Une bonbonne sous pression a encore causé une explosion à l'usine d'incinération des déchets de Besançon (Doubs) jeudi 16 janvier 2025. L’incident n’a pas fait de blessés mais un agent était présent et a reçu des cendres chaudes. Le SYBERT, qui gère les lieux, tire la sonnette d'alarme et rappelle que les bouteilles de gaz n’ont rien à faire dans les poubelles.
Le pire a été évité. On l'apprend seulement aujourd'hui, Jeudi 16 janvier 2025, à 4h45 du matin, un récipient sous pression a explosé dans l’extracteur mâchefer de l’unité de valorisation énergétique (UVE) de Besançon, et mis en danger un agent, révèle le SYBERT, le syndicat mixte de sa région pour le traitement des déchets.
"Un agent de l’exploitation était malheureusement présent au moment de la déflagration et a reçu de fines projections de mâchefers chauds, indique un communiqué. Il n’a pas été blessé, mais la situation aurait pu prendre une tournure bien plus dramatique."
"Cela n'était jamais arrivé", assure à France 3 Franche-Comté Anthony Nappez, le vice-président du SYBERT en charge de la valorisation énergétique, qui ne cache pas sa colère.
Il y a toujours des risques quand on traite des déchets domestiques. Tout accident est toujours un traumatisme. Mais là, cela ne s'est pas passé dans le four mais à la sortie, sur le tapis. Et pour les agents, c'est inquiétant.
Anthony Nappez, vice-président du SYBERT.
"Une incivilité dangereuse"
"Jeter un récipient sous pression dans une poubelle, qu'elle soit jaune ou grise, est une incivilité dangereuse", rappelle pourtant le SYBERT. C'est d'abord une question de sécurité, on le voit, pour le personnel, et ce, tout au long de la chaîne de traitement des déchets, des camions-bennes jusqu'aux unités de traitement.
Mais c'est aussi un vrai risque pour les installations. Et qui a un prix. "Les explosions répétées dégradent prématurément les équipements jusqu'à les rendre inutilisables, et générant ainsi d'importants surcoûts, supportés par les collectivités et - par conséquent - les habitants."
Le SYBERT a décidé d'investir 2 millions d'euros pour rénover son four et c'est en grande partie dû à ces explosions. Elles endommagent les nombreuses briques réfractaires présentes à l'intérieur et il faut les changer à chaque fois.
Anthony Nappez, vice-président du SYBERT.
Une explosion tous les deux jours
Et le phénomène n'est pas nouveau. En décembre 2023, le SYBERT avait déjà tiré la sonnette d'alarme après de violentes explosions dans son four. Mais le message a visiblement du mal à passer chez les usagers : au moins 214 explosions ont encore été détectées dans les 12 derniers mois, soit pratiquement une tous les deux jours !
"Très majoritairement, ce sont des bouteilles de protoxyde d'azote qui sont trouvées en bout de chaîne", explique le SYBERT. Et c'est bien le problème. Car rien n'est prévu aujourd'hui pour leur traitement ou leur éventuel recyclage. Et lorsque ces cartouches sont tout de même récupérées par les collectivités territoriales, la facture grimpe très vite. Des surcoûts importants qui ne sont actuellement pris en charge par aucune filière de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), que ce soit celle des emballages ou celle des déchets dangereux.
Pour mémoire, depuis le 1 er janvier 2022 et l'adoption de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (AGEC), ce dispositif implique que les acteurs économiques sont responsables de l'ensemble du cycle de vie des produits qu'ils mettent sur le marché, de leur écoconception jusqu'à leur fin de vie.
Comme beaucoup d'autres, le SYBERT dit avoir aussi alerté les pouvoirs publics sur ces déchets "orphelins". De son côté, Jean-François Longeot, sénateur Horizons du Doubs avait même déposé une proposition de loi en juin dernier, visant à appliquer le principe "pollueur payeur" aux producteurs de bonbonnes de protoxyde d'azote. "Des déchets dangereux pouvant être à l’origine d’atteintes à l’environnement lorsqu’elles ne sont pas collectées ou traitées selon des méthodes appropriées", argumentait le parlementaire franc-comtois.
Les bons réflexes
En attendant, le SYBERT insiste sur les bons réflexes à adopter. Pour recycler sans risque une bouteille de gaz, il suffit ainsi de la déposer dans un point de vente (supermarché, station-service, chauffagiste...) qui distribue cette marque. Elle sera alors traitée selon les protocoles de sécurité en vigueur.
Comme l'indique L'ADEME, "si une bouteille de gaz est en bon état, elle sera de nouveau remplie et mise en service. Dans le cas contraire, elle sera soit réparée, soit broyée et le métal de la bouteille recyclé dans des installations sidérurgiques."
Les bouteilles d'hélium et les extincteurs sont également à rapporter chez un revendeur. Bref, leur place n'est ni dans les poubelles ni dans les déchèteries, insiste le SYBERT qui appelle "tout un chacun à faire preuve de responsabilité".
"La seule solution, c'est de faire de la pédagogie et de la prévention, reconnaît Anthony Nappez. Quand on fait du tri et qu'on essaie de valoriser des déchets, on compte sur le bon geste des citoyens : mettre les bons déchets dans les bonnes poubelles pour aller au bon endroit."
En espérant être enfin entendu. Le SYBERT couvre en effet un très large territoire de 165 communes, qui regroupent 224 186 habitants, environ la moitié de la population du département du Doubs !