Être harcelé(e) ou suivi(e), et se réfugier dans un espace sécurisé, un commerce par exemple. C’est le but du dispositif né en Grande-Bretagne. La ville de Besançon et le Centre d’information sur le droit des femmes et de la famille sont en train de mettre en place le dispositif. Explications.
Un simple macaron à repérer sur une vitrine. Et voici la victime prise en charge. Elle peut être une femme, comme un homme ou un enfant. Quel que soit son âge. En prononçant dans le commerce, la question "Où est Angela ?”, le commerçant va comprendre que la personne a besoin d’aide. Ce dispositif existe déjà dans plusieurs grandes villes de France comme à Nîmes, Rouen, Caen, Amiens ou Reims ou Saint-Brieuc.
“L’idée à Besançon, c’est que les commerçants adhérents au dispositif accueillent une personne pour la mettre en sécurité, la réconforter, et lui donner les numéros de téléphone de base, pour appeler les secours, ou un taxi. Les gens susceptibles d'être victimes de harcèlement pourront repérer le logo sur les vitrines. Cela aura un effet rassurant pour les victimes, et un effet dissuasif, je pense aussi à l'égard des harceleurs ou prédateurs” estime Didier Roulin, chef de service à la ville de Besançon en charge de la lutte contre la discrimination des femmes.
Au-delà des commerces, la mairie souhaite aussi travailler avec les professionnels du milieu de la nuit, et par quartier, explique Valérie Haller, conseillère municipale en charge des droits des femmes.
“Ce que nous attendons de ce dispositif, c’est que les citoyens s’en saisissent, ainsi que les commerçants. Pour nous, c’est vraiment une aide en cas de harcèlement de rue, ce dispositif fonctionne déjà ailleurs” précise-t-elle.
Des commerçants qui seront formés pour prendre en charge les victimes
À Besançon, le dispositif “Où est Angela ?” est en train de s’organiser. Avec l’union des commerçants, les délégations municipales au commerce, droits des femmes, et lutte contre les discriminations.
Les commerçants qui seront intéressés suivront une formation de deux heures. Xavier Racine, du pub Kilarney s’est porté volontaire pour faire partie du dispositif. “Je n’ai jamais eu de problème de harcèlement de rue, mais dans les établissements, on peut en avoir parfois à l’intérieur, cela nous arrive d’intervenir” dit-il.
Le petit autocollant du dispositif devrait arriver sur les vitrines bisontines dans les prochains mois. Objectif : être prêt le 25 novembre, journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. D’ici là, les commerçants, artisans, professionnels de santé volontaires se seront fait connaître. “Une trentaine de commerçants ont déjà répondu et sont intéressés. Pour le commerçant, c’est aussi une manière de se valoriser, se mettre en avant, et dire qu’il prend conscience de ce problème de société” précise Adrien Pourcelot, directeur de l'Union des commerçants de Besançon.
Protéger les femmes, mais pas seulement
À Besançon, la mise en place de ce dispositif peut surprendre. Mais la ville n’oublie pas qu’elle a été le théâtre de plusieurs agressions homophobes en 2018 dans le quartier Micaud, deux féminicides ont marqué les esprits encore récemment fin 2020 et début 2021 dans le quartier Battant. “Des jeunes femmes sont embêtées dans les transports en commun, Besançon n’échappe pas à cela, ce n’est pas une bulle, même si c’est une ville moyenne” rappelle Didier Roulin.
À terme, la municipalité espère que le dispositif “Où est Angela ?” sera opérationnel dans toute la ville, dans ses différents quartiers. “Le but est d’avoir le maximum de participants pour avoir une toile d’araignée tissée afin que les gens puissent se réfugier en sécurité” ajoute Didier Roulin.
Pour tout renseignement sur le futur dispositif "Où est Angela ?“ à Besançon :
Union des commerçants UCB au 03 81 82 88 88 ou didier.roulin@besancon.fr