14 juillet à Besançon."Escalier social, valeurs et aventure". Pour recruter, l’armée de Terre veut montrer ses atouts à l’occasion de la fête nationale

Pour élargir son recrutement, l’armée de Terre mise sur la découverte du quotidien des soldats par le grand public. A l’occasion du défilé du 14 juillet à Besançon, l’armée a installé un “village aux armées” au parc Chamars pendant deux jours à Besançon.

Enzo, 13 ans, tient serré dans sa main un petit bout de papier, un peu comme une promesse d’un avenir rêvé. Le collégien de Haute-Saône vient de tirer sur une cible comme le font les militaires pour s’entraîner. En souvenir, il peut garder ce papier criblé de trous. Ils sont tous au centre, sa grand-mère ajoute "et il a de bonnes notes à l’école !”. Enzo est fan de l’astronaute Thomas Pesquet, il veut devenir pilote de chasse comme lui pour “avoir une chance” de monter dans une fusée.

“Ils sont très soudés” 

Enzo est l’un des jeunes visiteurs de ce “village aux armées” monté le temps du week-end du 14 juillet à deux pas du parcours du défilé des militaires pour le 14 juillet.

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Le jeune garçon a déjà la vocation chevillée au corps, il a même pu regarder travailler les militaires dans leur quotidien sur la base aérienne de Luxeuil lors d’un stage de quelques jours. Qu’en a-t-il retenu ? “Ils sont très soudés” répond l’adolescent avant d’ajouter “Défendre son territoire, c’est bien aussi”.  

Pouvoir éprouver physiquement ce que l’on ressent quand on monte dans la tourelle d’un VBCI, Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie, sentir le poids d’une tenue, d’une arme, découvrir le tir... Le sergent-chef Yvon, insiste auprès des quelques jeunes venus au “village des armées” sur cet aspect tactile. “Cela peut provoquer un déclic” espère ce militaire de carrière qui est parti au Mali, en Afghanistan, en Guyane, au Liban.  

La concurrence du civil pour recruter

Pour l’occasion, l’armée de Terre présente ses fleurons comme le Griffon, le dernier né des véhicules militaires. Il est utilisé par le 6e régiment de matériel de Besançon et devrait servir aux missions de dépannage confiées à ce régiment.  

Aujourd’hui, le sergent-chef Yvon est chargé de la cellule de recrutement au 35e régiment d’infanterie de Belfort. Plus que jamais, l’armée de Terre recrute. Chaque année, elle embauche entre 13 et 15 000 hommes et femmes en France. L’année dernière, il a manqué environ 2000 recrues. Le colonel Frédéric le reconnaît, il travaille à l’Etat-major de la première division basé à Besançon. “En période de quasi plein emploi, c’est plus compliqué de récupérer des gens”. L’armée a beau avoir des services dédiés, les CIRFA, Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées, elle n’arrive pas à convaincre suffisamment de candidats à l'embauche. D’où cette opération séduction organisée au moment des défilés du 14 juillet.  

"L'inconvénient, c'est le risque"

Devant Théo 15 ans, Hugo, 18 ans, Noah,17 ans, le sergent-chef Yvon, 21 ans de service, détaille ce qu’il considère comme des avantages d'être militaire. C'est concret. “Le tir, le sport, on passe les permis, les voyages, la retraite à partir de 19 ans ½ de service, énumère-t-il. Vous êtes nourris, logés, blanchis et surtout, vous avez des valeurs” conclut-il. Il poursuit “ Faut que je vous dise l’inconvénient... C’est le risque. Mais c’est important”. Alors que les troupes à pied et motorisés s’apprêtent à défiler le 14 juillet tout à côté de cette exposition éphémère de matériel, le sergent-chef affirme que “la liberté que l’on a aujourd’hui, il ne faut pas oublier qu’on l’a parce que des hommes et des femmes sont morts pour elle. Le 14 juillet, c’est une fête importante pour se souvenir” conclut-il.  

Les militaires et les jeunes rencontrés dans ce “village” éphémère mettent tous en avant l’envie de “servir leur pays”. Quelle différence entre être secrétaire de direction dans une PME ou secrétaire du colonel d’un régiment ? “Être utile” répond la jeune militaire titulaire d’un bac plus deux. Son salaire varie entre 1700 et 3000 euros selon les primes. “C’est l’escalier social” qui peut convaincre de s’engager dans l’armée. “Vous avez des perspectives de carrière qui n’existe pas dans le privé, précise le colonel Frédéric. Vous pouvez commencer simple soldat et finir officier”.  

Réputée pour être la “grande muette”, l’armée n’a jamais été aussi bavarde pour tenter d’assurer son avenir.