Le 29 septembre reste une date spéciale dans les esprits. Il y a 50 ans, environ 100 000 ont déambulé dans les rues de Besançon, en soutien aux ouvriers de l’usine horlogère LIP. Aujourd’hui, que reste-t-il dans l’esprit des Bisontins ?
Souvenirs de la plus grande manifestation jamais organisée dans la région Franche-Comté et l’apogée d’un mouvement social de grande ampleur qui a marqué l'histoire des luttes ouvrière, qu'en reste-t-il dans l’esprit des Bisontins ? C'est la question que nous avons posée à des habitants de la cité comtoise, âgés d'au moins 65 ans.
Pour André, LIP est une des grandes luttes sociales de la fin du 20ᵉ siècle. "C’est à la fois l’autogestion et la volonté de faire face au capitalisme et à la mondialisation. C’est aussi une grande solidarité", se souvient-il. Pour son ami, c’est "un grand conflit qui malheureusement n’a pas vraiment abouti", explique-t-il au micro de notre journaliste Jérémy Chevreuil. Cependant, selon lui, ce conflit a tout de même servi à faire évoluer les mentalités "avec notamment le refus de la soumission".
"Quand on est revenus, pas moyen de rentrer dans la rue ! "
Pour Josette, les images encore bien présentes. Elle s’en souvient comme si c’était hier, mais les souvenirs sont tristes lorsqu’elle pense aux employés. "On habitait dans la rue où il y avait tous les bus qui allaient chez LIP (de nombreux travailleurs venus de toute la France viennent soutenir les ouvriers de Palente, dans le secteur de Chateaufarine, ndlr), sourit-elle nerveusement en se remémorant cette période. Nous avions dû partir dans le Haut-Doubs, chez mes parents, parce qu’il y avait trop de problèmes. Quand on est revenus, pas moyen de rentrer dans la rue ! Les gens avaient peur, il y avait eu une explosion ce soir-là, ils courraient dans les appartements de chez nous".
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Des souvenirs amers
Pour un autre bisontin croisé plus loin, fils du comptable de Fred LIP, nous dit-il, le passé a un goût amer et la colère est toujours présente. "Ça fait partie d’une grande lignée, depuis le général De Gaulle, qui a tué le petit artisanat et la petite industrie locale aux bénéfices des grands groupes, sans tenir compte des effectifs humains. Je suis furieux après De Gaulle, il a foutu la France en l’air, avec ses idées de grandeurs de France glorieuse." Pour lui, l’entreprise LIP n’avait "aucune raison de fermer" et fonctionnait parfaitement.
Baptisée "La marche des 100 000", cette journée du 29 septembre 1973 restera un fait marquant, avec un incroyable cortège de 5 km de long, qui prend la direction du centre-ville, pour une marche d'environ 10 km (revoir les images d'archives de cet événement).