Dopée par la pandémie, la pratique du vélo n'est pas près de s'arrêter, quitte à provoquer "une guerre" des stocks

La Bourgogne-Franche Comté comme tout le reste de la France a connu un véritable boom de la pratique du vélo avec le début de la crise sanitaire en mars 2020. Un an plus tard, cette nouvelle habitude n'est pas prête de disparaître et fait peser une pression impressionnante sur le marché.

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Alors que nous fêtons amèrement la première année de nos vies sous la crise sanitaire, notre quotidien reste toujours bouleversé. Nous avons dû adapter nos habitudes et en abandonner d'autres. Mais certaines nouvelles pratiques ne sont pas toutes à jeter, et de nombreuses personnes répondront avec enthousiasme que l'engouement autour du vélo en fait partie. 

Les Bourguignons et Francs-Comtois, comme le reste des Français, ont été plus nombreux à pédaler depuis le début de la pandémie. Le nombre de passages de vélos a progressé de 10% en 2020 par rapport à 2019, sur tout le territoire français, selon le suivi de Vélo & Territoires. Périodes de confinement exclues, ce chiffre monte même à 27%.

"J’irai au boulot à vélo jusqu’à ma retraite"

Pour se rendre au travail et éviter les transports en commun bondés, respecter l'environnement, ou encore profiter de la nature et faire de l'activité physique... "Cela va au-delà du simple effet de mode, il y a une tendance claire qui se dessine et qui a débuté avec la pandémie", estime Edouard Lapoire. Pour le directeur de Proxy-Cycle, entreprise de location de vélo électrique et fournisseur du réseau Ginko du Grand Besançon, cet engouement a transformé en profondeur les pratiques. Se basant sur les statistiques du réseau Ginko, il note que "75 % des personnes utilisent le vélo pour remplacer un moyen de transport" et plus seulement comme un loisir. Désormais, le vélo s'intègre au cœur du quotidien. 

Même Romain, qui d'ordinaire pratiquait le vélo seulement pour le plaisir, a vu ses habitudes changer. Dans "le monde d'avant", il reliait Belfort, où il habite, à son lieu de travail situé à Héricourt (Haute-Saône), en train. Puis les grèves, le Covid-19 et le départ de sa fille en internat sont passés par là. Autant de raison qui l'ont découragé de prendre sa voiture et les transports en commun. Aujourd'hui, lorsqu'il doit aller travailler, il enfile son cuissard noir et enfourche sa bicyclette. Paré pour ses 25km aller et 28km retour. 

"J'alterne entre le vélo de course et le VTT électrique, qui me permet de prendre des chemins sympas dans les bois, indique-t-il. Il me faut 1h le matin pour aller à Héricourt, car je prends le chemin le plus direct. Mais le soir, s'il fait beau, je me permets de prolonger le trajet". Romain est ce qu'on appelle un "vélotafeur". Et il est mordu : "J’irai au boulot à vélo jusqu’à ma retraite", affirme-t-il, catégorique. 

Les "vélotafeurs" sont devenus le cœur de cible des vendeurs et locataires de bicyclette. Sur le réseau Ginko, "80 % des vélos sont utilisés en semaine, contre 20 % durant le week-end", explique Edouard Lapoire. Certaines personnes, qui n'étaient pas forcément férus de vélo, se sont intéressés à ce mode de déplacement plus doux. Selon le directeur de Proxy-Cycle, cette évolution des pratiques a "fait tomber les barrières entre les usagers" et attire une nouvelle clientèle, plus jeune, plus féminine aussi. 

"La guerre des vélos"

Avec un enthousiasme toujours plus fort et des usagers de plus en plus nombreux, tout semble bien rouler pour l'industrie du vélo. Pourtant, la demande est tellement importante et rapide que les vendeurs, fournisseurs, et même constructeurs se retrouvent en rupture de stock. Même un an après le début de la pandémie. "Tous les jours, on refuse des ventes car on n'a plus de modèles disponibles, déplore Didier Perréal, propriétaire du magasin Relais Vélo à Besançon. Je ne peux même pas réparer certains vélos car je n'aurais pas les pièces avant août !" 

Pas de pièces détachées, pas de vélos disponibles, des prix qui ne cessent d'augmenter et des capacités de productions qui sont limitées... "C'est la guerre des vélos", déclare Edouard Lapoire. Car la France n'est pas le seul pays à connaître un boom du cyclisme : c'est tout le marché européen, même nord-américain, qui est concerné. D'autant plus que "certains pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas ont été déconfinés avant la France et ont aspiré tous les stocks européens", continue le directeur de Proxy-Cycle.

Il est donc presque impossible de débarquer dans n'importe quel magasin et de repartir immédiatement sur la selle de son vélo. Il faut maintenant passer commande, et les délais d'attente peuvent être très longs. Selon Edouard Lapoire, il faudrait attendre deux ans avant que le marché se stabilise et que le système de fonctionnement revienne à la normale. 

Le vélo survivra au Covid

Et "le marché va devoir se stabiliser, car cette nouvelle conception du vélo n'est pas conjoncturelle mais structurelle", estime Didier Perréal. En d'autres termes : c'est parti pour durer, Covid-19 ou pas. Ce développement "s'inscrit dans l'air du temps", continue le commerçant, notamment parce que les bicyclettes sont plus respectueuses de l'environnement que les voitures, et sont bénéfiques pour la santé.

Romain a d'ailleurs vu sa qualité de vie se transformer depuis qu'il pratique le vélo pour se rendre au boulot. "J'ai un petit peu maigri, je dors mieux, je vois la nature se réveiller, j'arrive au travail frais et dispo, continue-t-il. Il me faut plus longtemps pour arriver au travail mais, paradoxalement, je prends le temps de vivre". Il conclut : "Je ne sais pas si c'est grâce au Covid que la pratique du vélo augmente, ou si le monde est en train de changer. En tout cas, on ne fera plus marche arrière" estime-t-il.

50 euros pour remettre son vélo en état, l'opération prolongée jusqu'au 31 mars

Vous avez jusqu'au 31 mars 2021 pour profiter du dispositif Coup de pouce vélo. Le site coupdepoucevelo.fr vous metra en lien avec des réparateurs agréés et vous proposera une aide financière de 50 € pour la réparation ainsi que des conseils pour votre remise en selle.

Cette mesure fait partie du programme Coup de Pouce Vélo lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, en partenariat avec la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), afin d'encourager l'usage du vélo comme moyen de transport.

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