L'association Semons l'espoir organise des ascensions sur les plus hauts sommets du monde à destination des personnes en rémission d'un cancer. Le 26 mai 2024, elle a battu son record d'altitude, faisant atteindre à Najma Monnier, Bisontine de 43 ans en rémission, le sommet d'une montagne à 6 088 mètres en Bolivie.
Il y a une vie après le cancer. C'est le message que veut porter l'association Semons l'espoir, basée en Franche-Comté. Elle organise des randonnées sur les plus hauts sommets du monde à destination des personnes en rémission d'un cancer.
Le 26 mai, Semons l'espoir a battu son record d'altitude, faisant atteindre à Najma Monnier, Bisontine de 43 ans en rémission depuis 2022, le sommet de la montagne Huayna Potosí, en Bolivie, qui culmine à 6 088 mètres. Elle était accompagnée par quatre Mexicains survivants du cancer, amenés dans l'aventure par Cimas de la Esperanza, une association partenaire au Mexique. C'est la plus haute altitude jamais atteinte par un bénéficiaire de l'association, créée à Besançon en 1998.
14 heures d'effort
Najma Monnier, qui travaille comme employée de banque, a vaincu un cancer du sein il y a deux ans, après une année de traitement. Avec les quatre grimpeurs mexicains et leurs guides, elle s'est élancée le 17 mai d'une altitude de 4 600 mètres. Le groupe de onze personnes, dont cinq anciens malades, a "affronté une ascension nocturne de plus de huit heures, totalisant 14 heures d'effort ininterrompu en une seule journée. Pendant la montée, les survivants ont dû surmonter des rampes avec des inclinaisons supérieures à 70 degrés", décrit Semons l'espoir. "Ils ont supporté des températures en dessous de zéro (...), défiant leur résistance physique et mentale", fait aussi savoir l'association.
"Le plus dur a été l'altitude et la condition physique", témoigne Najma Monnier, qui n'était pas une habituée des randonnées en haute montagne avant sa maladie. "Mais tout est organisé, pour qu'on soit encadrés le mieux possible par des guides de montagne". Au final, elle retient donc surtout "le partage et l'humanité" au sein du groupe. Pour Mathieu Dornier, membre de l'association et fils de son fondateur, qui a accompagné le groupe au sommet, le meilleur souvenir restera l'arrivée en haut de la montagne de la plus jeune membre du groupe, une adolescente mexicaine, les larmes aux yeux.
Avant de commencer l'ascension, les anciens malades ont rendu visite à des enfants qui subissent actuellement des traitements contre le cancer en Bolivie. "Ces gamins voient ce qu'on fait, et savent que dans quelques années, il y aura des opportunités pour eux", lance Mathieu Dornier.
"Pour l'avoir vécu, je peux vous dire que, quand on est dans le traitement de chimiothérapie, qu'on est au fond du trou, qu'on ne sait pas si on va pouvoir recommencer à courir un jour, voir quelque chose comme ça, ça donne de l'espoir", confie Najma Monnier.
Traiter les séquelles psychologiques
Et l'association est déterminée à lever toutes les barrières dans son accompagnement : parmi les grimpeurs mexicains de l'expédition en Bolivie, deux étaient unijambistes, ayant perdu une jambe à la suite d'un cancer des os.
"Après le cancer, on dit souvent aux gens de retrouver une vie normale, mais il y a beaucoup de séquelles psychologiques", avance Mathieu Dornier. Son association finance donc des psychothérapies auprès des personnes en rémission. Durant le séjour en Bolivie, le groupe de survivants franco-mexicains a porté ce message lors d'une intervention à l'université, devant des étudiants en master de psychologie.
Semons l'espoir est aussi à l'origine de la création d'une maison des parents, installée à proximité du CHU de Besançon. L'association prépare déjà ses prochaines expéditions, main dans la main avec son partenaire mexicain. Mathieu Dornier espère bientôt vaincre un nouveau record en dépassant les 7 000 mètres d'altitude avec les prochains bénéficiaires.