A la demande de l’ARS, les élèves infirmiers de troisième année du CHRU de Besançon vont être mobilisés pour aider les hôpitaux de la région à faire face à la deuxième vague. Inquiets, certains dénoncent un manque de considération et redoutent une "mise en danger" de leur formation.
"C’était censé être notre dernière semaine de stage, nous étions quand même contents de pouvoir reprendre les cours. Au lieu de cela, l'ARS nous réquisitionne à nouveau pour 2 mois", raconte Clara, étudiante infirmière en troisième année. "Nous trouvons cela inadmissible car nous avons été sur le terrain lors de la première vague, nous avons travaillé des week-ends, des jours fériés, fait des nuits sans nous plaindre. A l'heure actuelle notre formation est mise en danger", continue la jeune femme.
Ainsi, après une deuxième année déjà marquée par la première vague, ils craignent que leurs études pâtissent de ces multiples "réquisitions", "ça fait un moment que nous n’avons pas eu d’apport théorique, nous sommes toujours au niveau deuxième année en terme de connaissances et de savoir-faire", explique l’étudiante. Elle continue : "ça nous inquiète parce que normalement au mois de juin on est diplômés mais, il y a plein de choses que nous n’aurons pas vues et ça met la vie de nos futurs patients en danger".
Un avis partagé par Johanna*, 21 ans, camarade de promo de Clara : "nous voulons une formation digne de ce nom. Nous ne voulons pas être des soignants en manque de connaissances une fois diplômés. Si le choix de nous envoyer en stage est maintenu, il faut au moins que nous soyons reconnus".
Des stages rémunérés 1,50€ de l'heure
En plus d’une formation jugée tronquée, les étudiants du CHRU de Besançon dénoncent une rémunération au lance-pierre. "On se sent quand même exploités car on va sur le terrain pour 1.50€ de l’heure (car sous convention de stage), pour faire le boulot d’aide-soignant", dénonce Clara."En plus, nous ne savons pas si nous aurons les vacances de Noël, si nous aurons des jours fériés, les week-ends… C’est vrai que pendant la première vague nous avons reçu une prime de 1800 € pour deux mois et demi. Mais en comptant les jours fériés etc. c’est n’est rien par rapport à ce que nous avons fait", continue-t-elle.
Psychologiquement, ce n’est pas facile
Alors, mentalement ça va mal. La colère, le stress et la fatigue font partie intégrante du quotidien de ces jeunes étudiants. "Psychologiquement, ce n’est pas facile, je me demande comment je vais pouvoir attaquer une vie professionnelle une fois diplômée. Je suis déjà fatiguée par la formation et les stages entrecoupés par les vagues de Covid-19", avoue Johanna*.
Contactée, l’Agence régionale de Santé de Bourgogne- Franche-Comté confirme avoir demandé à ce que les étudiants infirmiers de deuxième et troisième année soient placés en stage durant deux mois, à compter du 9 novembre. Une décision jugée nécessaire pour faire face à la deuxième vague. Cependant, l’organisme évoque une mobilisation plutôt qu’une réquisition : "L’ARS Bourgogne-Franche-Comté ne procède à aucune réquisition mais organise la mobilisation du maximum de renforts pour faire face à la forte tension que fait subir l’afflux de malades du COVID au système de santé régional". L’ARS n’a pas donné plus de précisions sur la mise en place de ces stages obligatoires mais invite "les établissements sanitaires et médico-sociaux à se rapprocher des instituts de formation de leur territoire pour organiser des stages correspondants à la fois aux besoins des établissements, aux compétences des étudiants et à leur parcours de formation". Les étudiants infirmiers du CHRU de Besançon devraient recevoir de plus amples informations dans les jours à venir.
*Le prénom a été modifié