"Donner plus pour ne pas avoir plus" : les enseignants en grève ont crié leur colère et leur désarroi dans les rues de Besançon

Ils en ont gros. Manque de revalorisation salariale, suppression de postes et d'heures de cours, groupes de niveau... La liste des critiques est longue pour le personnel de l'Éducation nationale qui manifestait ce jeudi 1er février 2024 place de la Révolution à Besançon (Doubs).

“À force de rogner, on arrive à l’os”, s’inquiète Isabelle, 56 ans, professeur en lycée. À l’appel de l’intersyndicale, elle et un millier d’autres enseignants, selon le comptage de nos confrères de France Bleu, se sont réunis à Besançon, place de la Révolution, à 14h. Le matin même, des élèves du lycée Ledoux ont aussi organisé un blocus en soutien à leurs professeurs en grève. 

“On a l’impression qu’il faut donner plus pour ne pas avoir plus”, souffle Isabelle. Dans son lycée, il y a plusieurs options artistiques et linguistiques. On y enseigne les langues anciennes et les langues rares comme le russe. Au fur et à mesure, les heures dédiées à ses options sont, selon elle, grignotées. 

“On ne cesse d’entendre dans les médias que l'éducation est une priorité, tout comme l’agriculture. Elles sont plutôt malmenées pour des priorités”, s’indigne-t-elle. Pour ne rien arranger, la fusion du ministère de l’Éducation nationale et de celui des Sports et des Jeux olympiques est vu comme un manque de considération par le secteur. 

Mais pour elle, ce qui reste le plus important, ce sont les élèves. De trop gros programmes, la peur du contrôle continu en terminale, des erreurs de casting dans ParcourSup : “Tout cela génère un mal-être important chez nos élèves”. 

Amélie Oudéa -Castéra : une pilule qui ne passe pas 

“On a été attaqué par notre ministre. Mentir sur le travail du personnel de l’éducation nationale serait une faute grave pour un fonctionnaire, mais pas pour une ministre”, ironise Michael Bordy, secrétaire régional de la UNSA Bourgogne Franche-Comté. Un peu plus loin, des jeunes scandent : "Oudéa casse-toi". 

Pour les enseignants, la ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, a commis plusieurs impairs depuis sa prise de fonction à la mi-janvier. Elle a notamment justifié l’inscription de ses enfants dans une école privée par de nombreuses heures non remplacées dans la maternelle publique que son fils aîné a fréquentée quelques mois. 

Ses propos ont été démentis. Libération a retrouvé l’enseignante qui a démenti s’être absentée au moment où l’enfant était scolarisé dans son école. 

Groupes de niveau, suppression de postes, manque de revalorisation… 

Le recours aux groupes de niveau est aussi considéré comme un recul. “Décision prise contre l’avis de tous les scientifiques, de tous les experts en pédagogie”, précise Michael Bordy. Par ailleurs, plus de 155 postes vont être supprimés dans les collèges et lycées de Besançon en raison d'une baisse du nombre d'élèves scolarisés dans les établissements publics de la région. 

Un des points essentiels de cette indignation reste la revalorisation salariale : “Les profs et les personnels de l’éducation nationale ont eu en moyenne environ 15 euros d’augmentation sur leur fiche de paie de janvier. Donc, il y a une exaspération”. 

Les organisations FSU, UNSAEducation, SGEN-CFDT, CGT Educ’action et SudEducation ont appellé les personnels à la grève le jeudi 1er février et donné rendez-vous à Besançon pour la manifestation. Selon l’académie de Besançon, 20,41 % des professeurs de l’académie ont fait grève et 17,74 % du personnel de l’éducation nationale.

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