Quoi mettre dans un titre pour expliquer une situation complexe ? L'association SolMiRé de Besançon critique l'absence de réaction du Département qui dit ne pas pouvoir prendre en charge immédiatement ce jeune homme arrivé en ville mardi 26 mai. Mais c'est plus compliqué que cela.

De lui et de son parcours, on ne sait encore rien. Juste qu'il aurait 16 ans, qu'il viendrait de Côte d'Ivoire et que nous l'appellerons O. Car, comme la grande majorité des migrants arrivants sur Besançon, la peur des représailles contre la famille restée au pays les empêche de trop se dévoiler.

Et pour l'instant, les membres de l'association SOLidarité MIgrants et REfugiés de Besançon n'ont pas réussi à en apprendre plus. 

"On ne pose pas trop ces questions-là au début - nous explique Quentin Pardonnet, le représentant de Solmiré - La plupart de ces jeunes hommes ont eu un parcours très compliqué, certains sont passés par la Lybie, ont connu des situations d'esclavage. Il faut attendre un peu pour une vraie discussion à visée thérapeutique."


On ne sait donc pas encore comment O. est arrivé sur Besançon. Les membres de Solmiré l'ont découvert ce mardi, discutant avec d'autres jeunes migrants déjà suivis par l'association. Et depuis, chaque appel au Département pour une mise à l'abris en attendant d'étudier son cas connaît une réponse négative.

"On appelle tous les jours. Et ils nous répondent toujours la même chose, à savoir qu'ils n'ont pas de place, que le Doubs n'a pas de frontière commune avec l'Italie pouvant justifier un nombre important de passages de migrants et qu'avec l'interdiction qui était toujours en cours de se déplacer à plus de 100 kilomètres, ce jeune homme n'a rien à faire là."

Derrière son téléphone, la chargée de l’enfance au conseil départemental du Doubs, Odile Faivre-Petitjean, rassure en disant que le jeune homme sera au plus vite pris en charge, certainement au milieu de la semaine prochaine. Pour elle, cette situation est exceptionnelle justement parce qu'il n' y avait aucune raison qu'il arrive à Besançon en ce moment.

"Le Doubs n'est pas un département d'arrivée de première intention pour les migrants. Nous n'avons pas de frontières communes avec l'Italie et l'Espagne.

Cela signifie que, malgré le confinement et les interdictions de déplacement de 100 kilomètres, ce jeune homme est arrivé récemment à Besançon. Et nos services d'accueil sont forcément saturés, car nous avons dû suspendre les évaluations de minorité pendant le confinement"
, explique t-elle. 


Actuellement, 54 jeunes sont en attente d'une évaluation de leur minorité, dans le Doubs. Des jeunes qui ont été confinés et dont les entretiens d'évaluation ont repris il y a quelques jours avec le déconfinement. 

Mais O. va donc devoir encore passer plusieurs nuits à la belle étoile. Ce vendredi matin, des policiers sont venus annoncer au jeune homme qu'il n'allait pas pouvoir continuer à camper sur la pelouse de la Gare d'Eau. L'association l'a donc déplacé et installé directement dans la cour de l'Aide Sociale à l'Enfance, à Besançon.

Une situation qui n'est évidement pas idéale pour les membres de l'association. Les bénévoles s'occupent déjà d'autres migrants, des jeunes hommes déclarés majeurs et donc expulsables, en montant des dossiers de recours.

De son côté, le département du Doubs se dit engagé dans l'accompagnement des mineurs isolés. D'après Odile Faivre Petitjean, "la collectivité suit plus de 1 500 mineurs, dont plus de 370 mineurs non accompagnés (un chiffre qui a triplé en trois ans) et le budget dédié à l'accueil des Mineurs Isolés aura été augmenté de 80% en deux ans pour être de l'ordre de près de 10 millions d'euros."

Avec la fin du déconfinement, d'autres cas tel que celui de O. pourraient bien apparaître.  On l'écrivait au début: cette histoire est compliquée.

 
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