Galeries Lafayette : “On craint la fermeture de nos magasins”, l’inquiétude des salariés à Belfort comme Besançon

Le placement en redressement judiciaire de trois holdings de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon inquiète vivement les salariés des 22 magasins Galeries Lafayette en France que l’homme possède. Réactions à Belfort et Besançon (Doubs).

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A Belfort, l’inquiétude ne date pas d’aujourd’hui. La CFDT syndicat majoritaire a lancé en novembre dernier un droit d’alerte. Les Galeries Lafayette de Belfort appartiennent à Michel Ohayon, un bâtiment de 12.000 m2, dont 3.500 m2 sont actuellement utilisés pour la vente. 35 salariés travaillent ici.

“Nos craintes, c’est qu’on ferme. Depuis le 1er février, nos livraisons ne sont plus assurées. On a peur, on voit bien que nos fournisseurs ne sont pas payés” confie Véronique Nardin, de la CFDT. Comme les autres salariés, elle a pris connaissance de ce nouvel épisode judiciaire concernant les sociétés de Michel Ohayon.

L’homme d'affaires a déjà fait parler de lui récemment avec plusieurs de ses sociétés. Camaieu a fait l’objet d’une liquidation judiciaire en septembre 2022. Go Sport France et sa maison mère Groupe Go Sport viennent d’être placées en redressement judiciaire.

À Belfort, l’inquiétude est donc vive. D’autant que le magasin de Belfort des Nouvelles Galeries n’est pas le plus moderne.

C’est le plus gros magasin du centre-ville, tous les salariés sont inquiets. Quand on voit la liquidation de Camaïeu, ça nous fout vraiment la trouille"

Véronique Nardin, CFDT Galeries Lafayette Belfort

“Il faut sauver ces emplois et les centres-villes”

Frédéric Hacquart a travaillé de nombreuses années aux Galeries Lafayette de Besançon. Il est aujourd’hui délégué central CFDT de tous les magasins. Il est plus qu’inquiet. “Les magasins ne sont plus livrés, même la médecine du travail n’est pas payée, il n’y a plus de sous dans les caisses” dit-il. Hermione People and Brands (HPB), la structure qui possède depuis 2018 les célèbres Galeries Lafayette dans 22 villes de France est-elle sur le point d’être placée à son tour en redressement judiciaire ? Frédéric Hacquart le redoute. “Il est clair qu’il y a des magasins qui sont sauvables, rentables d’autres non” estime le syndicaliste. 675 emplois sont en jeu en France.

Dans la boutique de Besançon, ce sont près de 75 emplois, vendeurs, vigiles, femmes de ménage, démonstrateurs des marques. “80% de femmes, une pyramide d’âge assez haute. Ces gens-là vont retrouver du travail  ? “ s’interroge Frédéric Hacquart. “Les gens sont inquiets, et moi je n’ai pas envie de voir le centre-ville mourir” dit-il dépité de voir un fleuron français comme les Galeries Lafayette menacé par l’investisseur bordelais.

Devant les inquiétudes, les salariés des 22 magasins des Galeries Lafayette que possède le groupe de Michel Ohayon devraient se mobiliser le 14 février à la pause de midi, le jour de la Saint-Valentin. La CFDT espère mobiliser les consommateurs également en les faisant revenir en ville, et surtout alerter sur cet outil de travail à préserver.

Les Galeries, une institution et un phare commercial dans de nombreuses villes de France

Le magasin de Besançon situé entre les rues de Granges et la Grande rue est une institution. Un bien immobilier de 10.000 m2. Pour Serge Couesmes, président de l’Union des Commerçants de Besançon, les difficultés des Galeries Lafayette seraient un coup dur. Ce magasin représente une grosse force d'attractivité du centre-ville. C’est un commerce emblématique de par sa position et les produits qu’il fournit."

Du côté des élus, on commence également à s’inquiéter. Ludovic Fagaut (conseiller municipal LR à Besançon) alerte dans un communiqué : Redressement judiciaire ne veut pas dire liquidation mais néanmoins, cela doit nous mettre en alerte et nous amener à envisager tous les cas de figure en étant proactif sur le dossier par anticipation. Cela constituerait un vrai drame pour notre territoire tant sur le plan humain, avec nombre de salariés se retrouvant sans emploi, que sur le plan économique avec un affaissement de l’attractivité de notre ville et de l’offre commerciale du centre-ville.

Quel est cet empire commercial Ohayon qui vacille ?

Le tribunal de commerce de Bordeaux a placé en redressement trois holdings de l'homme d'affaires pour le non remboursement de plus de 200 millions d'euros d'emprunts.

Ces trois holdings liées au fonds d'investissement la Financière immobilière bordelaise (FIB) de Michel Ohayon, avaient permis le financement de l'exploitation ou du rachat de trois hôtels luxueux : le Grand Hôtel de Bordeaux, le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de Roissy, à l'aéroport Charles de Gaulle.

Homme d'affaires spécialisé dans l'immobilier, le Bordelais Michel Ohayon a racheté ces dernières années, à travers Hermione People and Brands (HPB), branche distribution de la FIB, plusieurs enseignes : des magasins Galeries Lafayette en régions, l'ancien fleuron du textile Camaieu, Go Sport, La Grande Récré, Gap France ou encore Café Legal.

Sophie Courageot avec AFP

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