Avec la crise du coronavirus Covid-19, le secteur de l'aéronautique a vu son activité chuter à peu près de moitié. Cette baisse des commandes se fait sentir dans les entreprises du Doubs et de la région qui travaillent directement pour l'aéronautique ou en sous-traitance.
Pas de licenciements, mais fin des CDD, de l'intérim, et du chômage partiel long chez Cryla
Les ateliers sont grands, lumineux, équipés de machines ultra perfectionnées, mais ils sont vides.Thierry Biziaux, PDG de Cryla, montre avec fierté de nouveaux équipements nouvellement installés « pour travailler de nuit et augmenter la productivité ». Ironie de l’histoire : ses salariés ne travaillent plus que trois jours par semaine, en moyenne. Pas question donc d'augmenter la productivité pour le moment, mais plutôt de décrocher de nouveaux marchés.
Face à la crise qui touche de plein fouet l'aéronautique, le patron a dû s'adapter : « Cryla travaille à 75 % pour l’aéronautique, et notre groupe de 5 sociétés, à 50 %. Face à la chute de commandes, la première décision qu’on a prise a été de ne pas renouveler les contrats CDD et intérimaires."Pour le groupe, qui compte aujourd'hui 120 personnes, Thierry Biziaux n'envisage pas de licenciement actuellement mais du chômage partiel de longue durée. Le PDG se montre optimiste car il s'investit pour trouver de nouveaux marchés, de nouveaux clients.
Legeni, entre inquiétude, optimisme et souplesse
Direction, quelques kilomètres plus loin, dans la campagne, chez Pierre-Yves Le Goff. Cryla est l'un de ses clients, et lui aussi est optimiste. Il a fondé son entreprise en 2001. Il s'est déjà adapté à plusieurs crises, notamment celle de la téléphonie en 2001. Ou encore celle de 2008. Legeni, basée à Mercey-le-Grand dans le Doubs, est spécialisée dans le traitement de surface. Elle se trouve au bout de la chaîne de fabrication et subit des commandes en dents de scie. Son chiffre d'affaires vient à 52 % de l'aéronautique. Il a arrêté les contrats de 9 intérimaires depuis le début de la crise.
Pierre-Yves Le Goff raconte la souplesse de sa PMI qui emploie une quarantaine de salariés, et fait preuve d'adaptabilité au jour le jour : " Notre visibilité sur le carnet de commandes est déjà courte, 25 jours habituellement, avant la crise. Aujourd’hui, elle est seulement de cinq jours, donc nous organisons le travail au jour le jour. Et on réussit aujourd'hui des commandes de 200 000 pièces qu'on ne pensait pas pouvoir réaliser."
Aéroµtech, (prononcez aéromicrotech)
Pierre-Yves Le Goff est membre d'un cluster (en français un regroupement) qui réunit les professionnels du secteur aéronautique et Thierry Biziaux en est le président, c'est aeéroµtech.Ce cluster a pour rôle de fédérer et mettre en réseau ces chefs d'entreprise souvent seuls et débordés. En période de crise, il peut également apporter ses conseils. A terme, Malua de Carvalho, sa déléguée générale, espère pouvoir franchir une nouvelle étape : "Le cluster regroupe une soixantaine de membres. Nous aimerions aller encore plus loin. Notre objectif, c'est de prendre des marchés qu'aucune entreprise ne peut prendre seule et les mener à bien ensemble."
Quelques chiffres sur la filière aéronautique
En France, selon l'Institut Trendeo, entre mi-mars et mi-septembre 2020, le secteur a perdu 4000 emplois, alors qu'il en avvait créé plus de 15 000 durant la même période de l'année précédente.
350 entreprises composent la filière aéronautique en Bourgogne - Franche-Comté et emploie 16 000 salariés. Son chiffre d'affaires est de 3,5 milliards d'euros par an.
Le Doubs est le premier département aéronautique de la région avec environ 130 entreprises qui travaillent dans ce secteur pour 6000 salariés.
► Reportage à Mercey-le-Grand et à Besançon dans deux entreprises, Legeni et Cryla, qui travaillent pour l'aéronautique