À l'appel de leurs principaux syndicats, les professeurs seront en grève ce jeudi 1er février. Au-delà de leurs revendications habituelles, les enseignants se sentent de plus en plus méprisés depuis les premières déclarations polémiques de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale.
Les syndicats enseignants appellent à la grève ce jeudi 1er janvier. Les professeurs se joignent à la colère sociale qui touche le pays depuis la semaine dernière. Des perturbations sont donc à prévoir dans les écoles, les collèges et les lycées. À Besançon, les professeurs sont invités à se rejoindre place de la Révolution à 14 heures pour une manifestation qui passera notamment Place Jean Cornet, au niveau du bâtiment de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES). "Notre nouvelle ministre de l'Education nationale s'occupe des sports, c'est donc un petit clin d'œil", confie Amélie Lapprand, enseignante à l'école élémentaire Pierre et Marie Curie à Besançon.
A Belfort, le rendez-vous est donné à 10h à la Maison du peuple. A Lons-le-Saunier, il est prévu à 14h30 Place de la Liberté.
En Côte-d'Or, un rassemblement est prévu à 14h devant le Rectorat de Dijon. Les manifestants se mettront ensuite en route, direction la préfecture. Des professeurs qui se mobiliseront aussi en Saône-et-Loire, avec un mouvement prévu à Chalon-sur-Saône à 14h30, place de Beaune. Rendez-vous à la même heure pour les professeurs de la Nièvre, avec un rassemblement devant Direction des services départementaux de l'Education nationale du département, installée à Nevers.
Enfin dans l'Yonne, deux mouvements sont prévus. Un à Sens à 10h sur la place de la République. L'autre à Auxerre au lycée Fourrier à partir de 14h.
Propos dénigrants de la ministre
Amélie Oudéa Castera, la ministre de l'Education nationale fraîchement nommée, ne fait pas l'unanimité auprès des professeurs. Depuis sa nomination, elle enchaîne les polémiques. Ses propos sur l'école publique ont choqué de nombreux enseignants.
"On a senti un certain mépris, il y a une déconnexion totale avec la réalité du terrain et l'ampleur des difficultés que l'on rencontre au quotidien"
Amélie LapprandProfesseure des écoles
"Ce genre de déclaration a un réel effet sur les élèves et les parents d'élèves, ça crée encore plus de défiance envers nous, on aimerait que nos dirigeants respectent plus l'école", s'exaspère Olivier Coulon, professeur de français et d'histoire géographie au lycée professionnel Condé à Besançon. Au-delà des différentes polémiques autour de la nouvelle ministre, le corps professoral est surpris de la fusion entre le ministère de l'Éducation nationale et celui des Sports et des Jeux olympiques "C'est un signe qu'ils nous donnent très peu d'importance", se désole la professeure des écoles et membre de la FSU-SNUipp25.
"Un point de rupture"
À travers cette grève, les enseignants veulent alors dénoncer ce mépris, mais surtout leurs conditions de travail ainsi que celles du personnel et des élèves.
"Nous sommes à un point de rupture aujourd'hui et c'est très inquiétant pour l'école publique. Il y a un besoin essentiel de mettre les moyens"
Amélie LapprandProfesseure des écoles
La perte de sens du métier et le manque de considération, d'abord financière, pèsent sur l'emploi de nouveaux professeurs. "Il y a une vraie crise du recrutement alors que c'est aujourd'hui qu'on en a le plus besoin. Sur le département du Doubs, il faudrait créer 100 postes, mais au lieu de ça, on en a supprimé 28", confie Amélie Lapprand. Selon les enseignants, il y a un manque cruel de moyens humains : "des professeurs, mais aussi des psychologues, des médecins du travail...".
Des réformes peu convaincantes
Certaines réformes et programmes décidés par le ministère de l'Éducation nationale ces derniers mois préoccupent les professeurs qui les voient plutôt d'un mauvais œil : "Le choc des savoirs" proposé par Gabriel Attal en octobre est irréalisable et puis on a une grande perte de liberté pédagogique avec le fait de nous imposer des méthodes toutes faites qui ne prennent pas en compte notre situation", explique la professeure des écoles.
"Les groupes de niveau en mathématiques et en français au collège, c'est une aberration. Ça va se faire au détriment des élèves. Mettre les bons avec les bons et les mauvais avec les mauvais, ça n’a jamais rien donné"
Olivier CoulonProfesseur de français et d'histoire-géographie
"Et puis ne parlons pas de la réforme du lycée professionnel qui ne va pas non plus dans le bon sens, il y a grosse baisse du temps de formation pour les lycéens. Ils arrivent ensuite dans leurs entreprises beaucoup moins formés".
Enfin, la mobilisation ne concerne pas seulement les professeurs, mais aussi le personnel comme les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). "Souvent, ce sont des contrats de travail très peu intéressants avec des petits salaires et peu d'évolution. La plupart ne peuvent pas faire grève donc on les représentera jeudi, on aimerait que ça change pour eux et qu'ils aient un statut plus reconnu", confie le professeur de français et d'histoire-géographie.
Le mouvement syndical prévu ce jeudi 1er février pourrait être appelé à durer. Des syndicats enseignants envisagent déjà des suites à cette journée pour obtenir la satisfaction de leurs revendications.