si vous avez été en contact avec le Covid-19. Ces tests ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. C'est pour votre poche.

Ces tests n'ont rien à voir avec les tests PCR qui grâce à un écouvillon introduit assez loin dans le nez, permettent de dire si vous êtes malade du Covid-19.
 

Des tests sérologiques pas assez fiables, et qui ne peuvent confirmer une immunisation définitive contre le Covid-19


Dans un communiqué, 94 biologistes exerçant sur 66 sites de Bourgogne Franche-Comté ont souhaité alerter sur ces tests sérologiques non remboursés et avec des résultats ayant une fiabilité peu élevée selon eux. En résumé, selon ces professionnels, un patient dont le test sérologique est négatif peut en réalité contaminer sa famille.

Selon ces biologistes, le test ne doit pas être fait n’importe quand . « Un médecin doit s’assurer, entre autres, que le dépistage n’est pas prématuré ; la pertinence du test dépendant de l’évolution de la maladie. Sans cela, le patient risque d’être délesté de 30 euros, sans l’assurance d’avoir la réponse adaptée qu’il est en droit d’obtenir ! Nous comprenons le désarroi des populations dans ce climat anxiogène et sommes choqués si cette situation venait à susciter la cupidité de certains » expliquent les biologistes.


"En faisant ces tests sérologiques, les gens vont probablement baisser les gardes, diminuer les gestes barrières"


Pour Laurent Petit, médecin généraliste dans le Doubs, ces tests sérologiques permettent au patient de savoir s’il a été en contact avec le méchant Covid-19. S’il a développé des anticorps. Mais en l’état actuel des connaissances, on ne peut pas dire si une personne ayant développé ces anticorps est immunisée définitivement. Un test sérologique négatif, peut rassurer une personne et ses proches. Et pourtant, elle sera contaminante.

Ces tests donnent l’impression qu’on ne risque plus rien, et là est le danger, estime le médecin généraliste. « Le risque c’est que plus vous allez avoir de gens qui vont faire ces tests par eux-mêmes, se dire qu’ils ont les anticorps, ils vont probablement baisser les gardes, diminuer les gestes barrières, et se contaminer probablement » estime Laurent Petit.


"Ces tests sont libres d’accès mais ni remboursés ni recommandés" estime l'ARS


Lors de la conférence de presse hebdomadaire, l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté a émis le 24 avril des réserves sur l’utilité de ces tests.

« Aujourd’hui, il y a deux réserves importantes vis-à-vis de ces tests qui expliquent pourquoi ils ne font pas partie de la stratégie thérapeutique ou de lutte contre l’épidémie », expliquait Pierre Pribile, directeur de l’ARS. « La première, c’est leur fiabilité et leur précision, pas encore établies, même s’ils ont le droit d’être commercialisés. Et quand bien même seraient-ils fiables, ce qui est en train d’être vérifié, la seconde limite c’est qu’on ne saurait pas bien quoi en conclure puisqu’on n’est pas certains qu’une sérologie positive soit synonyme d’une immunité… dont on doute aussi de la durée. En outre, les projections dont nous disposons montrent que la part de la population immunisée est très faible. D’où les interrogations sur la place de la sérologie dans la stratégie de prévention à venir. Ces tests sont libres d’accès mais ni remboursés ni recommandés. »


"Ces tests en l'état actuel servent à faire de l'argent"


"Ces tests en l'état actuel servent à faire de l'argent, c'est malhonnête intellectuellement parceque cela laisse imaginer aux gens qu'on peut leur donner des réponses à leur légitime crainte de savoir où pas d'avoir rencontré le virus et savoir s'ils ont ou pas un risque de l'attrapper, et d'autre part, par rapport à des professionnels de santé, cette démarche est non éthique" dénonce Olivier Obrecht, directeur adjoint de l'ARS.

Dans le laboratoire bisontin qui propose ces tests, le discours se veut clair. Y compris sur le site internet du laboratoire concerné. Ces tests permettent uniquement de dire si vous avez été en contact avec le Covid-19. Rien de plus. « Il ne faut pas en attendre autre chose à l’heure actuelle en l’état des connaissances » expliquait sur France 3 Franche-Comté Arnaud Rousset, du laboratoire CBM 25.
 
 



Alors à quoi servent ces tests sérologiques ?


« A rassurer les patients, qui sont très demandeurs » argumente Laurent Petit, médecin généraliste. Ces tests ont aussi un intérêt épidémiologique, un intérêt statistique. C’est grâce à eux qu’on a pu établir cette fourchette de 5 à 6% des Français qui ont été en contact avec le Covid-19. Les tests sérologiques pratiqués actuellement, sont autorisés, mais non validés par les autorités de santé, et donc non remboursés, ni recommandés.  

Pendant le week-end, la liste des premiers tests sérologiques homologués par le Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires a été transmise à la Direction générale de la santé. 100 tests ont été étudiés indique Le Figaro. La première liste précise devrait être dévoilée cette semaine.


L’OMS met en garde sur ces tests sérologiques dans les stratégies de déconfinement

Car certains gouvernements ont émis l’idée de délivrer des documents attestant l’immunité des personnes sur la base de tests sérologiques révélant la présence d’anticorps dans le sang, de façon à déconfiner et à permettre peu à peu leur retour au travail et la reprise de l’activité économique. Mais « il n’y a actuellement aucune preuve que les personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont des anticorps soient prémunies contre une seconde infection », avertit l’OMS dans une publication du 24 avril.

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