Une conférence intersyndicale était donnée ce vendredi 5 avril à Besançon, à la suite de la manifestation de gilets jaunes survenue samedi 30 mars. Les syndicats s'organisent à présent pour dénoncer haut et fort "des violences policières inadmissibles". Reportage.
"Si la vidéo n'avait pas été publiée, Matthias, blessé samedi, aurait pu être accusé de violence contre un policier et risquer une peine de prison. C'est parfaitement intolérable" a dénoncé ce vendredi 5 avril une intersyndicale composée d'une quinzaine de personnes représentants notamment le syndicat CGT, Solidaires, Force Ouvrière ou encore la FSU.Parmi eux, un street medic, bénévole en charge de soigner les blessés sur les manifestations bisontines, a annoncé le chiffre des blessés recensés par leurs soins depuis le début du mouvement des gilets jaunes à Besançon.
"78 personnes ont été blessées sur l'ensemble du mouvement. Il y a par exemple 10 par LBD, des multiples gazages, 17 blessés par grenade lacrymogène ou encore 5 blessés par matraque. On recense après chaque manifestation les blessés" a-t-il expliqué, tout en précisant que ce chiffre était un chiffre "minimum".
Deux gilets jaunes actuellement incarcérés
Les différents syndicalistes installés autour d'une table face à la presse ont tous dénoncé, une nouvelle fois, les violences policières à Besançon, alors que "c'est l'une des villes dans laquelle on dénombre le moins de débordements". Tous s'accordent à dire qu'ils "n'ont jamais vu ça à Besançon".
Après leur communiqué de presse, diffusé le 2 avril, dans lequel ils expliquaient, qu'“un palier inadmissible a été franchi”, les intéressés ont également tenu à aborder la question de "la répression judiciaire". L'un d'entre-eux dénonce le fait qu'il ne peut plus diffuser d'images de manifestations sur son compte de réseaux sociaux : "Je ne fais plus de live sur internet, car ils sont bloqués et supprimés". Par qui ? Demande l'un des journalistes présents. "Il faut demander à Macron" répond l'intéressé.
Frédéric Vuillaume, syndicaliste de Force Ouvrière, mis en garde à vue fin février a tenu à rappeler que deux gilets jaunes étaient actuellement en prison, dont son beau-fils, incarcéré à la prison de Besançon : "Pascal et Jordan sont actuellement incarcérés. Jordan n'avait aucun casier judiciaire. Le procureur avait requis 3 mois. Il en a pris 6."
Découvrez le reportage de Stéphanie Bourgeot, Florence Petit et Rémy Bolard :
"Un juge a reproché a un camarade d'avoir des livres anarchistes chez lui, dans la ville de Proudhon, grand penseur anarchiste... les temps changent" a également précisé, en fin de conférence, l'un des membres composant l'assemblée.
Ce samedi, l'intersyndicale et les gilets jaunes n'ont pas l'intention de rester chez eux et défileront, probablement à Dijon, pour "des revendications simples et humaines".
Le ministre de l'Intérieur refuse de parler de violence policière
En déplacement dans les Hautes-Alpes mardi 2 avril, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a répondu à une question d'une journaliste de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur au sujet de la vidéo d'un manifestant gilet jaune bisontin frappé à la tête par un policier.
"Il n'y a pas d'images de violence policière. Il y a une scène ou un policier, dans l'action, à un moment d'une charge, a effectivement poussé quelqu'un. Quand les policiers sont chargés de dégager une manifestation, effectivement il y a des gestes qui peuvent se produire. Mais pour lever le doute, y compris parce que ce qui nous est rapporté, c'est que l'individu en question voulait se saisir d'une grenade à renvoyer sur les forces de l'ordre, j'ai demandé au préfet que l'IGPN soit saisie" avait déclaré le ministre (voir la vidéo).