À Montferrand-le-Château près de Besançon (Doubs), des religieuses souhaitent vendre leur couvent. Mais pas n’importe comment. Les sœurs dominicaines de Béthanie souhaitent céder leur domaine à des personnes porteuses de projets sociaux.
Il s’agit avant tout de transmettre. Les Dominicaines de Béthanie vendent leur couvent situé à Montferrand-le-Château près de Besançon. Leur projet, pensé depuis plusieurs années, recherche un ou plusieurs repreneurs porteurs de projets sociaux. Au total, 5 000 m² de surface habitable répartie sur plusieurs bâtiments sont à vendre, dans un parc de plus de sept hectares. Château, couvent, chapelle, aumônerie et dépendance font partie de la vente. Le prix n'est pas fixé. La vente pourrait se faire en plusieurs lots.
“Nous prions, nous sommes contemplatives, mais beaucoup d'entre nous sont visiteuses de prison. C’est notre apostolat”, explique sœur Marie-Ange, prieure générale du couvent au micro de notre journaliste Laurent Ducrozet. “Nous aimerions beaucoup que les futurs acheteurs aient les mêmes idées que nous, qu’ils soient porteurs de projets sociaux comme la réinsertion et le relogement d’anciens détenus”, explique-t-elle. Les sœurs souhaitent avoir la possibilité d'emménager à côté du château : “Nous pensons aller dans une petite maison, au bout de la rue, qui est [actuellement] notre hôtellerie”.
“Cela fait des années que les sœurs réfléchissent”
Fondée en 1866 par le père Dominicain Jean-Joseph Lataste, la congrégation religieuse a toujours eu comme mission d'accueillir des femmes sortant de prison. “Le père avait l’intuition de fonder une famille religieuse où les femmes sortant de prison pourraient être religieuses avec d’autres ayant eu moins d’histoires”, raconte la prieure générale du couvent.
Les sœurs, dont certaines ont aussi été d'anciennes détenues, ont gardé ce lien avec le milieu carcéral. Faire des visites dans les prisons, s'engager pour la réinsertion et le relogement de ce public vulnérables sont au cœur de leur préoccupation.
Les sœurs, aujourd’hui au nombre de huit, ne voient plus l'intérêt de posséder un domaine aussi grand. “Il y a six ans, nous étions beaucoup plus nombreuses. Mais beaucoup de nos sœurs sont mortes d’un coup parce qu’elles étaient âgées”, précise Marie-Ange.
Pour cette communauté religieuse, le projet de vente devait absolument être réfléchi. “C’est le fruit de discussions très longues. Cela fait des années que les sœurs réfléchissent. Aujourd’hui, on en est à la partie concrète de l'opération”, confie Claude Gonin, ancien économe du diocèse.
Garder la chapelle accessible
Le père Lataste, déclaré Bienheureux par l'Église en 2012, est célébré chaque année lors d'un pèlerinage le premier week-end de septembre. “Depuis maintenant huit ans, nous recevons tous les gens qui veulent venir. Nous aimerions continuer, mais peut-être en étant davantage aidés”, souligne la mère supérieure, qui espère sa béatification.
Pour les dernières sœurs, il faudrait après la vente du couvent que la chapelle, où le fondateur de la congrégation religieuse repose, reste accessible.