Deliveroo, UberEats... 11,75 euros minimum de l'heure pour les livreurs des plates-formes en France, une avancée qui ne suffit pas

Jeudi 20 avril 2023, les plates-formes ont signé trois accords, pour renforcer les droits des livreurs. À Besançon (Doubs), les livreurs attendent de voir pour y croire. « À chaque avancée, c’est pour mieux reculer» réagit l’un deux.

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Les plates-formes qui vous permettent de commander votre repas et vous le faire livrer chez vous par un livreur à vélo ou scooter ont signé un accord, jeudi 20 avril, avec les instances représentatives des livreurs à deux-roues indépendants pour leur garantir un revenu minimal horaire fixé à 11,75 euros, selon un communiqué de la Fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs (FNAE).

Trois accords sur différents sujets étaient soumis à signature, l’un sur les revenus, l’autre sur la désactivation d’un compte de livreur, le troisième sur le dialogue social. 

Ces premiers accords consacrent le dialogue social et constituent une réelle avancée en faveur du renforcement des droits des travailleurs de la livraison.

Olivier Dussopt, ministre du travail

Un accord sur les revenus, qu'en pensent les livreurs de Besançon  ?

"C'est un gain immédiat pour les livreurs, dont 20 % au moins sont en dessous de ce seuil" estime Grégoire Leclercq, président de la FNAE.

Nous avons demandé à des livreurs bisontins ce qu'ils pensent de ces augmentations à venir. Ceux qui nous ont répondu, ont voulu garder l'anonymat. Ce minimum horaire s'appliquera sur les temps de livraison, les temps d'attentes des livreurs ne sont toujours pas payés.

À Besançon certains arrivent déjà à gagner plus que 11,75 euros par heure. Ils craignent demain de devoir répondre à toutes les demandes alors qu’aujourd’hui, ils peuvent choisir leurs courses en fonction de la distance, pour « maximiser leur chiffre d'affaires ».

En 4 heures de travail journalier, un livreur explique gagner à Besançon en moyenne 60 euros. Il s’en contente et dit apprécier son travail sur son vélo. Il se sent libre. Il complète son salaire avec la prime d’activité. Alors selon lui, rien ne changera le concernant avec ce nouvel accord.

Un second livreur rencontré dans les rues de Besançon dit faire confiance à la FNAE qui a signé l'accord et attend d'autres évolutions.

Ca peut paraître précaire mais 11,75 euros c'est mieux que rien du tout.

Un livreur exerçant le métier depuis 4 ans

L’encadrement des désactivations de comptes des livreurs

Beaucoup de comptes de livreurs étaient jusqu’alors abusivement désactivés du jour au lendemain.

Un livreur bisontin interrogé ce vendredi 21 avril dans les rues de Besançon en a fait les frais.

Ils m’ont bloqué deux semaines parce que je n’avais pas le sac de livraison. Il coute 48 euros. Je demandais des aides pour l’acheter, ça existe et je ne les ai jamais eues. Ils m’ont empêché de travailler deux semaines.   

Un livreur désabusé

Son désir est de changer de travail malgré la nouvelle réglementation, car il ne gagne pas bien sa vie et dénonce les conditions de travail.

 

Les déconnexions de comptes étaient jusqu’alors à l’initiative unilatérale des plates-formes et appliquées sans que le livreur concerné ne soit prévenu, ni ne puisse se défendre. L'accord du 20 avril met en place un cadre qui protège le travail de l’usage abusif de ces ruptures de relations commerciales. Le livreur pourra lui-même signaler des abus, avec les clients aussi.

Tous les livreurs avec qui nous avons pu échanger s’accordent à dire que le métier est de plus en plus difficile. Le nombre de livreurs a nettement augmenté et l’un d’entre eux dit avoir perdu 30% de commandes.

Alors dire que ces accords vont révolutionner le métier, pas certain. Mais c’est un premier pas vers de meilleures conditions de travail, en attendant la suite. "L'accord prévoit la poursuite des négociations sur la question des revenus, et indique que le revenu minimum garanti sera réexaminé chaque année", a souligné le ministère du Travail.

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