Vous avez peut-être entendu parler des tournois d’e-sport dans différentes médiathèque de la ville de Besançon ? Ou peut-être même y avez-vous participé ? Alors vous connaissez sûrement l’association BSK e-sport. Ceux pour qui ce n’est pas le cas, ne bougez pas, on a rencontré Adrien Gony, l’un des fondateur de la BSK, et Noa, un joueur de la BSK.
L’histoire débute grâce à la première édition du festival "ici c’est Besac", en 2021. Alors coach et analyst de Fortnite (jeu vidéo d'action et de combat multijoueur gratuit, édité par Epic Games, ndlr) et casteur sur Twitch, Adrien Gony, âgé de 23 ans, 21 à l’époque, a le souhait de participer au festival, rubrique gaming, évidemment. "J’ai rencontré plusieurs personnes, et on s’est rendu compte qu’on était nombreux à aimer l’e-sport sur le territoire", explique-t-il, avant de rajouter : "sachant que dans la région, c'est le néant, on a décidé de créer une structure tous ensemble". Les voilà, tous les huit, à fonder leur équipe, "BSK e-sport".
Changer l'image du e-sport
Cette structure à plusieurs visions. D’abord compétitive, avec une volonté de performer en recrutant des joueurs. Pour ceux qui n’y connaissent pas grand-chose à l’e-sport, ça fonctionne un peu comme un club de foot : on achète des joueurs pour atteindre le meilleur résultat.
La seconde se tourne plutôt vers l’évènementiel et le social. "Nous avons une réelle volonté de créer des évènements autour de l’e-sport, dans la région. D’abord pour montrer que les jeux vidéo peuvent être un vecteur de socialisation et pas d’enfermement, comme on peut le penser. De montrer que quand c’est bien utilisé, ils rassemblent", insiste longuement Adrien Gony, l’un des fondateurs. Ce volet évènementiel permet également de financer l’aspect compétition. Il s’agit de leur seul financement.
Le début de la gloire ?
La saison 2023/2023 a été bonne pour la BSK et elle rayonne sur la scène nationale, internationale, et même mondiale. Vice-champion de France et deux titres de champion d’Europe sur le jeu NBA 2K et la 32ᵉ place Gamers8 en Arabie Saoudite. Il s'agit ni plus ni moins que le deuxième plus gros évènement de l’année organisé par la Fédération saoudienne d'e-sport.
C’est le joueur Noa Eray, aka Noaggs, qui a représenté la BSK, avec son duo BlastR. À seulement 17 ans, il a offert la première place francophone à la BSK et une 32ᵉ place, face à des élites mondiales venant de 29 pays. "On s’est retrouvés face à des structures conséquentes, telles que celle de David Bakham, de Squeezie et Gotaga, ou encore du champion du monde. Pour les moyens que l’on a, la performance est incroyable", rapporte Adrien Gony.
"Incroyable", c’est le mot qui résume l’aventure du jeune Noaggs. "Même si on n'a pas obtenu le résultat qu'on voulait, on était content de participer à un gros événement comme celui-ci. Sur place, on avait hâte de jouer et on était aussi impressionnés par la ville et les vues qu'on avait à Riyadh."
Dans la cour des grands, sans les moyens
Si la performance est déjà spectaculaire, le cofondateur se rend à l’évidence : "pour atteindre le top niveau, il nous faut les joueurs qui aillent avec. On est rentré dans la cour des grands, mais on ne fait pas le poids. Que ce soit en termes de marketing, de financement, de sponsoring ou de salaire", admet Adrien Gony.
"On a construit BSK pour du pro, pas pour faire de l’amateur. Mais on n’a pas de sponsor, pas de mécène, et c’est ce qui nous manque aujourd’hui pour nous étendre davantage", explique Adrien Gony. Et c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Car pour acquérir une grande visibilité, il faut des joueurs d’envergure, et pour les avoir… il faut les moyens financiers. Pas de moyen financier, pas de grands joueurs. Pas de grands joueurs, pas de visibilité. Pas de visibilité… pas de sponsor.
Dans la structure, que des bénévoles. "L’argent que l’on gagne, on le garde pour nos joueurs", déclare Adrien Gony. Un modèle financier bien différent des autres structures d’e-sport.
Le financement, la base pour s'envoler
"On tend vers quelque chose de pérenne, mais sans financement, on vit avec seulement trois mois de visibilité, ce qui nous empêche de faire de plus gros projets. Nous sommes la seule structure en Bourgogne Franche-Comté, et on aimerait un soutien de la part des collectivités, et même des privés. On a envie de faire bouger le territoire, en organisant des évènements et en recréant du lien, avec une contrepartie financière", confie Adrien Gony.
Le bénéfice tiré de leurs premiers évènements n’est pas suffisant pour les projets qu’ils espèrent créer, ni pour obtenir un local, acheter du matériel ou encore avoir une personne qui travaille à temps plein dans l’association. "D’autres régions sont beaucoup plus investies, avec des structures qui reçoivent des subventions. Ils se battent même pour les distribuer entre les différentes associations, et nous, on a rien", dit le fondateur en riant. Un rire jaune, pour celui qui ne demande qu’un petit coup de pouce.