Ce samedi 21 septembre, alors que Michel Barnier devrait annoncer la composition de son nouveau gouvernement, dans le Doubs, les Bisontins sont allés manifester pour montrer leur mécontentement. Une centaine de personnes sont venues dénoncer un "déni démocratique".
Après une première manifestation contre le gouvernement le 7 septembre dernier, le rendez-vous était donné pour un second mouvement de contestation pour dénoncer le "gouvernement Macron-Barnier", à l'appel de la France Insoumise, des écologistes et d'associations féministes, étudiantes et environnementales. Alors que Michel Barnier, le nouveau premier ministre d'Emmanuel Macron, devrait annoncer son gouvernement dans la soirée, une centaine de personnes ont battu le pavé à Besançon, bien moins que le rassemblement précédent.
Dénoncer un "déni démocratique"
Il est 15 heures lorsque les premiers manifestants commencent à s'approprier la place de la Révolution. Le rassemblement en soutien à la Palestine touche à sa fin, avant de laisser la place à la colère face au nouveau gouvernement. Au milieu, de la centaine de personnes, pancarte dans la main "Démocratos : le pouvoir au peuple, pas à Barnier", Amandine, 15 ans, est venue "défendre [ses] droits" et "essayer de sauver ce qui reste d'une démocratie en lambeau". "Ce n'est pas normal que notre nouveau premier ministre soit issu d'un parti extrêmement minoritaire à l'Assemblée nationale", assène la jeune femme. Pour elle, comme pour de nombreuses personnes présentes ce jour, la nomination de Michel Barnier (LR) représente "un manque de respect vis-à-vis du peuple et de ses voix", est le "cri d'agonie de notre République et d'une démocratie de plus en plus fragile".
Pour Roselyne, qui travaille avec Jean-Luc Mélenchon depuis 1969, c'en est trop. "Nous avons voté et ce sont les personnes qui ont eu le moins de représentations dans les élections qui sont nommées. Alors sortir dans la rue, c'est tout ce qu'il nous reste. Il faut défendre la démocratie. On a beaucoup de colère, ce n'est plus possible, vraiment plus possible", explique la retraitée. Séverine Véziès, ex-candidate NFP de la 1ʳᵉ circonscription du Doubs, insiste sur ce "déni de démocratie" : "c'est la force qui est arrivée en 4ᵉ position qui gouverne".
La peur de l'avenir
Amandine a peur. Peur pour son avenir, mais aussi pour la démocratie. "J'ai peur qu'elle disparaisse. Le tour qu'est en train de prendre la politique actuellement me terrifie. On est dans un contexte où le passé a été favorable à la montée des extrêmes", constate tristement la jeune fille.
J'ai peur pour moi, pour ma famille, pour mes concitoyens. Il y a trop de choses qui ne vont pas et trop peu de solutions proposées, que ce soit politiquement, socialement, écologiquement.
Amandine, manifestante anti-gouvernement
Mais elle assure une chose, elle continuera de se battre "dans le respect des lois, auxquelles [elle] croit encore malgré tout".
De son côté, Juliette, 17 ans, venue avec sa maman, partage cette même crainte. En plus de ne pas trouver "normal et démocratique" la nomination de Michel Barnier, qui "supporte le mariage pour tous et qui n'est pas très bien sur le plan écologique", elle aimerait que "la voix des électeurs soit plus respectée, qu'on accélère la transition écologique et qu'on mette en place des mesures sociales". "Les étudiants galèrent à se nourrir, Parcoursup est une aberration. On est en terminal, on flippe pour notre avenir", confie la lycéenne.
Le côté écologique aussi, on sait qu'il y a la sixième extinction de masse et le gouvernement n'en a rien à faire. Ça fait peur.
Juliette, jeune manifestante anti-gouvernement
Les jeunes ne sont pas les seuls à s'inquiéter. Roselyne a 78 ans, pour elle, malgré l'âge et les difficultés physiques qui vont avec, pas question de ne pas être sur le front.
Les retraités sont dans la merde comme c'est pas possible et quand on voit ce qu'annonce déjà M. Barnier et le bilan de M. Macron, ça permet d'avoir la motivation pour sortir dire "ça suffit".
Roselyne, 78 ans, lors de la manifestation anti-gouvernement
Rendez-vous le 1ᵉʳ octobre
Si les manifestants n'étaient pas au rendez-vous ce 21 septembre à Besançon, une soixantaine de rassemblements étaient annoncés en France, selon le site de LFI. Pour Séverine Véziès, la bataille continue et "il faut que l'on continue de se mobiliser, à être à l'écoute de ce qui continue de se passer et qu'on vienne en soutien à la bataille qui va continuer au sein des institutions avec la procédure de destitution". Elle assure que des motions de censures vont être déposées "contre ce gouvernement illégitime d'un point de vue démocratique et politique, qui va continuer à faire le contraire que ce que les Français ont dit au président le 7 juillet."
Le rendez-vous est donné le 1ᵉʳ octobre prochain par l'intersyndicale.