Covid-19 : «On a l’impression d’ouvrir les vannes », des syndicats de professeurs réagissent à la non-fermeture systématique des classes

Les classes ne fermeront pas systématiquement dès le premier cas, voilà ce qu’annonce le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer. Seuls les élèves présentant un test négatif pourront revenir à l’école. Réactions des syndicats en Franche-Comté.

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8500 classes fermées qui pourraient être amenées à rouvrir ? Maintenir les écoles ouvertes, c’est en tout cas le souhait de Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education nationale a annoncé le nouveau protocole lors de la conférence de presse d'Olivier Véran. Un cas de covid dans une classe n’aboutira pas forcément à sa fermeture.

« Dès la semaine prochaine, lorsqu’un élève est testé positif, tous les élèves de la classe sont testés à leur tour et seuls les camarades testés positifs restent à la maison. »

Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'Education nationale

Une décision précipitée ?

« Alors qu’on s’attendait à plus de restrictions, on a l’impression d’ouvrir les vannes », tance Alexandra Bourgeois, secrétaire du SE-Unsa dans le Doubs. Avant d’être appliqué dans toute la France, le protocole de non-fermeture a été expérimenté dans dix départements à partir du 1er novembre. Le SE-UNSA dit ne pas « avoir eu de retours par rapport à ces expérimentations. »

C’est aussi le sentiment de Karine Laurent, secrétaire départementale du SNUipp-FSU 25. D’après elle, les raisons de cette annonce pourraient être plus économiques que pédagogiques : « La priorité du gouvernement n’est pas les élèves, mais bien les entreprises, et il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la santé, des adultes comme des enfants dans les écoles. »  

Une bonne nouvelle malgré tout ?

« C’est toujours une meilleure nouvelle de prendre le temps avant de fermer les classes », lance Philippe Canalda, co-président FCPE du Pays de Montbéliard. D’après ce représentant des parents d’élèves, cette annonce serait un moyen d’éviter de creuser les inégalités scolaires : « Sur deux ans, les cas de décrochages ont fortement augmenté – il suffit d’abandonner une matière pour lâcher complètement, et à distance, il a été difficile d’accompagner, pleinement les élèves. »

Limiter les inégalités entre les élèves ? Pas si sûr, pour les syndicats des professeurs. Car scinder la classe entre les cas positifs et les cas négatifs peut aussi créer des manquements. Karine Laurent, secrétaire SNUipp-FSU dans le Doubs salue la volonté de « favoriser le maximum de scolarisation », mais émet des réserves quant aux classes ayant un cas positif. Elle lance : « On ne peut pas prétendre réaliser un enseignement à distance pour les écoles maternelles et primaires, car on est déjà en classe avec les élèves négatifs aux tests. Les enfants ne sont pas autonomes, par rapport aux ordinateurs ».

Un point que souligne aussi Alexandra Bourgeois, secrétaire du SE-Unsa dans le Doubs : « Comment fait-on de l’enseignement entre les élèves à la maison et celles et ceux qui sont présents ? Nous ne sommes même pas équipés. » La secrétaire départementale indique avoir appris la nouvelle à la télévision.

Des dépistages qui questionnent

Si cette nouvelle règle sera appliquée ce lundi 29 novembre, sa mise en œuvre reste floue. « Qui réalisera les tests ? Comment seront-ils effectués ? Que faire des enfants en l’attente des résultats ? Toutes ces questions n’ont pas de réponse », lâche Alexandra Bourgeois, secrétaire du SE-Unsa dans le Doubs. Elle précise aussi que « cette expérience peut s’avérer traumatisante » pour des enfants de 3 à 11 ans.

Systématiser les tests, oui, mais ce protocole sera-t-il suffisant ? Karine Laurent, SNUipp-FSU dans le Doubs, reste prudente. « Il faut être vigilant sur les questions de santé. Si le dépistage est réalisé le jour même pour tous les élèves, peut-être que le virus ne sera pas encore détectable, alors que certains enfants pourraient en être porteurs. »

Cette nouvelle règle pourrait-elle être un pas de plus vers la vaccination des enfants ? Si les doses de Pfizer ont été autorisées par l’Agence européenne des Médicaments pour tous les jeunes entre 5 et 11 ans, la Haute Autorité de Santé, référente nationale, n’a pas encore émis de recommandation. Dans tous les cas, aucune campagne n’est prévue avant « début 2022 ».    

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